Le monde funéraire n’est plus tabou
L’idée de préparer ses obsèques avec les professionnels du monde funéraire n’est plus considérée comme tabou, selon une enquête Ipsos commandée par la Fédération française des pompes funèbres (FFPF). Mais le désir d’innovation demeure limité dans ce domaine marqué par les traditions.
Près des deux tiers des Français (60%) déclarent qu’ils ne seraient pas choqués si des professionnels du monde funéraire leur proposaient de les informer plus souvent et ouvertement sur les façons de préparer des obsèques et d’honorer le souvenir de leurs défunts. Un tiers se dit même " pas du tout choqué " si on les approchait dans le cadre d’une telle démarche. Les plus jeunes des personnes interrogées ont tendance à se déclarer moins choquées que les autres : 66% chez les moins de 35 ans. De plus, la réticence face au sujet diminue lorsque le niveau de revenus des interviewés augmente.
Il reste qu’un peu plus d’un tiers (37%) des personnes interrogées déclare qu’elles seraient au contraire choquées par de telles initiatives venant d’entreprises privées. C’est parmi les aînés – a priori les premiers concernés - que les réticences sont les plus fortes, notamment les chez retraités et les personnes de plus de 70 ans, nettement partagées sur cette question : 48% seraient " choquées " contre 43% qui ne le seraient pas.
L’art funéraire peut-il être modernisé ? Cette enquête montre que les Français sont disposés à accueillir favorablement certaines évolutions, mais sans bouleversements. D’importantes majorités de personnes interrogées se déclarent pour la série suivante de transformations dans le domaine de l’aménagement des cimetières et l’art funéraire :
Des cimetières dans lesquels les monuments funéraires seraient moins présents au profit des espaces verts (78%). Les moins de 35 ans, les urbains et les personnes aux revenus élevés sont particulièrement intéressées par ce type d’évolutions.
Des cimetières où l’on puisse s’exprimer librement sur le choix, l’aménagement, la conception de la tombe et de l’environnement dans lequel elle se trouve (71%). Les femmes, les moins de 35 ans et les employés et ouvriers sont plus favorables à cette idée que les autres catégories.
Aller plus loin suscite moins d’enthousiasme. Si plus de la moitié des interviewés (58%) juge encore de manière positive l’idée d’utiliser des formes, des couleurs et des matériaux nouveaux pour la construction de tombes et de monuments funéraires, on retrouve sur cette question les réticences des personnes les plus âgées : 41% des 60-69 ans (contre 48%) et 44% des 70 ans et plus (contre 36%) pensent que ce serait plutôt une mauvaise chose.
Les innovations proposées doivent, à l’évidence, ne pas dépasser un certain niveau. Ainsi, l’existence dans les cimetières d’un lieu où les proches pourraient visionner des cassettes vidéo consacrées au défunt, n’est considérée comme une bonne chose que par moins d’un Français sur dix (8%) tandis que la création de cimetières privés ou confessionnels ne recueille l’assentiment que de 16% des personnes interrogées. Le domaine funéraire ne saurait échapper aux traditions.