Le PS résiste à l'usure du pouvoir
Le Parti socialiste résiste bien à l'épreuve du pouvoir. Depuis vingt ans, l'image des partis composant le gouvernement se détériorait dans l'opinion au fur et à mesure de l'exercice du pouvoir. Ce fut particulièrement vrai pour le PS entre 1988 et 1993. Ce n'est pas le cas lors de cette législature. Le PS enregistre même un léger gain d'image : 22% des Français déclarent en effet que l'image qu'ils ont du PS s'est améliorée depuis trois ans alors que 15% déclarent qu'elle s'est détériorée, 60% considérant qu'elle n'a pas changé. Les plus nombreux à déclarer que l'image du PS s'est pour eux améliorée sont les personnes ayant voté PS au premier tour des législatives de 1997 (33%), signe que le PS gouverne de manière relativement conforme à ce que les gens attendaient. On trouvera là probablement une explication au fait qu'après plus de trois ans de gestion des affaires du pays, le PS continue de bénéficier d'une bonne image auprès de 52% des Français, ce qui en fait, après les Verts, le parti le plus populaire. Par comparaison, les partis de droite parlementaire ne recueillent qu'un gros tiers de jugements positifs.
Si le Parti socialiste est crédité d'une bonne image, il continue en revanche de connaître un déficit auprès des classes populaires. De manière générale, l'opinion juge le PS proche des fonctionnaires, des enseignants, des femmes, des jeunes et à, un degré moindre, des salariés, des ouvriers et des milieux défavorisés. On le juge en revanche, et de manière assez logique, éloigné des indépendants, des professions libérales, des chefs d'entreprise et, un peu plus étonnant, des cadres. Cette représentation d'un PS interclassiste, assez proche finalement de la nouvelle alliance entre classes populaires et classes moyennes souhaitée par le Premier ministre, mérite pourtant d'être nuancée, au regard de la réalité. En effet, si les femmes et les professions intermédiaires estiment que le PS est plutôt proche de leurs attentes, une majorité d'ouvriers (52% contre 45%) et de personnes à bas revenus (53% contre 40%) juge le PS "éloigné de leurs préoccupations". Il paraît également éloigné à une écrasante majorité de retraités (73%).
Cette relative défiance des classes populaires s'explique largement par la difficulté du PS à répondre à leur attente numéro un aujourd'hui, la hausse du pouvoir d'achat. De manière générale, les Français expriment quatre attentes très nettes à l'égard du PS pour les prochaines échéances : la lutte contre les inégalités sociales (30% de citations), la baisse des impôts et des taxes (29%), l'environnement et la sécurité alimentaire (29%)- probablement un peu surestimé en raison de l'effet de contexte- et la lutte contre l'insécurité (27%). Le système éducatif, les retraites et la lutte contre les discriminations viennent ensuite. La modernisation de la vie politique et la Corse ne sont citées que de manière marginale.
Or, la hiérarchie des priorités chez les ouvriers est sensiblement différente : la baisse les impôts et des taxes (45%) arrive loin devant la lutte contre l'insécurité (26%) et les inégalités sociales (23%), traduction évidente de la demande de pouvoir d'achat et de redistribution qui émane aujourd'hui des classes populaires.
Au sein des sympathisants du PS, la lutte contre les inégalités sociales (42%) apparaît de loin comme la priorité numéro un.
Elle devance la sécurité alimentaire (28%), la baisse des impôts et l'insécurité, à égalité avec 23% de citations.
Au total, on voit bien que l'enjeu, pour le PS est de répondre dans les années qui viennent à une double demande :
une demande de nouvelles sécurités (alimentaire, physique et sociale) demande d'autant plus forte que la préoccupation liée au chômage est en recul.
une demande de redistribution et de pouvoir d'achat, particulièrement forte au sein des classes populaires.
En terme de positionnement politique, 50% des Français souhaitent que le projet du PS ne soit "ni plus, ni moins à gauche" que la politique conduite actuellement (27% le préférant plus à gauche et 14% moins à gauche). Une forte minorité des sympathisants du PS souhaite cependant un engagement plus à gauche : 39% contre 55% souhaitant un projet "ni plus, ni moins à gauche".
Enfin, en ce qui concerne les prochaines échéances électorales, la candidature de Lionel Jospin en 2002 paraît très solidement ancrée au sein de son camp. Plus de deux tiers des sympathisants socialistes souhaitent en effet que, si la gauche perd les élections législatives, Lionel Jospin soit quand même candidat à l'élection présidentielle. Dans l'hypothèse d'une victoire de Lionel Jospin en 2002, 32% des Français souhaitent qu'il choisisse Martine Aubry comme Premier ministre, 25% préférant Elisabeth Guigou et 16% Laurent Fabius. La suprématie de l'ancienne Ministre de l'Emploi et de la Solidarité est encore plus nette à gauche : avec 43% de citations au sein de l'électorat de la gauche plurielle, elle devance Elisabeth Guigou de 18 points et Laurent Fabius de 28 points. Un mois après avoir quitté le gouvernement, l'ancienne Ministre de l'Emploi et de la Solidarité dispose toujours du statut de meilleur(e) premier(e) ministrable.