Le peuple communiste approuve la ligne du PCF
Les militants et sympathisants communistes sont d’accord avec la ligne du PCF – y compris avec les contradictions de celle-ci. Tel est l’enseignement qui se dégage de l’enquête Ipsos effectuée dans les allées de la fête de l’Humanité par Ipsos pour "Le Nouvel Observateur" et "France Inter". Alors que la direction du parti avait été bousculée par sa base lors du cru 1997 de la grande manifestation populaire de La Courneuve, le peuple communiste apparaît aujourd’hui sensiblement plus apaisé.
Huit militants ou sympathisants communistes sur dix approuvent le bilan de Robert Hue depuis qu’il a pris la tête du PCF. Une large majorité d’entre eux semble, selon cette enquête, approuver la ligne politique de la "mutation" prônée par le nouveau secrétaire national du parti. Plus frappant encore : les militants comme les sympathisants se déclarent, aux trois-quarts, favorables à la participation des ministres communistes au gouvernement Jospin.
Tout n’est pourtant pas d’une simplicité biblique dans l’univers communiste. L’engagement du PCF dans la "gauche plurielle" actuellement au pouvoir ne va pas sans poser de réels problèmes aux sympathisants et, plus encore, aux militants de ce parti. S’ils approuvent la mesure sociale la plus spectaculaire de la première année du gouvernement Jospin (les 35 heures), ils se déclarent en désaccord avec plusieurs aspects essentiels de la politique suivie, qu’il s’agisse de l’économie, de l’euro ou des "sans papiers". Le "peuple communiste" ne souhaite visiblement pas que le PCF retourne à une pratiquement étroitement contestataire, mais il craint que son parti ne se distingue pas assez de l’allié socialiste. Une écrasante majorité de personnes interrogées jugent le discours du parti communiste "pas assez critique" à l’égard de la politique gouvernementale.
Cette méfiance vis-à-vis de l’action du pouvoir se traduit par des cotes de popularités plutôt médiocres pour les ministres communistes. Si Marie-Georges Buffet est plébiscitée, il n’en va pas de même pour Jean-Claude Gayssot – le dirigeant du PCF à la tête du plus grand domaine ministériel – dont la cote chez les sympathisants communistes est moins élevée que celle de Dominique Voynet ! Quant à Michèle Demessine, elle souffre d’une faible notoriété, même dans l’univers communiste. Militants et sympathisants du PCF se montrent très sévères à l’endroit de Dominique Strauss-Kahn, de Claude Allègre et de Jean-Pierre Chevènement – ce qui confirme leur hostilité à des pans entiers de la politique de l’exécutif. A l’égard de Lionel Jospin, on observe une différence d’attitude entre des sympathisants plutôt compréhensifs et des militants majoritairement hostiles. C’est dire si l’engagement gouvernemental du PCF ne convainc qu’assez superficiellement la base communiste.
