Le soutien à la monnaie unique progresse, très lentement

A moins d'un an de la disparition des monnaies nationales, un tiers des Européens appréhendent encore le passage à l'euro. La dernière vague du baromètre des Tendances des Opinions Publiques en Europe révèle cependant de grandes disparités de perception selon les pays, les Italiens étant actuellement les plus "europhiles".

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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Aujourd'hui, l'euro "évoque quelque chose de positif" pour 59% des Européens (contre 58% en février dernier). Si le soutien reste assez largement majoritaire, la faible progression de l'adhésion à la monnaie unique peut inquiéter les pouvoirs publics. Pour encore plus d'un tiers des personnes interrogées dans les cinq pays de l'étude (Allemagne, Espagne, France, Italie, Grande-Bretagne), les évocations restent "négatives", une proportion importante compte tenu de l'imminence du changement de monnaie. Les disparités de jugements entre les pays sont toutefois importantes. "L'europtimisme" est fort dans les pays latins (évocation positive pour 71% des Italiens, les deux-tiers des Espagnols, 63% des Français), plus mesurée en Allemagne mais minoritaire en Grande-Bretagne - les Britanniques n'étant certes pas concernés pour le moment par le passage à l'euro.En Italie, la nette amélioration de l'image de la monnaie unique est certainement plutôt à mettre à l'actif des espoirs liés au changement de gouvernement. La confiance vis-à-vis de "l'évolution de la situation économique et sociale de l'Italie" progresse (+6 points par rapport à février, soit la plus forte progression des cinq pays testés). Les Italiens, interrogés juste avant le second tour des élections qui ont vu la victoire de la coalition de droite de Silvio Berlusconi avaient lors de notre étude majoritairement exprimé leur défiance face au gouvernement d'Amato, et leur souhait d'alternance.La situation est de prime abord plus complexe en Grande-Bretagne. L'image de la monnaie unique se détériore et demeure majoritairement négative, alors que le "moral" économique et social des Britanniques progresse et reste le plus haut des cinq pays testés (51% de confiance, +1). Les personnes accordant leur confiance au gouvernement "pour faire face aux principaux problèmes du pays" sont minoritaires (43% contre 53% de défiants), sans pour autant que l'on souhaite l'alternance. Conformément aux nombreuses enquêtes d'intentions de vote pré-électorales (les élections législatives auront le 7 juin), les Britanniques souhaitent dans une large majorité la victoire du New Labour de Tony Blair.En Allemagne où l'image de l'euro progresse, le moral économique et social est au plus bas. Il n'y a plus qu'un tiers des Allemands pour avoir confiance en l'avenir sur ces thèmes (-6 points par rapport à février), contre deux-tiers d'avis contraires. Les Allemands sont aujourd'hui de tous les Européens les plus pessimistes. Six sur dix ne font plus confiance au gouvernement pour régler les problèmes du pays. Le désaveu semble directement viser Schröder, la majorité des Allemands ne souhaitant pas pour autant l'alternance dans l'hypothèse de législatives anticipées.

En Espagne et en France enfin, on est encore un peu plus pessimiste quant à l'avenir économique et social du pays qu'en février, l'inquiétude étant majoritaire dans les deux pays. Comme dans les autres pays d'Europe, la confiance envers le gouvernement est légèrement minoritaire dans les deux pays, sans volonté d'alternance pour autant. Les avis sont toutefois moins tranchés qu'ailleurs, le gouvernement de Lionel Jospin bénéficiant du meilleur taux de confiance des 5 pays testés, avec 45%, contre 50% de défiants, 5% des Français ne s'étant pas prononcés sur cette question.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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