Législatives : la droite fait la course en tête
Selon la dernière enquête Ipsos/Vizzavi pour Le Point, France 2 et Europe 1, la droite domine toujours dans les intentions de vote législatives, premier et second tour. Selon notre projection, elle disposerait, si les choses en restaient là, d'une majorité confortable de sièges à l'Assemblée.
A deux semaines du scrutin, l'intérêt des Français pour les prochaines législatives décroît, mais reste très fort. Environ 80% des électeurs se déclarent aujourd'hui "intéressés" par cette élection, soit une proportion plus faible que celle mesurée entre les deux tours de la présidentielle (87%), mais toujours nettement supérieure à ce que l'on relevait avant les législatives de 97 (66%). Le taux d'électeurs se déclarant aujourd'hui "certains d'aller voter", 82%, confirme d'ailleurs cet intérêt : l'abstention au premier tour de 1997 avait atteint 32% des inscrits. Même si les résultats de la présidentielle et la présence du Front National au second tour sont peut-être responsables d'une sous déclaration du "non-intérêt", voire d'une sous déclaration de l'abstention, on peut penser que la participation sera le 9 juin prochain supérieure à celle du premier tour des législatives de 1997.
La multiplication des candidatures (plus de 8000 candidats pour 577 circonscriptions) fait mécaniquement baisser les intentions de vote des principales formations. On constate ainsi par rapport à la dernière vague une légère diminution des intentions de vote en faveur des candidats de la gauche unie (de 37 à 35%), du fait surtout d'une dégradation du soutien pour les candidats "Verts" (de 7 à 5% en moyenne des intentions de vote). Aujourd'hui, la gauche (PC-PS-DivGauche-Verts) est donc créditée d'un niveau d'intentions de vote assez en retrait par rapport à 1997 (41%).
Phénomène symétrique à droite, où l'on mesure une baisse des intentions de vote en faveur des candidats de l'Union pour la Majorité Présidentielle (autour de 32%, - 3 points par rapport à la dernière vague), partiellement compensée par la progression des intentions de vote en faveur des candidats divers droite, qui passent de 1 à 3%. Les candidats de l'UDF sont eux crédités de 3 à 4,5% d'intentions de vote. Au total, avec 39% d'intentions de vote, soit trois points de plus que son score de 97, la droite parlementaire domine toujours la gauche dans le rapport de force premier tour.
Contrairement à la tendance révélée lors de la présidentielle, on n'enregistre pas pour l'instant de progression significative de l'extrême droite par rapport à 97. A eux deux, le Front National (13% d'intentions de vote) et le Mouvement National Républicain (1,5%) obtiendraient aujourd'hui une part de suffrages assez proche du score du FN en 1997 (14,9%).
Les intentions de vote second tour confirment la tendance favorable à la droite. En cas de duel droite-gauche au second tour, la droite reste assez largement favorite, avec 53% d'intentions de vote, contre 47% pour la gauche. Si l'écart semble se resserrer quelque peu (il était de dix points, 55/45, dans notre enquête de la semaine dernière), le rapport de force s'est inversée par rapport à 1997 (52/48 pour la gauche). En cas de triangulaire, les intentions de vote sont encore, contrairement à 1997, globalement favorables à la droite.
La modélisation en sièges, élaborée à partir de l'historique électoral de chaque circonscription et des données du sondage, donne entre 347 et 388 sièges à la droite parlementaire, contre une fourchette de 167 à 208 sièges à la gauche, et de 0 à 4 sièges pour le FN. Si les choses en restaient là, la droite bénéficierait donc d'une confortable majorité à l'Assemblée (la majorité absolue est à 289 sièges). Les souhaits (48% des personnes interrogés souhaitent la victoire de la droite, 39% celle de la gauche) et les pronostics de victoire (seulement une personne sur cinq pense que la gauche va gagner) confirment d'ailleurs cette tendance favorable à la droite parlementaire.
A la vue de ce sondage, une victoire de la gauche dans quinze jours est donc difficile à percevoir. Les choses peuvent bien sûr assez largement évoluer dans la dernière ligne droite de campagne, en donnant en particulier plus de lisibilité aux programmes des différentes formations. La crédibilité du projet de gouvernement proposé par la gauche est en effet un autre signe de faiblesse. Près d'un interviewé sur deux (49%) pensent en effet aujourd'hui que la gauche n'a pas de projet crédible à proposer, contre 45% d'avis contraire ; même au sein de la gauche unie, plus du tiers des sympathisants Verts doutent de la crédibilité du projet (contre 60% de jugement opposé).