Les Algériens critiques envers la politique de Bouteflika

L'enquête réalisée par l'agence Acom pour le quotidien algérien El Watan dresse un bilan assez peu flatteur de l'action du président Abdelaziz Bouteflika après deux ans au pouvoir. Les Algériens aspirent également à une plus grande liberté d'expression dans leur pays.

Les résultats du sondage Acom-El Watan ne laissent planer aucune ambiguïté : les Algériens sont déçus par les deux ans au pouvoir d'Abdelaziz Bouteflika. C'est sur le plan économique que les jugements sont les plus sévères. En majorité, les Algériens ne sont "pas satisfaits de la politique menée par le président dans les domaines de l'emploi" (45%, contre 41% de "satisfaits", 14% préférant ne pas se prononcer), ni surtout du logement (51%, contre 38% de "satisfaits", 11% de "sans opinion"). Plus généralement, la relance économique, pourtant au cœur du programme de chacun des trois gouvernements qui se sont succédés depuis deux ans, n'a pas convaincu. A peine un Algérien sur cinq se déclare aujourd'hui "satisfait des réformes économiques", contre 43% de "non satisfaits", et un tiers de "sans opinion", et ce malgré le léger mieux des chiffres du commerce extérieur, du fait d'une recette pétrolière record en l'an 2000.

Pour chacune des questions posées, on constate d'ailleurs des taux de "sans opinion" particulièrement élevés, relativement à ce que l'on a l'habitude d'enregistrer en Europe. Nombreuses sur les questions relatives aux préoccupations individuelles (chômage, logement), les non-réponses sont encore plus fortes lorsqu'on interroge les Algériens sur des problématiques plus collectives.Des situations personnelles délicates expliquent sans doute au moins pour partie le désintérêt face aux problématiques plus globales. Bien que s'exprimant sous couvert de l'anonymat, la peur est peut-être également responsable du refuge dans la non-réponse. Près de trois Algériens sur dix préfèrent par exemple ne pas se prononcer quant à la politique algérienne en matière de liberté d'expression, contre 37% de satisfaits et 34% d'insatisfaits. En revanche, lorsqu'ils s'expriment directement sur ce thème, sans avoir à qualifier la politique du président, 70% des personnes interrogées s'accordent à dire que Bouteflika doit "libérer les médias" (contre 11% d'avis contraires, 19% ne se prononçant pas), un taux qui témoigne de l'ampleur de la frustration des Algériens.

Malgré la répétition des massacres et des attaques terroristes, la "situation sécuritaire" est le seul domaine où le bilan du président est bien perçu par plus d'une personne sur deux (52% de satisfaits, contre 34% d'avis contraire).Pourtant, 37% des interviewés n'approuvent pas "la grâce amnistiante accordée par le président aux terroristes", contre 31% d'avis contraires, qui pensent certainement que cette amnistie est un pas vers la paix. A la veille du deuxième anniversaire de son arrivée au pouvoir, l'action du président est donc loin de faire l'unanimité, mais son capital de sympathie n'a pas tout à fait disparu. Quatre Algériens sur dix le trouvent tout de même "convainquant lors de ses interventions publiques", alors que 31% le jugent plutôt "démagogique" et 29% ne prêtent à ses interventions aucun des deux qualificatifs. Par ailleurs, 40% des sondés estiment "que Bouteflika n'arrive pas à faire avancer le pays parce qu'il n'a pas les mains libres", contre 19% qui pensent que c'est parce que sa démarche est confuse. Cette fois, le fort taux de non-réponses (41%) est certainement à mettre sur le compte de la subjectivité de la question posée.

Préoccupés par un quotidien difficile, les Algériens semblent ne plus trop croire au pouvoir politique pour améliorer leur sort. Une hypothétique "élection présidentielle" verrait Bouteflika obtenir 42% des suffrages, un quart des personnes interrogées préférant ne pas voter pour lui, les autres (soit une personne sur trois) ne se prononçant pas. Le désaveu est donc limité, même si l'on est tout de même loin du plébiscite obtenu par le président pour le référendum sur la concorde civile.

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