Les banques alimentaires : de l'urgence à la dépendance
En 2003, 63 000 tonnes de produits alimentaires ont été collectées et distribuées gratuitement à 820 000 personnes, avec le concours de 4 800 associations de proximité. Des statistiques impressionnantes, à même de rassurer les 60% de Français qui estiment l'aide alimentaire "prioritaire par rapport à d'autres types d'aides, comme l'aide à l'emploi, au logement ou à la santé". Ou à les inquiéter... La moitié des Français juge en effet "inacceptable" que près de 3 millions de personnes aient recours à l'aide alimentaire en France, contre un tiers qui estime la situation "triste, mais inévitable", et tout de même plus d'une personne sur dix pour qui tout cela est "normal". L'opinion est plus tranchée lorsqu'on demande qui doit assurer cette aide. Pour les trois quarts des interviewés, c'est d'abord la responsabilité de "l'Etat et des collectivités locales" ; seule une personne sur cinq cite "les associations".
Cette enquête se complète d'une étude qualitative réalisée par Sasan Tajsham, étudiant en 3ème cycle de sociologie, auprès de 104 bénéficiaires de l'aide alimentaire. Son analyse met à mal certaines idées reçues. Dans deux cas sur trois, ce sont des femmes qui viennent chercher dans les structures d'aide le moyen de subvenir aux besoins de leur famille (deux enfants en moyenne). Une très large majorité a une formation et a occupé - ou occupe toujours - un emploi. Trois sur dix ont le bac. "Quand on a fait des études, c'est pas du tout ce qu'on attendait de la vie" ; "Pourquoi la France préfère donner à manger que du travail ?" ; "Je dirais que je sens que la pauvreté c'est pas normal... bon avec des salaires minables on s'en sort pas".
Guidé par les services sociaux des collectivités locales, ou de sa propre initiative, le recours aux banques alimentaires se fait en désespoir de cause. La démarche n'est pas facile - "Je dirais que c'est difficile…. C'était pour les enfants…. J'ai ma fierté". Au début, elle est ressentie comme une déchéance : "C'est un malaise profond, presque une perte d'identité" ; "C'est pas ma place" ; "Avant je venais pas, j'envoyais quelqu'un à ma place parce que j'avais honte". L'expérience devient pourtant vite incontournable "Plus on vient et plus c'est difficile d'en sortir". Effectivement, en moyenne sur la centaine de personnes interrogées, les bénéficiaires sont dans un dispositif d'aide alimentaire depuis 5 ans.
En matière de lutte contre les exclusions et d'aide aux plus démunis, diriez-vous que par rapport à d'autres types d'aides, comme l'aide à l'emploi, au logement ou à la santé, l'aide alimentaire est :

En France, près de 3 millions de personnes ont recours à l'aide alimentaire. Vous dites que :

Pensez-vous que le fait d'apporter une alimentation variée aux personnes démunies doit constituer un objectif :

Selon vous, l'aide alimentaire doit-elle être assurée en priorité par :

Fiche technique :
Etude effectuée gracieusement par l'Institut IPSOS pour la Fédération française des Banques Alimentaires, au cours du mois de septembre 2004 auprès de 1016 personnes représentatives de la population française.