Les enfants et internet : 56% des jeunes pensent pouvoir aller sur internet en toute impunité
Pour mieux cerner l’utilisation que font les enfants et adolescents d’internet, l’association e-Enfance a demandé à IPSOS de réaliser une enquête sur les habitudes des jeunes de 9 à 17 ans sur Internet (via l’ordinateur, le téléphone portable et la console de jeux). Cette étude a été réalisée en ligne en mars 2009 auprès d’un échantillon national représentatif d’enfants âgés de 9 à 17 ans.
Un très fort taux d’équipement et des possibilités de connexion très diversifiées
La très grande majorité des enfants de 9 à 17 ans bénéficient d’équipement variés qui peuvent être des moyens de connexion à internet. Ainsi 88% d’entre eux possèdent une console de jeux et 65% un téléphone mobile. Si l’âge ne constitue pas un critère discriminant pour la possession d’une console de jeux ( à l’exception des 15-17 ans qui sont un peu moins nombreux à en avoir une : 77%), il est au contraire déterminant pour la possession d’un téléphone mobile qui lui est étroitement corrélée : de ce fait, seulement 15% des enfants de 9 à 10 ans en ont un contre 56% des 11-12 ans, 74% des 13-14 ans et 98% des 15-17 ans.
Bien équipés, les enfants ont des moyens de connexion à internet très divers. L’appareil le plus utilisé est l’ordinateur familial (90% dont 66% « très souvent ») suivi de l’ordinateur personnel (43% dont 37% « très souvent »). Viennent ensuite un ordinateur situé dans un lieu public (42% l’utilisent dont 6% « très souvent » et 36% « parfois »), la console de jeux (33% dont 18% « très souvent » et 15% « parfois »), un ordinateur chez des amis (33% dont 3% « très souvent »et 30% « parfois ») et enfin le téléphone portable (30% dont 21% « très souvent » et 9% « parfois »).
Concernant les outils et applications utilisés par les enfants lorsqu’ils vont sur internet, la principale est la messagerie internet (80%). Suivent la webcam (68%), le blog (41%), le profil Facebook ou My Space (28%). 13% des enfants interrogés ont enfin plusieurs blogs.
Les usages d’internet par les enfants sont très nombreux et très divers
Les enfants ont également des usages très diversifiés d’internet. Les trois principaux sont les suivants : faire des recherches sur des sujets qui les intéressent ou pour leurs devoirs (91% dont 56% « très souvent »), communiquer avec leurs amis sur MSN ou une autre messagerie instantanée (80% dont 61% de « très souvent »), envoyer des mails à leurs amis ou à leur famille (79% dont 46% de « très souvent »). On peut ainsi noter qu’internet constitue pour eux un, voire le moyen privilégié de communication vers l’extérieur. Viennent ensuite le fait de regarder des vidéos sur You Tube ou Dailymotion (68%) et de jouer à des petits jeux rapides (68%).
Sont moins cités mais arrivent à des niveaux toutefois importants: l’animation de son propre blog (36%) la fréquentation de jeux en ligne type World of Warcraft ou Dofus (29%), le téléchargement de musique et /ou de films (28%), la mise à jour de son profil sur Facebook (25%), le fait de se faire de nouveaux amis (24%).
Seuls 7% des enfants déposent souvent ou parfois des vidéos qu’ils ont faites sur des sites tels que You Tube ou Dailymotion. Aucun des enfants interrogés déclarent jouer de l’argent sur des sites de jeux.
Des règles énoncées par les parents mais que les enfants avouent avoir la possibilité d’outrepasser : peu de contrôle et des conduites à risque avérées
Certes, l’écrasante majorité des enfants fait état de consignes parentales destinées à encadrer leur utilisation d’internet. Les trois principales sont destinées à prévenir d’éventuels contacts avec des personnes inconnues ce qui tendrait a priori à souligner le fait que les parents ont conscience des dangers que leurs enfants peuvent rencontrer sur internet. Ainsi 96% des enfants déclarent que leurs parents leur recommandent régulièrement de ne pas se rendre à un rendez-vous pris avec un inconnu sur internet sans en prévenir un adulte de confiance et de ne pas répondre aux messages de gens qu’on ne connait pas. 95% ont pour consigne de ne jamais dévoiler des informations les concernant (photos intimes, nom, adresse…).
Toutefois, au-delà des règles énoncées, l’enquête tend à montrer que de nombreux parents exercent peu de contrôle sur le respect de ces règles. De fait, les enfants jouissent d’une grande autonomie sur internet et ont le sentiment d’une certaine « impunité ». 64% vont seuls sur internet. Seuls 24% le font avec un de leur parents à leurs côtés et 11% avec un de leurs frères et sœurs, ces derniers ne constituant pas toujours une « surveillance » très sûre. 44% déclarent avoir accès à un ordinateur sans contrôle parental et 55% à un appareil (ordinateur ou téléphone mobile) sans contrôle parental. 9% ont déjà contourné un logiciel de contrôle parental et 14% ont la possibilité de le faire. En conséquence, plus d’un enfants sur deux a le sentiment de pouvoir faire ce qu’il veut sur internet sans que ses parents le sachent. 7% le font même déjà.
Les comportements à risque sont de fait très nombreux : 33% déclarent que l’accès à leur profil Facebook ou My Space n’est pas limité et que l’ensemble des membres de ces réseaux sociaux peuvent consulter les informations, souvent très personnelles, qui s’y trouvent. Plus grave, deux enfants sur dix envisageraient également de se rendre à un rendez-vous avec une personne inconnue qu’ils auraient rencontrée sur internet et 10% des enfants déclarent discuter souvent ou parfois sur des forums ou des chats avec des inconnus
Les règles elles mêmes font l’objet d’un respect modéré. 65% des enfants ne respectent pas au moins une règle édictée par leurs parents et que 28% n’en respectent pas au moins deux. Or les règles testées par Ipsos et e-enfance sont des mesures de sécurité fondamentales dont le non-respect peut potentiellement entraîner une confrontation avec de réels dangers. Autre illustration du peu de contrôle de nombreux parents, près d’un enfant sur quatre avoue aller jouer à des jeux vidéo la nuit quand tout le monde est couché (24%)
En ce qui concerne les usages du téléphone mobile, là encore le niveau de contrôle des parents laisse à désirer. Les consignes et vérifications relatives à l’utilisation du téléphone portable sont nettement moindres. Près de 3 enfants sur 10 avouent ne pas avoir de consigne de la part de leurs parents pour ne pas répondre à des appels de personnes inconnues sur leur mobile. De même, ils ne sont que 49% à déclarer que leurs parents limitent la durée d’utilisation de leur téléphone portable. Plus grave, ils sont 69% à avouer que leurs parents ne vérifient pas qui ils appellent et qui les appellent.
Près de 3 enfants sur 10 avouent avoir déjà été confrontés à une situation dangereuse
Les enfants se sentent concernés par plusieurs dangers que l’on peut rencontrer sur internet. Si une minorité d’entre eux y a été effectivement confrontée, un certain nombre pensent pouvoir vraisemblablement l’être. La confrontation à des images choquantes est le danger le plus cité. 16% des 15-17 ans ont été choqués par des images de violence ou de haine (45% pensent pouvoir y être confrontés) et 12% par des images pornographiques (37% pensent pouvoir être confrontés). 20% des 9-14 ans ont été confrontés à cette situation et 42% de cette même classe d’âge l’envisagent. Les invitations par mail à des jeux payants constituent également une situation à laquelle les enfants ont déjà été confrontés (25% pour les 15-17 ans et 18% chez les 9-14 ans) ou à laquelle ils sont susceptibles de l’être (respectivement 31% et 32%). 29% des enfants déclarent avoir été confrontés à une des situations potentiellement dangereuses énoncées au cours de l’entretien et ce en dehors des mails invitant à des jeux payants.
Des situations d’autant plus dangereuses qu’elles sont survenues lors d’utilisation anodine d’internet et qu’un enfant sur quatre n’en parle pas à ses parents
On peut noter que ces incidents sont survenus à un moment particulièrement banal, ce qui laisse entendre qu’ils peuvent survenir « n’importe quand ». Ainsi 49% des enfants faisaient des recherches lorsque cela leur est arrivé, 26% regardaient des vidéos sur Dailymotion ou You Tube. Les dangers interviennent donc à des moments anodins où le danger n’était potentiellement pas attendu.
Près d’un quart des enfants (24%) ayant été confrontés à un incident n’en ont pas fait état à un de leurs proches. Ces résultats montrent surtout qu’au sein de la population des enfants confrontés réellement à un danger, le problème vécu ne fait pas assez souvent l’objet d’un dialogue, voire d’une dénonciation.
L’enquête montre surtout à quel point ces dangers sont encore aujourd’hui très certainement sous-évalués par les enfants. Près de la moitié des enfants interrogés pensent que surfer sur internet n’est pas risqué.
Le temps passé aux jeux vidéo est un sujet de dispute pour un enfant sur quatre
On peut noter un certain impact des jeux vidéos sur la vie familiale et sociale des enfants qui y jouent. Ainsi, ces derniers constituent un sujet de dispute avec ses parents pour un enfant sur quatre (26%). De même, près de deux enfants sur dix déclarent préférer jouer aux jeux vidéos plutôt que de passer du temps avec ses amis ou sa famille et trois enfants sur dix n’ont pas de préférence à ce sujet.. Enfin, trois enfants sur dix estiment que leur vie serait plus ennuyeuse sans les jeux vidéos.