Le projet Paris Rive-Gauche bénéficie d’un préjugé favorable
Si la moitié des Parisiens et 80 % des habitants du XIIIème arrondissement ont vu ou entendu parler du projet Paris Rive-Gauche, force est de constater que cette notoriété reste assez superficielle. En effet, une très faible minorité, y compris dans le XIIIème arrondissement, est à même de citer le nom du projet, voire une dénomination approchante. En outre, quand on demande aux personnes déclarant connaître le projet ce qu’elles en savent, les réponses frappent par leur caractère rarement précis, le plus souvent peu spécifique.
Dans la même optique, alors que la très grande majorité de la population du XIIIème arrondissement connaît l’existence du projet, moins d’un tiers de celle-ci déclare en parler souvent ou parfois autour d’elle, témoignant ainsi d’un niveau d’intérêt limité. Le projet n’est pas aujourd’hui, loin s’en faut, une préoccupation centrale. On trouve une preuve de cette proximité limitée dans le fait que près de la moitié des habitants de l’arrondissement ne savent pas ce qu’en pensent les autres habitants.
Si l’image de Paris Rive-Gauche n’est pas encore fixée, le projet paraît majoritairement bien perçu par les populations concernées. Deux tiers des Parisiens et trois quarts des habitants du XIIIème arrondissement déclarent avoir une bonne opinion du projet, ses opposants restant très minoritaires. Ici encore, les motifs invoqués pour soutenir ou s’opposer au projet d’aménagement traduisent une connaissance relativement faible de ses aspects concrets comme, sans doute, de son envergure.
Concrètement, le projet suscite avant tout auprès des habitants de l’arrondissement de la curiosité (76%), preuve d’une certaine bienveillance, mais aussi de la satisfaction (63%). En revanche, le scepticisme (34%), voire l’inquiétude (21%), ne sont exprimés que par une minorité d’habitants.
Sans que soit abordé le projet, le XIIIème arrondissement est très majoritairement considéré par ses propres habitants comme un arrondissement agréable à vivre (94%), dynamique du point de vue économique (62%) et riche sur le plan culturel (60%). La vision qu’en a l’ensemble des Parisiens diffère sensiblement, n’étant que 60% à le juger agréable à vivre, et 46% à lui prêter une richesse culturelle.
Cependant, une fois qu’a été abordé le projet, les traits d’image de l’arrondissement sont sensiblement modifiés : selon l’ensemble des Parisiens, l’arrondissement devrait profiter du projet du point de vue du dynamisme économique et surtout de l’animation culturelle (pour la culture, ce sentiment étant d’ailleurs partagé par les habitants de l’arrondissement).
Pour les habitants du XIIIème arrondissement, évoquer le projet a plutôt une incidence négative sur la notion d’agrément de vie : alors qu’ils étaient unanimes à considérer l’arrondissement comme agréable à vivre (94 %) avant que ne soit abordé le projet, ils ne sont plus que 72 % après. Ceci s’explique sans doute par la connotation d’urbanisme moderne auquel est associé tout projet de ce type, conforté par la faible connaissance générale concernant Paris Rive Gauche.
Il reste que, tant les Parisiens que les habitants du XIIIème arrondissement considèrent quasi-unanimement que le projet apportera une vie culturelle plus riche (87%), un potentiel économique accru (85% pour les parisiens, 82% pour les habitants du XIIIème) et du prestige à l’arrondissement (72% pour les parisiens, 80% pour les habitants du XIIIème).
A l’inverse, des proportions certes moins importantes, mais non négligeables, estiment que le projet pourrait également s’accompagner d’un accroissement de la circulation et de la pollution (pour 60 % d’entre eux) et d’une urbanisation trop importante (49 %). En bilan, on constate que 9 habitants du XIIIème arrondissement sur 10 estiment ce projet tout à fait favorable (43%) ou plutôt favorable (47%) au XIIIème arrondissement. Le projet est perçu comme une opération d’aménagement globale, incluant bureaux, logements sociaux et infrastructures culturelles et de loisirs, ce sentiment confirmant à nouveau la bonne image du projet.
Malgré cette image positive d’un projet n’excluant pas l’une ou l’autre de ces dimensions (intégration sociale, activités économiques et culturelles), on associe plus volontiers le projet à sa logique économique : le projet constitue avant tout le moyen d’opérer un rééquilibrage entre l’Ouest et l’Est de la capitale. En outre, les réponses sont très partagées quand on demande aux personnes interrogées si le projet a été pensé pour les familles.
Par ailleurs, et notamment du point de vue des habitants de l’arrondissement, le projet signifie également l’émergence d’un nouveau quartier à Paris. Cette idée de nouveau quartier est confirmée par le fait que près de la moitié des habitants du XIIIème arrondissement considère que la zone d’aménagement ne fait pas vraiment partie intégrante de l’arrondissement.
Autre signe de méconnaissance concrète du projet, plus de la moitié de la population de l’arrondissement pense que ce projet sera totalement achevé dans les cinq années à venir. Hormis cette perception erronée, ces réponses peuvent porter en elles une source de déception à court terme, le projet (compte tenu de ses délais réels d’achèvement) tardant à manifester ses effets.
Seuls 38 % des habitants du XIIIème arrondissement s’estiment bien informés sur ce projet (61 % pensent le contraire). Corollaire de cette question, 80 % d’entre eux souhaiteraient obtenir davantage d’informations. Toutefois, il convient de nuancer cette demande a priori très forte d’informations. Le vecteur d’information prioritairement attendu est aujourd’hui une brochure reçue à domicile. Cette solution traduit un intérêt relatif de leur part à l’égard d’informations supplémentaires mais aussi un certain désintérêt pour des démarches volontaristes, plus contraignantes. De la même manière, ils préféreraient que le centre d’information soit situé à la Mairie, Place d’Italie (c’est-à-dire plus près des zones de forte population et de passage) plutôt que sur le site.
Toutefois, on notera qu’un quart de la population souhaiterait l’organisation de visites guidées. Même si de manière générale, on peut faire l’hypothèse que moins d’un quart de la population se déplacerait réellement si ces visites étaient organisées, ces résultats laissent néanmoins apparaître une attente non négligeable, liée à la curiosité que suscite le projet.
Parmi les différents aspects du projet, les implications économiques (création d’emplois, aide au développement des petites entreprises) sont celles qui sont perçues comme les plus essentielles, nettement devant les équipements culturels. Cette priorité accordée à l’emploi, principale préoccupation des Français dans toutes les enquêtes réalisées actuellement, laisse apparaître le risque d’une perception erronée du projet, la population pouvant associer prioritairement le projet à une vaste opération de création d’emplois.
Parmi les autres éléments cités, la création de commerces de proximité et de services sociaux arrive en seconde position (54% le jugent essentiel, 39% important), l’aménagement de parcours de promenade et de détente en troisième position (49% le jugent essentiel, 43% important). Ces éléments devancent la possibilité pour les habitants de participer à l’aménagement du quartier (41%, 45%). Les autres propositions soumises revêtent à l’heure actuelle un caractère moins " essentiel " (ce qui ne signifie en rien qu’elles ne sont pas souhaitables), pour les personnes interrogées.