Le moral des consommateurs européens toujours aussi bas
Des consommateurs européens dans l'expectative
Après avoir enregistré sa plus forte baisse en novembre dernier, l'indice européen de la consommation, qui synthétise l'ensemble des indicateurs de consommation traditionnels (confiance économique, envie de consommer, capacité à épargner), se stabilise. Il stagne à son plus bas niveau depuis décembre 1996, après une chute régulière amorcée en novembre 2001, qui s'était brusquement accélérée en novembre dernier. Si cette stabilité est principalement due au maintien du potentiel et des intentions de consommation, la confiance des consommateurs continue à se dégrader et touche aujourd'hui l'ensemble des catégories de population.
Une crise de confiance qui touche désormais l'ensemble des catégories de la population
L'opinion des consommateurs sur l'évolution de la situation macro-économique continue à se dégrader : 62% (+5 points) des Européens déclarent aujourd'hui se sentir pessimistes quand ils pensent à la situation économique de leur pays et seuls 34% (-7 points) demeurent optimistes. Le moral micro-économique est également à son plus bas niveau depuis la création du baromètre, même s'il se stabilise : 50% des consommateurs européens envisagent l'évolution de leur niveau de vie et de leur pouvoir d'achat avec optimisme, contre 46% (- 1 point) avec pessimisme.
La confiance des consommateurs continue à se dégrader au sein de l'ensemble des catégories de population. On notera néanmoins qu'au cours de cette vague, elle se détériore particulièrement auprès des plus jeunes (40% se déclarent optimistes dans l'évolution de l'économie de leur pays, - 10 points). Ces derniers, qui restaient jusqu'à présent plus optimistes que la moyenne, sont ainsi gagnés par le pessimisme de leurs aînés. Autre catégorie très touchée par l'effondrement de la confiance : les cadres supérieurs, catégorie traditionnellement très sensible au contexte international. Seuls 32% (-16 points) d'entre eux sont encore optimistes quand ils pensent à l'évolution de la situation macro-économique.
Un repli général sur l'épargne, en dépit d'une faible pression financière
Conséquence d'une épargne accrue depuis mai 2002 ou besoin de se rassurer, les Européens déclarent plus que jamais avoir les moyens de dépenser : c'est le cas de 41% d'entre eux (+ 3 points), taux record depuis la création du baromètre. En outre, les enquêtés déclarent des sommes d'argent mobilisables à court terme en hausse : 24% (+ 3 points) disposent ainsi de plus de 7 650 Euros de réserve.
Loin d'appeler à la consommation, le sentiment d'avoir les moyens de dépenser se juxtapose à un repli sur l'épargne persistant : ainsi, en cas d'une augmentation hypothétique de revenus, 61% (sans changement) des consommateurs mettraient avant tout cet argent de côté vs 35% (-1 point) souhaitant dépenser plus. Plus que jamais cette volonté d'épargne s'oriente en priorité pour faire face à des imprévus (37%, - 2 points) ou anticiper les besoins à venir de leur famille (25%, + 2 points), l'épargne pour des dépenses à court terme étant en retrait (20%, -1 points), à son plus bas niveau depuis la création du baromètre.
En outre, les enquêtés témoignent d'une faible envie de dépenser, à son plus bas niveau depuis la création du baromètre : 27% (+ 3 points) des Européens déclarent avoir les moyens de dépenser mais ne pas en avoir envie. Indépendamment de leur situation financière, 59% seulement des Européens déclarent avoir envie de dépenser, alors qu'ils étaient encore 67% dans ce cas en mai 2002.
Le moral en berne des Européens les conduit donc à adopter des comportements de prudence et de repli dans la gestion de leurs économies. Seul signe encourageant pour la consommation, les intentions d'achat restent stables par rapport à février 2002.
La Grande-Bretagne en situation de repli
Il y a un an, on observait de forts contrastes entre les grands pays européens, les consommateurs français, espagnols et surtout britanniques exprimant une forte confiance tandis que les Allemands et les Italiens témoignaient d'une situation beaucoup plus morose. Aujourd'hui, les Européens présentent des perceptions de plus en plus proches, notamment en terme de confiance macro et micro-économiques.
Cette homogénéisation des perceptions découle avant tout de la forte détérioration du moral des Britanniques au cours de cette vague. Avec 46%, (- 8 points) d'optimistes dans l'évolution de la situation économique du pays, la Grande-Bretagne conserve de très peu son leadership sur cet indicateur, qui atteint son plus bas niveau depuis décembre 1996. Parallèlement, les Britanniques ont également de moins en moins confiance dans l'évolution de leur niveau de vie puisque 55% (- 8 points) seulement déclarent aujourd'hui se sentir optimistes sur ce point. Pour la première fois depuis mai 2001, la Grande- Bretagne cède la première place sur cet indicateur, au profit de l'Espagne.
L'Allemagne, l'Italie et la France sont dans une situation intermédiaire. Déjà durement touchés par le pessimisme en novembre dernier, ces pays sont aujourd'hui emblématiques de l'expectative dans laquelle se trouvent les consommateurs européens : ils présentent tous trois une confiance macro-économique en baisse continue, une envie de consommer en retrait mais un bon maintien, voire une augmentation, du potentiel de consommation.
Les Espagnols enfin, qui bénéficient peut-être d'un contexte électoral favorable, se différencient légèrement du paysage économique européen . Si leur confiance dans l'évolution économique du pays est, comme partout en Europe, en retrait (44% d'optimistes, - 5 points), ils sont aujourd'hui les plus optimistes dans l'évolution de leur niveau de vie (57% d'optimistes, + 1 point). Surtout, ce sont les seuls Européens à témoigner d'une envie de consommer en hausse : 42% (+ 3 points) déclarent avoir envie de dépenser, qu'ils en aient ou non les moyens. Ce dernier point est cependant à nuancer par le fait que, même en hausse, l'envie de dépenser des Espagnols reste bien en retrait de celle observée en France (69%, - 3 points) ou en Italie (71%, - 3 points).
L'Euro : une date anniversaire qui ne galvanise pas l'opinion des consommateurs
Dans ce contexte de consommation atypique, l'anniversaire de l'Euro semble bien loin des préoccupations des Européens et la perception de la monnaie unique reste toujours déficitaire : 54%, (- 2 points) des consommateurs continuer à penser que l'Euro présente plus d'inconvénients que d'avantages pour le consommateur, tandis que 35% (+1 point) seulement défendent encore l'idée inverse. Les moins nombreux à voir dans la monnaie unique plus d'avantages que d'inconvénients pour le consommateur restent les Européens disposant de revenus modestes (27%, + 1 point), les femmes (28%, pas d'évolution) et les 65 ans et plus ( 29%, +3 points).
Au sein de l'espace européen, on notera une amélioration de l'opinion allemande à l'égard de la monnaie unique : 48% (+ 5 points) y voient plus d'avantages que d'inconvénients pour le consommateur, ce qui place sans conteste les Allemands en tête des Européens les plus fervents de la nouvelle monnaie, loin devant les Français (39% ; - 3 points), les Britanniques (39% ; pas d'évolution), les Espagnols (34% ;- 2 points) et surtout les Italiens (11% ; -1 point).
Sommaire de l'étude:
L'INDICE SOFINCO-IPSOS
- L'indice européen de la consommation
- L'indice de confiance économique
- L'indice de l'envie de consommation
- L'indice du potentiel de consommation
- L'indice d'intentions de consommation
RESULTATS DU BAROMETRE
QUESTION COMPLEMENTAIRE
LES CONSOMMATEURS EUROPEENS ET L'EURO
