Le temps est à l'orage pour les grandes entreprises françaises

Le baromètre d'image des grandes entreprises françaises Ipsos/ Le Nouvel Economiste est en chute libre pour cette dernière vague. Les conflits sociaux de la rentrée, et plus particulièrement les grèves relatives au prix du carburant ont porté préjudice à l'ensemble des entreprises.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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Moins onze points. La baisse d'indice moyenne, pour les trente entreprises testées, est impressionnante. Certes, la vague précédente de notre baromètre économique avait eu lieu au mois de juillet, propice à la bienveillance. Les indices d'images étant ainsi montés à un niveau relativement élevé, la chute en est d'autant plus importante. Mais les résultats enregistrés pour cette dernière vague de septembre dépassent le simple rééquilibrage. En période de conflits sociaux (prix des carburants, grève à la SNCF), les grandes entreprises ont fait office de bouc-émissaire. Qui plus est, à la rentrée, les Français évaluent plutôt les sociétés sur leur politique sociale et économique, et moins sur leurs produits ; les jugements n'en sont que plus sévères …

Dans ce contexte défavorable, rares sont les entreprises qui ont limité les dégâts. Les firmes les plus directement impliqués dans les conflits sociaux enregistrent les plus fortes baisses d'image. Le plus beau gadin est à mettre à l'actif de la SNCF, dont l'indice chute de 32 points. Antépénultième au classement général, sa seule consolation sera de garder un indice positif (+6, 51% de "bonne image", 45% de "mauvaise image"). Elle ne devance au classement que le Crédit Lyonnais et Total-Elf-Fina.
Les clignotants sont d'ailleurs passés au rouge pour les deux derniers du classement. Total-Elf-Fina, qui peinait à se remettre des conséquences, désastreuses pour son image, du naufrage du pétrolier Erika, subit le contrecoup du blocus de l'essence et replonge à nouveau. Dans ce contexte, l'annonce de bénéfices record n'a certainement pas contribué à redorer le blason du groupe pétrolier. Bon dernier, Total-Elf-Fina perd 25 points d'indice d'image, et enregistre un solde largement négatif (-45, 23% de "bonne image", 68% de "mauvaise image").
A l'avant-dernière place, le Crédit Lyonnais rechute également. La banque, qui était pour la première fois le mois dernier sorti de la zone rouge (solde d'image de +2), perd 18 points d'indice et rejoint Total-Elf-Fina dans le négatif (-16, 35% de "bonne image", 51% de "mauvaise image"). Plus généralement, c'est tout le secteur banque/assurance qui voit aujourd'hui son image dans l'opinion se dégrader. BNP / Paribas chute de 21 points (indice 25), et Axa en perd 16 (indice 25). En ne baissant que de respectivement 4 et 8 points, le Crédit Agricole (indice 49) et la Société générale (46) ne s'en sortent finalement pas si mal.

Le secteur de la grande distribution est quant à lui relativement épargné par cette vague de désapprobation. Les grands groupes réalisent un beau tir groupé en se positionnant de la sixième à la neuvième place. Leader de ce bloc, Auchan progresse de 2 points (indice d'image 70) et se place juste devant Leclerc (indice 69, -5). Intermarché, huitième (indice 66, inchangé), et Carrefour-Promodes (indice 61, -7) bénéficient d'une image à peine moins bonne auprès des Français. Casino, qui perd dix points (57) est légèrement distancé par ses concurrents directs.
Traditionnellement dans le peloton de tête, la bonne image du secteur automobile dans l'opinion publique est confirmée. Au coeur de l'actualité, grâce au mondial de l'automobile qui se déroule actuellement à Paris, PSA - Peugeot - Citroën gagne deux places et se hisse sur la dernière marche du podium. Relativement épargné par la tourmente, l'image du groupe ne diminue que d'un point (indice 77). Il passe ainsi devant Renault, qui rétrograde en cinquième position (74, -9). Les deux premières places du palmarès restent la chasse gardée du secteur public. Bien que perdant 6 points, EDF repasse en tête (indice 79), devant le Gaz de France (77, -9).
Notons enfin la bonne performance du groupe Vivendi, le seul avec Auchan à enregistrer pour cette vague un gain d'image. La campagne de communication autour du rapprochement avec Universal-Seagram et la médiatisation de son Président, a certainement été bénéfique. Vivendi enregistre en tout cas la plus forte hausse en terme de notoriété (+7 points).

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  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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