Le Premier ministre est de plus en plus impopulaire

Ça va un peu mieux pour François Hollande dans l’opinion, même si la popularité du chef de l’Etat reste extrêmement faible. Celle du Premier ministre en revanche continue de baisser. En première ligne face à la mobilisation contre la loi travail, le Premier ministre a perdu 14 points de popularité depuis janvier.

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  • Federico Vacas Directeur Adjoint du département Politique et Opinion - Public Affairs
  • Vincent Dusseaux Directeur d'études, Ipsos Loyalty
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RECORD D’IMPOPULARITÉ POUR MANUEL VALLS

La nouvelle baisse de la popularité du Premier ministre constitue le principal enseignement de cette nouvelle édition du baromètre politique Ipsos/Le Point. Un peu plus d’une semaine après l’utilisation du 49.3, les crispations de l’opinion se renforcent pour atteindre un niveau record : 7 Français sur 10 sont défavorables à l’action de Manuel Valls (70%, +1), contre 25% (-2) qui la soutiennent. À l’issue de la séquence, il perd un certain nombre de soutiens au sein de son propre camp politique (46% d’avis positifs au PS, -5) et chez les cadres (22%, -8). Manuel Valls reste au-dessus du record d’impopularité de son prédécesseur à Matignon (21% d’avis positifs pour Jean-Marc Ayrault en novembre 2013), mais le devance désormais en nombre d’avis « très défavorables » : 36%, +7 (contre un maximum de 32% pour Jean-Marc Ayrault). L’actuel Premier ministre, qui avait plutôt bien résisté depuis son arrivée à Matignon en mars 2014, suscite depuis le début de l’année un sentiment de rejet de plus en plus fort.

L’écart se réduit entre les deux têtes de l’exécutif. La popularité de François Hollande s’améliore légèrement (+2) mais reste très faible (18% d’avis positifs). Malgré de meilleurs résultats sur le front économique, il ne progresse que très peu à gauche (34% d’avis favorables, +2) et pratiquement pas au PS (43%, +1).

STABILITÉ DANS LE TOP 5 DES PERSONNALITÉS POLITIQUES LES PLUS POPULAIRES

Si les jugements positifs augmentent pour un certain nombre de personnalités dans cette vague, il s’agit d’une progression en trompe l’œil, compensée par une augmentation concomitante des jugements négatifs. En solde (la différence entre les jugements positifs et jugements négatifs), seulement 13 personnalités sont en progression, 17 sont en baisse et 13 sont stables par rapport au mois précédent. Peu de changements sont à signaler dans la tête du palmarès des personnalités les plus populaires. Pour le troisième mois consécutif, les cinq premières places sont toujours occupées par les mêmes personnalités : Alain Juppé et Christine Lagarde pour la droite, Emmanuel Macron, Jack Lang et Bernard Cazeneuve pour la gauche.

ALAIN JUPPÉ DANS UNE POSITION FAVORABLE

À droite, la bataille de l’opinion est toujours marquée par la domination d’Alain Juppé. Après un léger fléchissement auprès des sympathisants LR, le maire de Bordeaux reprend la tête du palmarès des leaders politiques les plus populaires dans cette catégorie (73% d’avis favorables, +3). Il regagne également du terrain au centre : +4 à l’UDI (89%) et +9 au Modem (75%). En revanche, l’ancien Premier ministre, qui a récemment levé le voile sur son programme économique dans un livre, recule à gauche (-4 au PS à 55%). Il n’en demeure pas moins la personnalité la plus populaire auprès des Français et aborde la primaire à droite dans une position très favorable.

Nicolas Sarkozy est dans une posture plus délicate. Certes il progresse auprès des sympathisants LR (62% +7) mais pas auprès de l’ensemble des Français où il enregistre toujours des records d’impopularité : 26%, +3, soit son plus bas niveau depuis février 2001. Très impopulaire à gauche (82% d’avis négatifs) et au centre (87% au Modem et 84% à l’UDI), il est également de plus en plus critiqué au FN (69%, +17).

Parmi les autres challengers de la primaire à droite, Bruno Le Maire consolide sa position chez les sympathisants LR. Il gagne 2 points après en avoir gagné 13 en avril et enregistre un nouveau record de popularité dans cette catégorie (53% d’avis positifs). Il reste stable auprès de l’ensemble des Français (31%). Les évolutions sont plus contrastées pour François Fillon qui perd 3 points chez les sympathisants LR (62%), mais en gagne 2 auprès de l’ensemble des Français (38%).

EMMANUEL MACRON ENGRANGE LES POINTS AU PS

La période est toujours favorable à Emmanuel Macron qui totalise 44% de jugements favorables (+1) auprès de l’ensemble des Français. Le trublion du gouvernement séduit de plus en plus au PS. Il passe de la 10ème à la 5ème place dans le palmarès des sympathisants socialistes avec 58% de jugements favorables (+8), un record pour lui dans cette catégorie où il devance de 12 points le Premier ministre.

Aucune autre personnalité à gauche ne réussit à profiter du contexte. Certes Jean-Luc Mélenchon gagne 3 points auprès des Français (34%) mais il est quasiment stable à gauche (52%, +1). Arnaud Montebourg gagne un point de popularité (28%) mais recule à gauche (38%, -2). Martine Aubry est dans une situation plus délicate, la maire de Lille est quasiment stable auprès des Français (33%, -1) mais décroche à gauche (52%, -11).

LES LE PEN AU PLUS BAS

La période n’est pas plus profitable aux leaders du Front national. Marine Le Pen ne convainc pas pour son retour sur la scène politique nationale à l’occasion des célébrations du premier mai. Elle perd 2 points de popularité à 22%, son plus bas niveau depuis novembre 2010. Les ponts sont coupés entre la présidente du FN et les sympathisants LR qui ne lui accordent que 18% de jugements favorables, alors qu’elle évoluait autour de 30-35% en 2015. Marion Maréchal-Le Pen fait un peu mieux (24%, +1) mais la dynamique ne lui est pas favorable auprès de l’ensemble des Français (22%, -3).

Voir le baromètre de l'action politique Ipsos Le Point depuis 1996 :

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  • Vincent Dusseaux Directeur d'études, Ipsos Loyalty

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