Le fossé entre internautes et non-internautes se creuse
Aujourd'hui, 31% des Français surfent au moins une fois par moi sur internet depuis leur domicile, un sur cinq depuis leur lieu de travail, pour au total 40% de Français connectés, dont la moitié d'utilisateurs quotidiens. Malgré la progression du nombre d'internautes, cette population demeure assez typée : plutôt masculine, jeune, appartenant aux catégories socioprofessionnelles supérieures, et concentrée dans les grandes agglomérations.
Au lieu de se combler, la "fracture numérique" aurait en fait plutôt tendance à s'amplifier : alors que d'un côté le haut débit gagne du terrain – 40% des accès professionnels et 14% des accès domicile utilisent le haut débit – les intentions d'accès à la toile laissent apparaîtrent un noyau dur de "résistants" chez les non-internautes. Les trois-quarts des Français non encore équipés n'ont pas l'intention de le faire, contre seulement un quart qui y pense, surtout chez les jeunes et dans les foyers aisés. On est donc loin d'une tendance à la démocratisation, les strates les moins équipées de la population étant aussi les moins motivées pour le faire. Même à plus long terme, les Français sont dubitatifs : 39% pensent que "dans dix ans, tout le monde utilisera internet", contre 42% qui prédisent que la toile sera toujours réservée à "une partie de la population". Les non-internautes ne voient en fait pas trop en quoi la toile pourrait leur être utile (38% citent l'inutilité comme principal inconvénient d'internet, devant le coût d'équipement, 15%). Pour leur part, les internautes identifient plutôt comme principaux inconvénients "les coûts d'abonnement et de communication" (21%), et la "lenteur des connexions" (19%).
Pour l'ensemble des Français, internet est avant tout "une vaste source d'information" (38% de citations), et "un moyen de communication et d'échanges" (30%). Mais les internautes ont constaté que la toile est bien plus qu'une vaste bibliothèque. L'arrivée du net dans la sphère privée comme professionnelle a en effet profondément modifié leur quotidien. Relevons par exemple la place qu'ont pris mails et autres chats pour les surfeurs : les trois quarts des internautes reconnaissent qu'internet a modifié "leur façon de communiquer avec leurs proches", "beaucoup" (24%), "moyennement" (30%) voire "un peu" (22%). Dans le même temps seulement un non-internaute sur trois est convaincu de l'influence potentielle du net sur ce type d'échanges. Même révolution dans le monde du travail : l'arrivée d'internet aurait modifié la façon de travailler de trois internautes sur quatre, quand seulement 26% des non-internautes jugent cela possible. A un degré moindre, plus de la moitié des internautes déclarent avoir modifiés leurs comportements d'achats, alors que près de 80% des non-internautes ne croient pas au commerce en ligne.
Malgré ces clivages, difficile aujourd'hui d'imaginer ou s'arrêtera à l'avenir l'influence du net. Déjà, un peu plus d'un internaute sur deux, et 28% des non-internautes, seraient prêts à voter en ligne s'ils en avaient la possibilité. Quel que soit le résultat de ce vote encore virtuel, internautes comme non-internautes sont une large majorité à espérer que l'Etat consacre à l'avenir davantage de budget pour le développement d'internet en France, en baissant le coût des communications ou en développant l'accès dans toutes les régions de France.