L'écart se réduit entre Jacques Chirac, Lionel Jospin, et Jean-Marie Le Pen (dernière intention de vote avant le premier tour)
La dernière enquête d'intentions de vote Ipsos-Le Figaro-Europe1 réalisée avant le premier tour de la présidentielle laisse présager d'un duel Chirac-Jospin au second, et ce malgré la forte progression de Jean-Marie Le Pen en fin de campagne. Il convient toutefois de rester prudent puisque à deux jours du scrutin, plus de quatre électeurs sur dix, certains d'aller voter, hésitent encore.
Jacques Chirac, Lionel Jospin, Jean-Marie Le Pen : la dernière enquête réalisée par Ipsos avant le premier tour permet sans trop de risque de pronostiquer les trois candidats en tête au soir du premier tour. Plus délicat en revanche de trouver l'ordre de ce tiercé. Si Jacques Chirac est arrivé en tête de toutes les intentions de vote premier tour mesurées depuis janvier, la poussée des "petits candidats" en fin de campagne lui vaut d'enregistrer des scores à chaque fois décroissants sur toutes les enquêtes d'avril. Il est aujourd'hui crédité de 20% d'intentions de vote, soit le niveau le plus faible jamais enregistré en sa faveur. Le chef de l'Etat ne possède aujourd'hui plus que deux points d'avance sur Lionel Jospin, dont la chute dans les intentions de vote s'est arrêtée (18%). Il reste que ce 18% est également le plus mauvais score enregistré par le candidat socialiste de toute la série d'intentions de vote réalisée par Ipsos.
Les deux têtes de l'exécutif ne sont ainsi pas parvenues à se mettre définitivement à l'abri d'un retour de Jean-Marie Le Pen. Même si la qualification pour le second tour du leader du Front National serait une surprise, la fin de campagne lui est très favorable. Passé de 9% d'intentions de vote fin mars à 14% aujourd'hui, il devrait terminer le jour du scrutin très près de la deuxième place. Lionel Jospin en particulier ne dispose aujourd'hui plus que de quatre points d'avance. Reste à savoir si la publication des derniers sondages ne va pas mobiliser un électorat socialiste pour l'heure toujours assez peu enclin à supporter son candidat dès le premier tour (dans notre échantillon, moins de la moitié des proches du PS se prononceraient pour Jospin dimanche prochain).
Le fossé s'est en revanche creusé derrière ces trois hommes. Les intentions de vote en faveur d'Arlette Laguiller sont passées de 11 à 7% en une semaine. Cette baisse profite certainement en partie à Olivier Besancenot, qui bénéficie lui aussi d'une dynamique de fin de campagne particulièrement favorable. Le candidat de la Ligue Communiste Révolutionnaire qui n'avait jamais dépassé 1% d'intentions de vote depuis janvier, s'est retrouvé crédité de 2,5% des intentions de vote en début de semaine, et 4% aujourd'hui, soit le même score qu'Alain Madelin, et un point de moins que Robert Hue (5%). Si les choses en restaient là, l'extrême gauche obtiendrait dimanche les suffrages de plus d'un électeur sur dix. Comme l'extrême droite est aujourd'hui mesurée à 16,5% d'intentions de vote (Mégret est à 2,5%), la montée en puissance du vote protestataire, déjà enregistrée lors des dernières municipales, pourrait bien être la vraie nouveauté de cette présidentielle.
La baisse des intentions de vote en faveur d'Arlette Laguiller a été brutale, celle concernant Jean-Pierre Chevènement a été beaucoup plus régulière. Petit à petit, le candidat "souverainiste" a perdu la moitié de son électorat potentiel, pour figurer aujourd'hui dans un groupe de sept candidats mesurés entre 7 et 4% d'intentions de vote (par ordre décroissant : Laguiller, Chevènement et Mamère, Bayrou, Hue, Madelin, Besancenot). Derrière, les "petits candidats" profitent de la campagne officielle pour émerger.
Pas de changement en revanche dans les intentions de vote pour le second tour : Chirac conserve, depuis fin mars, deux points d'avance sur Lionel Jospin (51 / 49). Il faudra toutefois attendre, au soir du premier tour la première, enquête réalisée une fois les résultats connus, (publiée vers 22h30 dimanche sur Ipsos.fr) pour connaître plus précisément le rapport de force. Nul doute en effet que les résultats du premier tour influenceront les électeurs dans leur choix. D'ailleurs, plus du quart des personnes interrogées s'étant exprimées pour le second tour déclarent pouvoir encore changer d'avis. Une telle proportion peut faire basculer dans un sens ou dans l'autre un scrutin qui s'annonce par avance très serré. Les intentions de vote second tour sont d'autant plus fragile que la motivation de l'électorat pour l'une ou l'autre des deux têtes de l'exécutif décroît. Aujourd'hui, 39% de l'électorat souhaite la victoire de Jacques Chirac (-6 points en deux semaines), quand 42% souhaite qu'il soit battu (-2), et 19% préfèrent ne pas se prononcer (+ 8). Les proportions sont similaires à l'égard de la candidature de Lionel Jospin : 36% (-5) souhaitent sa victoire, 45% souhaitent qu'il soit battu (-2), 19% ne se prononcent pas (+7). Au second, l'électorat risque d'être davantage motivé par l'élimination d'un des deux candidats, que par le souhait de victoire de son favori.