Le système éducatif jugé par les enseignants : assez bien, mais peut mieux faire

L'enquête qu'a réalisé Ipsos pour le Syndicat des Enseignants montre que les enseignants sont globalement plutôt satisfaits du système éducatif français, qu'ils jugent néanmoins perfectible. Les professeurs de lycée professionnel ou de premier degré sont les plus attentifs aux réformes proposés par le syndicat, alors que les agrégés semblent nettement moins concernés.

Une très forte majorité des enseignants (85 %) considère que le système éducatif, dans le primaire et le secondaire, remplit bien ses missions.Cette perception très positive doit cependant être nuancée : 8 % seulement des enseignants déclarent que le système fonctionne "très bien" tandis que près de huit sur dix expriment une certaine réserve et estiment qu’il fonctionne "assez bien". On observera également que les professeurs de collège et de lycée technique se montrent moins satisfaits que leurs collègues du premier degré traduisant, sans doute par là, l’existence de certains problèmes, et rejoignant l’avis de l’ensemble des Français, qui dans les enquêtes sur ce sujet, plébiscitent le fonctionnement de l’école maternelle et du primaire, mais sont plus réservés sur le secondaire.

Cette perception positive du système éducatif actuel ne signifie pas pour autant une volonté de statu quo. Au contraire, elle s’accompagne, pour la majorité des personnes interrogées (62 %), d’un désir de faire évoluer et donc d’améliorer l’éducation dans le primaire et le secondaire. Les femmes (68 %) et les professeurs de collège (68 %) sont les plus enclins au changement, tandis que les hommes (49 %) et les agrégés (46 %) sont les plus réticents.Ces résultats démontrent que l’image conservatrice, souvent accolée au monde enseignant, ne correspond ni à la réalité, ni à la perception des principaux intéressés. En effet, 70 % d’entre eux estiment que les enseignants sont plutôt ouverts au principe d’apporter des changements au système éducatif dans le primaire et le secondaire. Les enseignants se considèrent davantage soutenus par les parents d’élèves (75 %) dans cette démarche que par leurs syndicats même si 61 % déclarent que ces derniers sont plutôt ouverts au changement.

Les principaux changements survenus ces dernières années sont tous perçus positivement, bien qu'avec des niveaux d’adhésion très différents.La mise en place d’un baccalauréat professionnel (96 % d’adhésion) et la création des Z.E.P. (90 %) font l’objet d’un consensus quasi unanime.La création du statut de professeur des écoles est approuvée par 74 % des enseignants et par 81 % des professeurs des écoles. En revanche, les instituteurs sont un peu plus partagés (57 % approuvent) face à ce statut dont ils ne bénéficient pas encore.La création des I.U.F.M. est jugée positive par les deux tiers des enseignants mais par une proportion légèrement moindre (65 %) des principaux concernés, les professeurs des écoles.L’institution du collège unique suscite plus de réserves de la part des enseignants, même si une majorité d’entre eux (52 % contre 41 %) approuvent cette mesure. Cette adhésion d’ensemble masque un jugement négatif de la part des principaux concernés, les professeurs de collège (34 % d’avis positifs et 64 % de négatifs) mais également des enseignants en lycée général (45 % contre 48 %) qui ne semblent pas satisfaits du niveau des élèves à l'arrivée en seconde. Ces résultats expliquent sûrement en partie que les enseignants du secondaire sont moins nombreux que leurs collègues à déclarer que le système éducatif remplit bien ses missions.

Sur les 22 propositions du Syndicat des Enseignants, aucune n’est rejetée par plus de 20 % des enseignants. Seules quatre d’entre elles sont désapprouvées par plus de 10 % des personnes interrogées. Il s’agit du droit à la scolarisation dès deux ans (11 %), de la prise en charge des élèves en dehors du temps scolaire (11 %), de l’instauration d’un projet personnel interdisciplinaire au baccalauréat (12 %) et de la pérennisation des emplois d’aides éducateurs (18 %).A l’inverse, dix mesures sont jugées tout à fait prioritaires par près de 50 % des enseignants et la totalité des changements proposés sont considérés comme prioritaires ou importants par plus d’un enseignant sur deux.

L’examen des réponses sur l’ensemble des 22 propositions laisse apparaître des différences d’appréciations notables entre certaines catégories d’enseignants.Ainsi, les enseignants du premier degré, notamment ceux de maternelle, mais aussi les professeurs de lycée professionnel sont les plus nombreux à trouver ces mesures tout à fait prioritaires. Les enseignants les plus âgés et les syndiqués sont paraissent également plus sensibles à ces propositions de réformes.A l’opposé, les professeurs de lycée général, et surtout les agrégés, jugent ces mesures moins prioritaires que la moyenne des personnes interrogées.

L’analyse des dix changements testés jugés les plus prioritaires fait apparaître la volonté des enseignants de faire évoluer le système éducatif dans trois directions principales : individualisation de l'enseignement, solidarité vers les élèves les plus défavorisés et formation continue pour les enseignants.On observe d’abord un souhait d'individualiser l'enseignement, et de limiter l’aspect "cours magistral" en développant les travaux en petit groupe (71 % de tout à fait prioritaire) ou en consacrant une partie des heures d’enseignement au travail en équipe et au suivi pédagogique individualisé des élèves (56 %). Cette dernière mesure est surtout plébiscitée par les enseignants du premier degré, notamment ceux de maternelle, confronté à une grande hétérogénéité de niveau dans leur classe.Le second axe de changement prioritaire consiste à accroître l’égalité des chances en organisant un dispositif d’aide au travail personnel pour les enfants socialement défavorisés (69 %) ou en permettant à chaque élève handicapé de suivre une scolarité la plus normale possible (59 %).La troisième direction enfin regroupe des mesures touchant à la formation et au statut des enseignants et dont l’objectif est de leur permettre de mieux remplir leurs missions.Il s’agit tout d’abord d’instituer, dans les concours de recrutement, une épreuve prépondérante sur les aptitudes pédagogiques des enseignants (53 %). Ce changement est particulièrement souhaité par les enseignants en maternelle (59 %) et les femmes (56%).Le renforcement de la formation continue et professionnelle, et la généralisation dans celle-ci de modules spécialisés dans la gestion de la violence en milieu scolaire, constituent une action tout à fait prioritaire pour près d’un enseignant sur deux. Sur ce dernier point, il est intéressant de noter que les enseignants du premier degré (54 %), et les professeurs de collège (46 %), considèrent ce changement comme beaucoup plus important que les professeurs de lycée général (28 %).Enfin, la création d’un statut juridique de l’école primaire apparaît comme une urgence pour les enseignants du premier degré (59 %).

Deux autres mesures sont également souhaitées par une majorité d'enseignants. Il s’agit de l’intégration d’installations sportives pour toute construction, extension ou rénovation d’établissement scolaire (55 %) et de la définition d’un socle commun de connaissances à la fin du collège (52 %). Cette dernière mesure est davantage jugée nécessaire par les enseignants en lycée professionnel (68 %), pour qui il s’agit de la troisième priorité, plutôt que par ceux qui travaillent en lycée général (45 %).

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