Le livre sera-t-il numérique ?

Musique, cinéma, photographie : la révolution numérique a déjà bouleversé de nombreuses pratiques. Le livre semble encore à l’écart, mais pour combien de temps ? Au moment du lancement de l’iPad en France, Ipsos MediaCT publie les résultats d’une vaste étude sur les perspectives du livre numérique, commanditée par le Centre National du Livre.

Près d’un Français sur deux a déjà entendu parler du livre numérique, et le considère d’abord comme un contenu, avant d’être un support. Son essor se joue autour de trois enjeux : l’accès (l’offre éditoriale est potentiellement infinie, mais aujourd’hui limitée et méconnue), l’objet (le support de lecture doit être pratique, confortable et polyvalent), et la valeur. Les Français attendent un prix inférieur de 40% à celui du livre papier, sans perdre pour autant le droit d’en conserver et d’en partager le contenu.

Le public actuel du livre numérique est encore très réduit : 5% des Français, et seulement 0.25% utilisant un terminal dédié. S’il privilégie plutôt des contenus récents, professionnels ou pratiques, le public potentiel, beaucoup plus large (30% des Français), se dit également prêt à lire des romans.

La numérisation du livre parait irréversible, mais ce mouvement sera probablement moins brutal que dans d’autres industries culturelles, pour deux raisons. Ecouter de la musique ou voir un film s’effectuent sans contact avec le support physique, au contraire de la lecture, encore intimement liée à l’objet livre. L’attachement au contenant est fort, l’affranchissement du contenu prendra donc plus de temps. Par ailleurs, le public captif de la musique et du cinéma recouvre celui de l’internet. En revanche, le grand lecteur de livre est sensiblement moins jeune et moins technophile. Il n’est pas - encore - un digital native.

Bruno Schmutz
Directeur Général - Ipsos MediaCT
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5 millions de livres vendus sur Internet

Depuis le début de l’année, 4,7 millions de livres neufs ont été vendus sur Internet, soit 7% des volumes de livres vendus en France métropolitaine. Le poids des ventes en ligne est particulièrement important parmi les ouvrages de sciences humaines et les ouvrages techniques (un sur cinq).

En littérature générale, la vente en ligne concerne surtout la Science Fiction et le Fantasy (14% des volumes vendus). Internet offre la possibilité à un public de fans de précommander le dernier volume de leur série préférée et de se procurer des ouvrages souvent absents des rayons.

Pour les livres pratiques (10% en ligne), le segment porteur est la santé/bien-être (15%), et plus particulièrement la sexualité (15%). Plus surprenant, Internet représente 9% des ventes de beaux livres : une bonne performance à mettre en relation avec la diminution du linéaire alloué par les enseignes.

Emmanuelle Godard 
Directrice de Clientèle - Pôle Culture -
Ipsos MediaCT 
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