Le Front National séduit un électorat de plus en plus large
Dans une interview accordée à Europe 1 que nous reproduisons, Brice Teinturier, directeur général délégué d'Ipsos France, revient sur la progression du parti de Marine Le Pen, confirmée au premier tour des élections cantonales dimanche soir.
Comment analysez-vous la volonté des électeurs de voter pour le Front National ?
Elle traduit le climat ambiant, de profonde défiance vis-à-vis du personnel politique, parfois même de colère. Ce climat a nourri aussi bien l’abstention élevée – un record pour des élections cantonales - que la poussée du Front National.
Comment expliquez-vous le manque de confiance dans la classe politique ?
Il y a deux leviers principaux à ce profond mécontentement : D'abord le manque de résultats – notamment en matière d'emploi et de pouvoir d'achat, doublé d'un doute sur la véracité des statistiques : la crise rend les pouvoirs illégitimes, quels qu’ils soient. Le deuxième levier de mécontentement est le manque d’exemplarité de la classe politique, le sentiment qu’elle vit "autrement".
Quelles sont les motivations des électeurs du FN ?
Les électeurs du Front National affichent une plus grande sensibilité aux questions de l’Islam, de l’immigration et de l’insécurité. Mais comme dans tous les autres électorats, la problématique économique et sociale est extrêmement prégnante : les sujets "impôts et les taxes" et "hausse des prix" ont d'ailleurs été cités en premiers dans les déterminants du vote, juste avant le chômage, en troisième position.