Les craintes et les attentes des Français face au phénomène de la mondialisation

A l’occasion du colloque organisé le 16 avril par la Fondation Gabriel Péri sur le thème de la « transformation sociale à l’ère de la mondialisation », Ipsos a réalisé une enquête auprès des Français âgés de 18 ans et plus, pour mieux cerner l’image qu’ils ont de la mondialisation. Les résultats mettent en lumière leur inquiétude à son égard. Les Français attendent de la gauche un discours plus critique sur cette question, mais aussi des solutions pour contrôler ses conséquences actuelles.

La majorité des Français déclare avoir une opinion négative du processus de mondialisation

Pour un peu plus de la moitié des Français (54%), la mondialisation évoque quelque chose de plutôt négatif, contre 39% qui sont de l’avis contraire. Deux critères s’avèrent être ici particulièrement clivants : la proximité politique et l’âge des répondants.

En effet, la perception du phénomène de la mondialisation varie en fonction de la sympathie politique des personnes interrogées : 60% des sympathisants de la gauche parlementaire (dont 80% des proches du PC) ont une opinion négative de la mondialisation contre seulement 39% chez les sympathisants de la droite parlementaire. Deuxième élément clivant : l’âge des personnes interrogées. L’ensemble des catégories d’âge se montre critique à l’égard de la mondialisation (avec un pic chez les 35-59 ans) à l’exception des jeunes de 18 à 24 ans (55% d’entre eux estiment qu’il s’agit de quelque chose de positif). Fait intéressant, le niveau d’études et le niveau de revenu ne constituent pas ici des éléments clivants majeurs.

Les sociétés multinationales et les pays en voie de développement sont perçus comme les principaux bénéficiaires de ce processus

Cette perception négative du phénomène de la mondialisation s’explique certainement pour une part par le fait que, pour la majorité des Français, ce processus profite plus aux autres qu’à soi-même. En effet, une large majorité des répondants, quelle que soit la catégorie socio-démograhique considérée, estime que la mondialisation est une bonne chose pour les sociétés multinationales (78%) ou encore pour les pays en voie de développement (66% de l’ensemble, mais également 60% des sympathisants de la gauche parlementaire).

A l’inverse, seule une minorité des répondants considère que la mondialisation profite « aux gens comme eux » (38%) ou encore aux petites et moyennes entreprises françaises (28%).

Paradoxe : la mondialisation serait une bonne chose pour les pays développés (avis partagé par 57% des répondants) mais pas pour la France (45% estimant que la mondialisation est une bonne chose pour la France, 47% étant de l’avis contraire )….

L’Union européenne, principal rempart contre les effets de la mondialisation ?

Pour contrôler les effets négatifs de la mondialisation, les Français font avant tout confiance à l’Union européenne (60%, contre 37% qui en revanche ne le font pas). Les personnes accordant leur confiance à l’UE sont majoritaires dans toutes les catégories d’individu y compris chez les sympathisants de gauche (58%).

Ces résultats méritent cependant d’être relativisés : « seulement » 42% des personnes interrogées (et 37% des sympathisants de gauche) considèrent que la construction européenne est un moyen de se protéger de la mondialisation. Au contraire, pour 47% des Français, elle ne ferait que renforcer les effets de la mondialisation.

Environ un Français sur deux fait confiance aux organisations syndicales (52%, dont 71% des sympathisants de gauche) et aux mouvements anti-mondialisations (47%, dont 63% des sympathisants de gauche) pour agir de façon à contrôler les effets négatifs de la mondialisation.

En revanche, seule une minorité de Français accorde sa confiance dans ce domaine aux entreprises (34%), au gouvernement de Jean-Pierre Raffarin (33%) ou encore aux Etats-Unis (14%).

Acquis sociaux : un modèle français aujourd’hui menacé

Deux tiers des Français (66%) estiment que la France est aujourd’hui plus avancée que ses voisins européens en matière d’acquis sociaux. Cet avis est partagé par l’ensemble des catégories d’individu, même si les opinions sont plus mitigées chez les revenus modestes (« seulement » 55% d’entre eux partagent cet avis contre 76% chez les revenus supérieurs).

Aux yeux des Français, cela ne signifie pas pour autant que la France soit allée trop loin en matière de protection sociale. Ce dernier point de vue n’est en effet partagé que par 16% des répondants (dont seulement 23% des sympathisants de la droite parlementaire). Au contraire, 44% des Français (dont 52% des sympathisants de gauche et 55% des jeunes de 18 à 24 ans) considèrent que la France n’est pas allée assez loin dans ce domaine.

Les Français se montrent par ailleurs inquiets quant aux perspectives d’évolution dans le domaine du progrès social : deux tiers d’entre eux (67%) pensent que dans les années qui viennent, la France va régresser socialement. Aucune catégorie d’individu ne déroge à cet avis à l’exception des plus jeunes qui sont très partagés sur cette question.

Des attentes, modérées, à l’égard de la gauche

Dans un contexte de méfiance à l’égard de la mondialisation et de pessimisme quant aux perspectives d’évolution dans le domaine du progrès social, les Français restent néanmoins relativement « volontaristes » en matière de transformation de la société.

Presque un Français sur deux (47%, dont 56% des jeunes âgés de 18 à 24 ans et 57% des sympathisants de gauche) estime que l’Etat ne doit pas se limiter à assurer l’égalité des chances et qu’il doit en revanche intervenir de façon à garantir une distribution des richesses équitable.

Cela dit, les Français se montrent partagés en ce qui concerne les capacités des gouvernements de changer la société dans un contexte de mondialisation. Une courte majorité d’entre eux (52%) estime que les évolutions se font aujourd’hui à l’échelle mondiale et que les gouvernements en France ne disposent donc plus des moyens pour réformer la société. Il reste que 44% des répondants, dont 48% des moins de 35 ans et 52% des sympathisants de la gauche sont de l’avis contraire.

En ce qui concerne la gauche en particulier, 41% des Français considèrent que son discours sur la mondialisation n’est pas aujourd’hui assez critique. Cette proportion atteint même 48% chez les ouvriers et 56% chez les sympathisants de la gauche parlementaire (dont 67% chez les proches du PC). A l’inverse, 22% des répondants jugent ce discours trop critique et 26% suffisamment critique.

Cependant, la majorité des Français (60%) considère que les partis de gauche devraient se limiter dans les années qui viennent à proposer des solutions pour contrôler les conséquences de la mondialisation actuelle, seul un tiers d’entre eux (34%) estimant qu’elle devrait proposer un autre modèle de société. Signalons néanmoins que ces derniers sont plus nombreux chez les sympathisants de la gauche (40%, dont 57% des proches du PC).

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