Les Américains tentés de punir Saddam Hussein (février 1998)
La politique de Bill Clinton à l’égard de l’Irak bénéficie d’un soutien croissant auprès des Américains bien qu’ambigu.
L’opinion américaine est apparemment favorable à une intervention militaire des Etats-Unis en Irak. Selon la dernière enquête USA Today-CNN Gallup, réalisée du 13 au 15 février auprès de 1014 personnes, 76% des Américains (contre 19%) approuveraient que les " forces militaires des Etats-Unis exécutent des attaques aériennes contre l’Irak si le gouvernement américain le décidait". Encore convient-il de préciser que cette question a été posée après la suivante : " Pensez-vous que Saddam Hussein représente une menace pour la paix mondiale ? " Question à laquelle 89% des sondés répondent par l’affirmative... Soulignons, par ailleurs, que la même enquête montre qu’une majorité d’Américains (54% contre 41%) considère toujours que les Etats-Unis doivent " continuer à user de la diplomatie " pour résoudre cette crise plutôt que d’" entreprendre une action militaire ".
Il n’empêche que le soutien à la politique irakienne de Clinton semble bien avoir progressé au cours des derniers jours. Toujours selon Gallup, elle est désormais approuvée par 65% des Américains (contre 27%) alors que ce taux n’était que de 48% (contre 40%) lors d’une enquête précédente réalisée les 24 et 25 janvier. Notons tout de même qu’une assez forte minorité d’Américains (45% contre 55%) suspectent le président de chercher, à l’occasion de cette crise, à faire oublier l’affaire Lewinsky. Et qu’une majorité relative fait moins bien confiance à Bill Clinton qu’à George Bush pour " régler une crise impliquant l’Irak ".
Une enquête CNN-USA Today-Gallup, réalisée du 30 janvier au 1er février auprès de 500 personnes, avait pourtant montré que les Américains étaient quelque peu inquiets à l’idée d’une intervention militaire isolée de leur pays. Ils étaient 50% (contre 46%) à appuyer une " frappe militaire américaine si d’autre pays y participent ". Mais une majorité (52% contre 45%) s’opposaient à une action " sans les autres pays ".
Un autre sondage, réalisée du 29 au 31 janvier pour le Los Angeles Times auprès de 1314 personnes, mettait l’accent sur le désir des Américains d’en finir avec Saddam Hussein lui-même. En cas de frappe militaire sur l’Irak, 68% estimaient que l’objectif de l’attaque aérienne devait être " de lui ôter le pouvoir " et seulement 24% de le " forcer à coopérer ".
Les sondages montrent que les femmes, les électeurs libéraux ou indépendants sont sensiblement moins favorables à une nouvelle intervention militaire en Irak. Après le discours d’explication du président des Etats-Unis, le mardi 17 février, le mouvement de protestation contre un bombardement de l’Irak s’amplifie dans certains secteurs de l’opinion. Des responsables catholiques et protestants ont mis en garde contre une telle action. " Le problème avec l’Irak ne sera pas résolu par une campagne aérienne ", a même déclaré un ancien directeur de la CIA, John Deutch. Le débat sur la crise irakienne, diffusé mercredi 18 février, sur la chaîne américaine d’information CNN a d’ailleurs, de l’avis des observateurs, desservi la cause des partisans d’une frappe militaire contre l’Irak.