Le contrecoup de la montée du non

Les sondages d'intentions de vote pour le référendum sur la Constitution européenne, jusque là favorables au oui, ont constamment montré, depuis la mi-mars, que le non était en tête. Ce retournement de tendance a été également accompagné (notamment la semaine dernière), d'un renforcement de la dynamique du non, plus particulièrement auprès de l'électorat de gauche. Dans le sillage de cette progression du vote négatif, le baromètre de l'action politique Ipsos-Le Point fait apparaître en avril une baisse de la popularité des principaux partisans du oui, notamment auprès des sympathisants de gauche : c'est le cas du président de la République et de son Premier ministre, mais également du Parti socialiste et de son secrétaire général, François Hollande.

Auteur(s)
  • Stéphane Zumsteeg Directeur du Département Opinion et Recherche Sociale, Public Affairs
Get in touch

La cote de popularité du chef de l'Etat en baisse

Epargné le mois dernier, Jacques Chirac voit ce mois ci son impopularité progresser. En effet, même si presque autant de Français se déclarent favorables à son action que le mois passé (48%, -1 point), ils sont à présent 49% à la juger défavorablement, contre 44% en mars. Son solde de popularité (différence entre les opinions favorables et défavorables) est à présent négatif, à -1 point. Depuis le second semestre 1997, ce solde n'avait pourtant été négatif qu'à deux reprises, la première en mars/avril 2002, à la fin de la campagne pour l'élection présidentielle, et la seconde en mars/avril 2004, au moment de la défaite de la droite aux Régionales.

Les jugements défavorables à l'égard de Jacques Chirac augmentent surtout auprès des catégories au sein desquelles le non a le plus progressé ces dernières semaines : sympathisants socialistes (+6 points), sympathisants d'extrême droite (+8 points) et sympathisants Verts (+10 points).


Une nouvelle dégradation de l'image de Jean-Pierre Raffarin

Le mois dernier, la popularité du Premier ministre avait atteint son niveau le plus bas depuis son arrivée à Matignon (32% de bonnes opinions). La vague d'avril confirme la détérioration constatée en mars. Si les opinions favorables augmentent de 1 point en avril (33%), les jugements défavorables progressent quant à eux de 2 points (65%). Le solde de popularité de Jean-Pierre Raffarin est à présent de -32 points. On est certes encore loin du record pour un Premier ministre depuis le début du baromètre (-52 points pour Alain Juppé en novembre 1996), mais il s'agit là du score le plus bas enregistré par Jean-Pierre Raffarin depuis sa nomination.

Les éléments expliquant ce résultat sont multiples. L'impopularité du Premier ministre reste très élevée, parmi les sympathisants de gauche (82% d'opinions défavorables). Sa popularité enregistre en outre ce mois-ci une forte baisse auprès des personnes proches de l'UDF : 46% de jugements favorables (-8 points), contre 52% d'avis défavorables. Depuis janvier 2005, Jean-Pierre Raffarin a ainsi perdu 20 points d'opinions positives parmi les personnes proches de l'UDF. En outre, seulement 66% des sympathisants UMP déclarent aujourd'hui avoir de lui une opinion favorable, contre près d'un tiers (31%) qui en ont une image défavorable.

Le Premier ministre est également de moins en moins populaire auprès des plus jeunes (73% de jugements défavorables pour les moins de 35 ans, soit une hausse de 7 points, et +15 points par rapport à décembre 2004). Il enregistre parallèlement une augmentation de son impopularité auprès des catégories populaires : 78% de jugements défavorables chez les employés (soit 7 points de plus qu'en mars, et 19 points de plus qu'en janvier 2005), et 70% d'opinions défavorables parmi les personnes vivant dans un foyer dont le revenu mensuel net est inférieur à 1000 euros.


La montée du non dessert également les cotes de popularité de François Hollande et du PS

Autre enseignement de ce baromètre, l'image de François Hollande pâtit de la progression du non de gauche dans les intentions de vote. Le chef du Parti socialiste voit en effet sa cote de popularité orientée à la baisse dans son propre camp : il perd 8 points auprès des sympathisants de gauche (58% d'opinions favorables), dont 2 points parmi les personnes proches du Parti socialiste, signe que la campagne d'explication mise en place par la direction du PS en faveur du oui peine à trouver ses marques.

De la même manière, l'image du Parti socialiste se dégrade auprès des personnes proches de la gauche parlementaire (74% de jugements favorables, - 8 points par rapport à mars), dont 5 points auprès des personnes proches du PS. Il faut remonter à février 2004 pour retrouver une popularité aussi basse du Parti socialiste chez les sympathisants de gauche.


Les autres baisses au sein de la majorité

A droite, la cote de popularité de François Fillon se stabilise à un niveau peu élevé (33% d'avis favorables, un chiffre identique à celui de mars). Depuis le début du mouvement lycéen, le solde d'opinion du ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche est négatif (-15 points). Il est à présent particulièrement impopulaire parmi les moins de 35 ans (solde de popularité de -24 points, soit une perte de 23 points par rapport au mois de janvier).

Alors qu'ils avaient été épargnés le mois dernier par la grogne sociale à l'encontre des membres du gouvernement, les deux ministres en possession de portefeuilles sociaux subissent le contrecoup de la morosité ambiante, et particulièrement parmi les sympathisants de droite : le ministre de l'Emploi, du Travail et de la Cohésion sociale Jean-Louis Borloo perd 3 points auprès de l'ensemble des Français (48% d'opinions favorables, -3 points), et 7 points parmi les personnes proches de la droite (64% de jugements favorables). De son côté, Philippe Douste-Blazy, ministre des Solidarités, de la Santé et de la Famille voit lui aussi sa popularité décroître (43% d'opinions favorables, -3 points, et 63% parmi les sympathisants de droite, -8 points).

De son côté, Nicolas Sarkozy regagne 2 points (58% d'opinions favorables), et est toujours la personnalité la plus populaire chez les personnes proches de la droite parlementaire (87%, stable). Toutefois, l'UMP (elle aussi favorable au oui) perd 2 points ce mois-ci (44% d'opinions favorables), enregistrant un solde de popularité de -3 points. C'est la première fois, depuis que Nicolas Sarkozy en a pris la présidence en novembre 2004, que le solde de popularité de l'UMP devient négatif.


Fiche technique :

Popularité de l'exécutif
Palmarès des leaders politiques
Palmarès des partis politiques

Auteur(s)
  • Stéphane Zumsteeg Directeur du Département Opinion et Recherche Sociale, Public Affairs

Société