Le suivi de l’opinion en question  : après la polémique, Ipsos fait le point

La  formule est habituelle : une fois encore, "les" sondages se sont "trompés". Au soir du premier tour des élections municipales, la bulle médiatique a inlassablement relayé l’antenne. Même si la polémique a sensiblement désenflé depuis le soir du second tour, il nous a semblé nécessaire de confronter cette idée devenue commune, l’erreur des sondages, aux chiffres. Au vu de cet examen, ce constat est pour le moins à nuancer.

Qu’avons nous dit en effet au cours de ces derniers mois ?

- que le rapport de  forces était favorable à la gauche à Paris, y compris et surtout  au seul regard de l’évolution électorale de ces dernières années et que Philippe Séguin n’arrivait à s’imposer, ni auprès de l’électorat de droite parisien, ni auprès des habitants du XVIIIème.

- que la gauche progressait à Lyon, que la droite y restait majoritaire mais que tout dépendait de l’offre politique de droite au second tour, l’hypothèse d’une liste Millon comme unique représentant de la droite étant la moins favorable pour cette dernière.

- que la dynamique à droite dans les dernières semaines de campagne était forte à Béziers et à Avignon et  Rouen

- que François Simon, à Toulouse, ne parvenait pas à rassembler des "gauches" pourtant majoritaires au premier tour, grâce notamment à la percée de Zebda.

- que Gérard Lindeperg n’était  pas  favori pour l’emporter à Saint Etienne

- que Michel Delebarre était en position d’être réélu sans difficulté à Dunkerque

- que l’élection serait serrée à Dijon et Rouen.

- qu’il n’y aurait pas de "vague rose" et que ces municipales étaient d’abord des élections à enjeux locaux.

- que les dynamiques de second  tour  étaient  peu lisibles dans  les enquêtes d’avant premier  tour.

Toutes ces analyses sont consultables en permanence notre site.

Loin de nous pourtant l’idée d’affirmer que les enquête d’intentions de vote ont tout vu et voient tout. Mais la demande de leurs utilisateurs, soucieux de toutes les certitudes, est devenue souvent disproportionnée au point d’oublier l’intrinsèque supériorité du  vote sur toutes les explorations préalables. L’enquête Ipsos réalisée à Strasbourg n’enregistrait pas ou n’anticipait pas les difficultés de Catherine Trautmann. La capacité de résistance à l’usure du pouvoir d’André Rossinot à Nancy n’apparaissait pas évidente dans l’enquête de février, alors qu’elle surprenait à Dunkerque avec les scores de Michel Delebarre.

A Rouen, nous avions perçu un resserrement du rapport de forces, non une inversion de tendance qui s’est  probablement  produite entre  les deux  tours. A Dijon, à plus d’un mois du scrutin, nous avons mesuré l’étroitesse des écarts, mais avec encore un léger avantage de la droite. Pour toutes ces villes, l’information a souffert de l'absence de mesures  régulières, qui  auraient pu, sans doute, permettre de lire jusqu'à la fin de la campagne électorale des mouvements  ultimes. A ce titre, on ne redira jamais assez le caractère néfaste de l’interdiction de publication des sondages durant la dernière semaine de campagne.

Dire que les sondages se sont trompés, c’est s’étonner finalement que des rapports de force politiques, mesurés un ou deux mois avant le scrutin, ne se réalisent pas au point près dans les urnes. A force de lire des enquêtes d’opinion comme des instruments de prédiction, on nie au final la capacité des politiques en campagne à créer une dynamique sur leur nom et à modifier les comportements électoraux, on dénie aussi aux électeurs le droit de construire  leur choix à leur rythme. 

Par ailleurs, durant toute la campagne, Ipsos a pris, dans tous ses commentaires, de nombreuses  précautions notamment  sur la base de ce  que nous savons de l’imperfection de l’outil. Il se heurte en effet à de réelles difficultés. On citera, parmi d’autres, la volatilité des comportements électoraux, une offre électorale qui peut être encore floue et incomplète au moment de l’enquête (notamment pour les "petites" listes), une difficulté particulière à évaluer la partie la plus droitière de l’électorat de l’opposition.

Nous présentons également le bilan du dispositif qui a permis de connaître le plus précisément et le plus rapidement possible les principaux résultats de ces élections municipales lors des  deux soirées électorales France 2-Europe 1-Le Figaro-Le Point . Ce dispositif était fondé sur deux outils :

- des sondages sortie des urnes pour donner de premières tendances. Basés sur les déclarations des votants, cet outil ne permet pas de trancher dans les cas très serrés. C’est pourquoi nous avons donné des fourchettes de vote dans les arrondissements de Paris et Lyon où le résultat, au final, a été extrêmement serré.

- Des estimations : fondées sur le dépouillement de bulletins de vote réels à partir d’un choix d’échantillon de bureaux de vote dans chaque ville, elles sont d’une précision quasi parfaite et supérieure à celle des sondages sortie des urnes. Aucune estimation n’a été prise en défaut lors des deux tours des municipales.

 

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