Le recours à l’euthanasie fait désormais consensus
Une très large majorité de personnes interrogées par Ipsos pour "la Marche du Siècle" et "le Figaro" seraient favorables à l’euthanasie pour elles-mêmes en cas de situation extrême. Cette opinion est partagée dans toutes les catégories de la population, y compris par une majorité de catholiques pratiquants.
L’euthanasie fait désormais l’objet d’un puissant consensus chez les Français, selon une enquête Ipsos réalisée pour La Marche du Siècle et Le Figaro. Qu’il s’agisse de leur cas personnel ou de l’un de leurs proches, les Français sont aujourd’hui beaucoup plus nombreux qu’il y a dix ans à se déclarer favorables au recours à l’euthanasie.
Ainsi, 79 % des personnes interrogées (contre seulement 57 % en 1988) déclarent qu’elles demanderaient qu’on les aide à mourir si elles étaient atteintes d’une " maladie incurable " et en proie à des " souffrances extrêmes ". Ce sentiment est très majoritairement partagé par l’ensemble des Français quel que soit leur sexe, leur âge, leur statut social ou leur proximité partisane. Sur cette question, on ne constate pas l’existence de critères clivants. En devenant un sujet de débat public, l’euthanasie ne s’apparente plus à un tabou ; les personnes déclarant ne pas pouvoir envisager le recours à l’euthanasie pour elles-mêmes étant deux fois moins nombreuses qu’il y a dix ans (12 % contre 23 % en 1988). En outre, et en dépit des prises de position de l’Eglise, la pratique religieuse des personnes interrogées n’atténue que partiellement cette opinion majoritaire : deux tiers des catholiques pratiquants déclarent qu’ils demanderaient qu’on les aide à mourir.
Dans le cas où un proche serait confronté à la même situation, les Français déclarent à nouveau majoritairement qu’ils l’aideraient à mourir. Les réponses à cette question ne font pas apparaître de différence notable selon le profil des personnes interrogées. Toutefois, la décision d’aider quelqu’un d’autre que soi à mourir suscite plus de réserves, 61 % des personnes interrogées (contre 49 % en 1988) déclarant qu’elles l’aideraient à mourir. Outre la réticence à provoquer ou anticiper la mort d’un tiers, le recours à l’euthanasie est perçu une question très personnelle, plus difficile à décider pour un autre individu que pour soi.
Dans la même logique, la décision de pratiquer l’euthanasie dans le cas où le malade ne serait plus en état de la prendre lui-même, devrait surtout être le fait de sa famille ou de ses proches : c’est l’option retenue par la moitié des Français. Cependant, les médecins ne sont pas exclus pour autant de cette décision : un quart des personnes interrogées pense qu’elle doit être prise conjointement par les médecins et la famille et près d’un autre quart par les médecins. La décision de recourir à l’euthanasie semble assumée par les Français : sans pour autant refuser aux médecins un rôle dans cette décision, l’euthanasie est perçue comme étant du ressort de la famille ou des proches.
Enfin, conséquence logique de l’acceptation du recours à l’euthanasie, la législation actuelle n’est plus guère défendue : seulement 11 % des Français demeurent favorables à son interdiction et à sa condamnation alors qu’un tiers d’entre eux est favorable à sa légalisation et près de la moitié à sa dépénalisation.