Le PS reconstruit en terrain plus solide

Au lendemain des régionales, les Français voient dans l'issu du scrutin le résultat d'un vote sanction à l'égard du gouvernement Raffarin. Il n'empêche, l'enquête Ipsos-LCI-Le Point montre que le PS a retrouvé dans la victoire une certaine crédibilité dans l'opinion, ainsi que le soutien et la confiance des sympathisants de gauche.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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Les résultats d'une élection sont souvent sujets à polémique. Pas cette fois, où l'interprétation du vote aux dernières régionales fait consensus. Plus de 80% des Français, toutes tendances politiques confondues, voient dans la victoire de la gauche le "résultat d'un vote sanction à l'égard du gouvernement Raffarin" plutôt qu'une "adhésion à l'égard de la gauche". Plus précisément, seulement 55% des électeurs de gauche aux régionales déclarent avoir exprimé dans leur vote "leur confiance aux partis de gauche", contre 40% dont le choix était d'abord motivé par la défiance au gouvernement.

Les avis sur la capacité de la gauche à proposer une politique différente sont d'ailleurs assez partagés. Une courte majorité ne croit pas, "compte tenu de la situation économique et sociale en France", que la gauche mènerait une politique très différente de celle du gouvernement Raffarin si elle était au pouvoir. Dans le détail pourtant, le clivage gauche / droite apparaît plus nettement, surtout dans le domaine social et économique : 60% des Français croient que la gauche aborderait différemment "la réforme du statut des intermittents" ou "la lutte contre la pauvreté et l'exclusion". Plus de la moitié des personnes interrogées imaginent des politiques différentes sur la question des retraites, l'Education nationale, le sauvetage du système d'assurance maladie, la réforme de l'Etat ou la réduction du chômage (dans des proportions allant de 58 à 50%). On est en revanche plus sceptique sur la capacité de la gauche à mener une politique différente autour du triptyque immigration / intégration / insécurité. Globalement, les sympathisants de droite sont toujours plus nombreux à penser que les politique menées seraient semblables quelle que soit la couleur du gouvernement. Chez eux, ce point de vue est majoritaire sur presque touts les questions abordées, et culmine à 58% pour le sauvetage du système de santé.

La perception d'un clivage gauche / droite dans l'orientation politique ne garantit pourtant pas un espoir plus ou moins grand dans l'efficacité des politiques mises en oeuvre. La crédibilité de la gauche reste forte sur le terrain social, puisque 46% des Français estime qu'elle obtiendrait de meilleurs résultats que le gouvernement dans "la lutte contre la pauvreté et l'exclusion". Mais la majorité penche sur tous les autres sujets pour des résultats "équivalents". Si on laisse de côté la moitié de l'échantillon qui renvoie ainsi gauche et droite dos à dos, le camp de ceux qui juge que la gauche obtiendrait de meilleurs résultats l'emporte sur ceux qui pensent le contraire. Sauf quand on aborde le champ d'influence passé et présent de Nicolas Sarkozy : sur les questions d'immigration, d'insécurité, et de réduction de la dette publique, le rapport de force s'inverse.

Plus globalement, la majorité des Français, portée par 80% des sympathisants de gauche, "fait confiance au Parti socialiste pour être proche de leurs préoccupation". Ils doutent davantage de la capacité du PS à "bâtir un programme de gouvernement crédible", même si le parti garde sur cette question la confiance du "peuple de gauche" (71%). On est en revanche beaucoup plus sceptique, même à gauche, sur la possibilité d'éviter une guerre des chefs au PS. Le banc d'essai des candidats potentiels semble confirmer ces craintes, tant les avis sont partagés. Aucun des candidats testés ne se détache significativement. Ségolène Royal bénéficie tout de même de sa victoire symbolique aux Régionales sur les terres de Jean-Pierre Raffarin. Elle serait aujourd'hui la candidate préférée des Français, et surtout des sympathisants socialistes. François Hollande n'est pas en reste, avec 30% des personnes interrogées qui jugent qu'il ferait un bon candidat, soit une progression de 12 points par rapport à septembre 2003.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

Société