Le loyer, cher mais supportable
Les locataires français reversent presqu'un quart de leur revenu à leur propriétaire. Pourtant, cela ne constitue pas un point de friction entre eux et leurs bailleurs. Ci-dessous, les principaux enseignements de l’enquête Ipsos réalisée pour le réseau immobilier Orpi.
Contrairement à certaines idées reçues, les relations entre locataires et propriétaires (bailleurs personnes physiques) sont bonnes voire très bonnes. Tel est l’avis aujourd’hui partagé aussi bien par les locataires que par les propriétaires. Les premiers sont 92% à juger bonne leur relation avec leur propriétaire (seuls 8% pensent le contraire), les bailleurs se prononçant à 96% dans le même sens.
Bonne voire très bonne, cette relation n’est pas pour autant toujours idyllique. Comme souvent dans les relations durables et à caractère pécuniaire, certains points de désaccord voient le jour. Ainsi, 45% des locataires et 24% des propriétaires déclarent avoir déjà été en désaccord avec l’autre partie. Il reste que pour la majorité (55% des locataires et 76% des bailleurs), cela ne s’est jamais produit.
« L’état, l’entretien, les travaux dans le logement » est le motif de mésentente le plus cité (36% des locataires et 14% des propriétaires) loin devant « le montant et l’évolution des charges » (respectivement, 9% et 2%). Quant au « niveau et l’évolution du loyer », il n’apparaît que très rarement comme une source de désaccord : seulement 7% des locataires y font référence, les bailleurs ne mentionnant pas ce point.
D’ailleurs, la majorité des locataires Français (56%) considère que son loyer actuel est élevé mais supportable, moins d’un quart estimant qu’il est excessif (23%) ou au contraire peu élevé (21%). L’avis majoritaire est partagé par la quasi-totalité des sous-catégories de population, y compris par les personnes résidant dans les grandes agglomérations. A titre d’exemple, plus d’un locataire de l’agglomération parisienne sur deux (56%) juge son loyer actuel « élevé mais supportable », contre 28% qui le trouvent « excessif » et 16% « pas élevé ».
L’encadrement des loyers prévu pour les grandes agglomérations par le projet de loi ALUR reçoit un accueil mitigé. Les locataires estiment à une courte majorité (52%, dont 47% pour la région parisienne) que cette mesure apportera quelque chose de positif à leur situation, un tiers (33%) citant « l’assurance de payer son logement au juste prix » et 13% « une baisse potentielle des loyers du type de biens qui les intéresse ». Pour les propriétaires, davantage critiques, le projet se traduira avant tout par une « perte de liberté » (20%), une « perte de rentabilité » (11%) ou encore « le retrait du bien du marché locatif (11%). 19% d’entre eux y voient à l’inverse « un repère auquel se référer pour fixer le montant de leur loyer ».
Deuxième mesure phare du projet ALUR, la Garantie universelle des loyers (GUL) ne suscite pas de réel enthousiasme. Les locataires se montrent ici très partagés, seulement 20% d’entre eux estimant qu’il s’agira pour eux avant tout d’une « sécurité supplémentaire en cas de coups durs » et 12% que la GUL sera « un recours en cas de litige avec leur propriétaire ». Au contraire, les répondants mettent davantage en avant « le coût supplémentaire non négligeable dans leur budget » (36%), un tiers (32%) considérant que la GUL ne changera rien à leur situation. Quant aux bailleurs, ils redoutent eux aussi « le coût supplémentaire dans leur budget » (33%) ou encore qu’il s’agisse d’un motif invoqué par le locataire pour ne pas payer le loyer (15%), 18% y voyant à l’inverse une garantie renforcée face aux risque d’impayés par rapport aux garanties existantes ».
Fiche technique :
Enquête réalisée par Ipsos pour le compte d’ORPI, du 14 au 19 novembre, via l’Access Panel d’Ipsos. Echantillon de 606 locataires et bailleurs personnes physiques. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas : sexe, âge, profession de la personne de référence du foyer, région et catégorie d’agglomération pour les locataires; âge, profession de la personne de référence du foyer et catégorie d’agglomération pour les bailleurs personnes physiques.