Le compromis de Bruxelles satisfait les Français mais inquiète les Allemands
Une nette majorité de Français approuvent Jacques Chirac et le compromis du sommet européen de Bruxelles. En Allemagne, l'opinion est beaucoup plus partagée.
Le bilan du sommet européen de Bruxelles est satisfaisant pour l'opinion française, beaucoup moins pour l'opinion allemande, selon une enquête Ipsos-le Figaro. On se souvient que cette réunion fut dominée, le week-end du 1er mai, par un bras en fer entre Jacques Chirac et Helmut Kohl au sujet de la présidence de la future Banque centrale européenne. Le compromis trouvé, qui prévoit officieusement que le candidat des Allemands, le Hollandais Wim Duisenberg, laisse la place à celui de Français, Jean-Claude Trichet, en 2002, est plus apprécié à l'Ouest qu'à l'Est du Rhin.
En France, une nette majorité (57%) de personnes interrogées estiment ce compromis "bon pour l'avenir de la construction européenne". Une opinion particulièrement répandue chez les personnes de haut niveau d'études et de revenus élevés, les catégories habituellement les plus favorables à la construction européenne. Le bilan du sommet Bruxelles est vu le plus positivement par les électeurs de la droite et de la gauche modérées.
L'opinion allemande est beaucoup plus clivée sur la question. Les Allemands interrogés se partagent presque équitablement entre ceux qui jugent ce compromis difficilement élaboré "mauvais pour la construction européenne" (39%) et ceux qui l'estiment bon (38%). Les hommes, les personnes de plus de 35 ans et les cadres sont les plus critiques. Le bilan d'Amsterdam est, outre-Rhin, plus contesté par les personnes qui ont poursuivi de longues études, par les détenteurs d'actifs financiers et par les bénéficiaires de revenus élevés. Ce qui a pu apparaître comme une concession accordée à contrecœur par ses partenaires à la France est vu avec méfiance par les milieux favorisés allemands.
Les réactions des deux opinions nationales à l'action de leurs dirigeants respectifs sont tout aussi contrastées. En France, un large consensus soutient l'obstination chiraquienne à défendre Jean-Claude Trichet. En dépit des critiques virulentes d'une large partie de la presse hexagonale, l'action du président de la République est "approuvée" dans toutes les catégories socioprofessionnelles. Le président de cohabitation qui défend vigoureusement les intérêts nationaux est également apprécié par les électeurs de toutes tendance politiques, à l'exception des communistes.
Alors que l'Allemagne vit dans un climat de pré-campagne électorale, dans la perspective des législatives de septembre, la perception de l'action d'Helmut Kohl est influencée par son appartenance au camp démocrate-chrétien. Globalement, à peu près nombreux (46% et 45%) sont ceux qui l'approuvent ou le désapprouvent dans cette affaire. Une appréciation qui est d'abord affaire de sympathie partisane: 64% des électeurs de la CDU se disent en accord avec le chancelier fédéral contre seulement 35% de ceux du parti social-démocrate. Gerhard Schröder, qui a pris la tête du combat du SPD pour la reconquête du pouvoir, a récemment critiqué la gestion, par Kohl, de l'affaire de la Banque centrale européenne. La question européenne sera sans doute un des principaux thèmes de polémique des élections allemandes du 27 septembre.