L’électorat UDF-RPR majoritairement hostile à des accords avec le FN

Avant le scrutin régional du 15 mars, une nette majorité de Français - mais aussi de sympathisants UDF et RPR - étaient opposés à une entente entre la droite et le Front national.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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Les alliances nouées, dans plusieurs régions, entre la coalition UDF-RPR et le Front national étaient rejetées, dans leur principe, par une nette majorité des électeurs de droite. Telles étaient les indications fournies par toutes les enquêtes d’opinion réalisées, sur ce sujet, avant le scrutin du 15 mars.

Selon un sondage Ipsos-le Point (1), dans le cas où " au soir des élections régionales, dans votre région, la gauche obtient davantage d’élus que l’UDF-RPR, mais n’atteint pas la majorité absolue des sièges ", 16% des Français souhaitaient " que l’UDF-RPR s’allie avec le Front national pour obtenir la présidence de la région " mais 65% que l’opposition nationale " ne s’allie pas avec le Front national et laisse la gauche présider la région ". Ce refus d’une connivence avec l’extrême-droite était largement partagé par les sympathisants de l’opposition. Seulement 23% des proches de l’UDF (contre 62% d’opinions inverses) préféraient une alliance avec le FN. Ce n’était également le cas que pour 22% de ceux du RPR (contre 65%).

Une enquête Ifop-VSD (2) était tout aussi sévère pour les partisans d’une entente entre la droite et son extrême. Elle ne trouvait que 14% de personnes interrogées pour souhaiter avoir " à la tête de votre région " " une majorité de droite composée de l’UDF, du RPR et du FN ". L’hypothèse d’une majorité UDF-RPR remportait 29% des préférences et celle d’une majorité PS-PC-Verts 43%. Il est à noter que, dans cette enquête, uniquement 12% des sympathisants de droite déclaraient leur préférence pour une alliance UDF-RPR-FN.

Une troisième étude, réalisée par BVA pour L’Evénement du Jeudi (3) indiquait également que la thèse d’une alliance entre la droite parlementaire et le parti de Jean-Marie Le Pen était fort impopulaire. A propos des élections cantonales et régionales de ce printemps, seulement 14% des personnes interrogées voulaient que l’opposition " s’allie " avec le FN, 27% qu’elle " l’ignore " et 46% qu’elle " le combatte ". Les souhaits d’alliances ne dépassaient pas 17% chez les sympathisants de l’UDF et 15% chez ceux du RPR. Ils s’élevaient, par contre, à 64% parmi les proches du FN. Nul doute que l’électorat frontiste se réjouira beaucoup plus des alliances régionales passées entre la droite et le FN que les sympathisants UDF ou RPR. Même si la levée du tabou engendrée par l’élection de certains présidents de conseils régionaux, ce vendredi 20 mars, peut provoquer une évolution ultérieure de l’opinion des électeurs de droite à ce sujet.

(1) 852 personnes interrogées les 23 et 24 janvier 1998.
(2) 941 personnes interrogées les 19 et 20 février 1998.
(3) 951 personnes interrogées les 17 et 18 octobre 1997.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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