Les animaux de compagnie au cœur du bien-être des individus

Aujourd’hui, plus de la moitié des foyers possèdent des animaux de compagnie. Loin de se réduire à de simples compagnons de jeu et de détente, ceux-ci apparaissent comme une source importante de bien-être au quotidien pour une majorité d’individus. C’est ce que nous explique Julien Potéreau, Directeur d’études au département Tendances et Insights, Ipsos Public Affairs, en s’appuyant sur l'Observatoire International des Bien-être(s)* (étude réalisée en 2009).

Quelle place les animaux de compagnie occupent-ils dans les foyers ?

Julien Potéreau : sur les sept pays de l’étude (France, Royaume-Uni, Allemagne, Espagne, Italie, Etats-Unis, Japon), 60% des foyers en moyenne possèdent aujourd’hui au moins un animal domestique. Ce score est assez proche d’un pays à l’autre, à l’exception du Japon où il est seulement de 41%. Sans surprise, les animaux de compagnie les plus fréquents sont le chien (31% des foyers) et le chat (28%), loin devant les autres catégories (poissons, rongeurs, oiseaux).
A noter que le profil des maîtres diffère quelque peu selon le type d’animal. Par exemple, le chien se retrouve beaucoup plus souvent dans des foyers avec enfants et apparaît ainsi comme le compagnon typique de la vie de famille. A l’inverse, le profil de ceux qui possèdent un ou plusieurs chat(s) est nettement moins « marqué », on les retrouve de manière assez équilibrée dans toutes les catégories de la population (célibataires, couples, familles, retraités…).

Les animaux de compagnie contribuent-ils au bien-être des gens ?

JP : oui, il y a un accord largement partagé sur ce point. Tout d’abord, 68% des individus en moyenne estiment qu’avoir un animal de compagnie permet de se sentir mieux dans la vie ; ce score atteint même 82% aux Etats-Unis ! En toute logique, il est beaucoup plus fort chez ceux qui possèdent un animal domestique (85%), mais est déjà relativement important chez ceux qui n’en ont pas (45%).
Par ailleurs, nous testons dans l’étude plus de 50 situations de la vie quotidienne, que nous classons en fonction du niveau de bien-être qu’elles apportent aux individus. Cette question fait apparaître que les facteurs clés du bien-être sont des situations liées à la vie relationnelle (partager des moments en famille, avec ses amis…) et au repos, à la relaxation (dormir, prendre une douche…). Mais on constate que pour les personnes concernées, « consacrer du temps à ses animaux domestiques » apparaît juste derrière ces facteurs clés, en huitième position dans la hiérarchie. Sur une échelle de 1 à 10, 56% des propriétaires d’animaux domestiques attribuent à cette occupation une « note de bien-être » supérieure ou égale à 8. Les animaux de compagnie apparaissent donc bien ici comme une source majeure de bien-être pour de nombreuses personnes au quotidien.
Plus généralement, on observe que les individus qui ont des animaux domestiques dans leur foyer apparaissent comme plutôt plus heureux et plus épanouis dans leur vie que la moyenne.

Les animaux de compagnie sont-ils un bon antidote contre la solitude ?

JP : lorsqu’on regarde l’évolution du niveau de bonheur au cours de l’existence, on se rend compte qu’il y a des étapes de la vie où l’on est plus heureux et d’autres, au contraire, où l’on se sent moins bien. Cela est très corrélé au fait de vivre seul ou non : ainsi, ceux qui se déclarent moins heureux sont plus souvent des individus vivant seuls, qu’ils soient actifs ou retraités.
Or, quand on étudie plus en détails ces personnes, on constate que celles qui possèdent un animal de compagnie (et plus particulièrement un chien) se sentent mieux dans leur vie que les autres. Certes, l’effet de rattrapage n’est que partiel : la présence de l’animal ne compense pas totalement les effets de la solitude (à ce titre, l’étude permet de démontrer l’importance primordiale de la vie relationnelle pour optimiser le bien-être individuel) ; elle permet néanmoins de mieux s’épanouir lorsqu’on vit seul.

Quel est le statut du bien-être de l’animal ?

JP : nous avons demandé aux interviewés s’ils considéraient que le bien-être des animaux était aussi important que celui des hommes. Le consensus est massif : une grande majorité d’entre eux répondent par l’affirmative (79%), quel que soit le pays et y compris parmi ceux qui n’ont pas d’animal domestique. Ce chiffre éloquent illustre bien l’importance accordée au statut de l’animal dans nos sociétés et permet de mieux comprendre le développement depuis plusieurs années de services spécialisés de plus en plus variés pour animaux de compagnie.

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