Le virus de l'amour frappe davantage au travail qu'à la maison
Plus du quart des entreprises américaines ont été la semaine dernière exposées au virus informatique ILOVEYOU. Ce dernier s'est répandu comme une traînée de poudre jusqu'à des systèmes informatiques aussi sensibles et sécurisés que ceux du Pentagone. Les dégâts, difficiles à estimer, se chiffrent certainement à plusieurs milliards de dollars, surtout si l'on tient compte de la perte de temps de travail relatif à l'arrêt des ordinateurs pour éradiquer le virus. Près de la moitié (47%) des sociétés touchées ont en effet déclaré que les ordinateurs de leurs employés avaient été endommagés (fichiers perdus ou programmes détériorés). L'autre moitié a réussi à contrôler l'attaque du virus, mais 9% d'entre elles ont du stopper leur activité le temps que le virus soit éliminé, d'où des pertes en terme de productivité.
Les ordinateurs personnels ont en revanche été relativement épargnés par la lettre d'amour piégée. A peine 3% des personnes interrogées disposant d'un accès au réseau Internet depuis leur domicile ont déclaré que leur propre ordinateur avait été exposé au virus. D'après Edward Morawski d'Ipsos Reid New-York, la différence importante entre le nombre d'ordinateurs touchés dans les entreprises et au domicile s'explique essentiellement par le fait que le courrier électronique est bien plus fréquemment utilisé au bureau qu'à la maison. Les entreprises disposent de carnets d'adresses électroniques souvent très importants. La nature insidieuse du virus, qui se répand automatiquement en se dupliquant vers toutes les adresses du répertoire de l'ordinateur où il se trouve, explique la forte et rapide dissémination parmi les sociétés américaines.
D'autre part, ILOVEYOU pourrait bien faire encore plus de dégâts qu'on ne l'imagine. Le virus, et toute la publicité qui l'accompagne sont en effet susceptibles de refroidir les internautes dans leur utilisation du Net, ou tout du moins les rendre plus prudents. La moitié des Américains interrogés pensent en effet que "les virus informatiques représentent une menace sérieuse pour le développement d'Internet et de son utilisation" (alors que 46 % les considèrent simplement "dangereux ponctuellement, sans qu'ils remettent en cause le développement futur d'Internet"). On peut cependant estimer que la médiatisation liée à cette affaire aura certainement un impact, à l'heure où se développe de plus en plus le commerce électronique. Nul doute que les sociétés d'informatiques vont devoir redoubler d'efforts pour sécuriser la toile.
Egalement sur Internet
Les risques de l'amour viral : les "Hyper-Nouvelles de la planète", la revue de presse internationale d'Eric Dupin sur le site du quotidien Libération est consacrée cette semaine aux répercussions du virus ILOVEYOU.