Les euroleaders croient au commerce électronique

Ipsos a mené pour le Cabinet Euro RSCG une étude européenne sur l'utilisation par les euroleaders (*) du réseau Internet, et plus précisément sur leur vision du commerce électronique. Selon eux, le 'e-trade' devrait dépasser le commerce traditionnel d'ici dix ans.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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Si les leaders européens sont encore réticents à utiliser Internet, ils sont néanmoins conscients de l'importance croissante du web. Actuellement, seulement quatre décideurs européens sur dix disposent d'un accès au réseau mondial pour leur activité professionnelle, et trois sur dix ont un accès dans leur foyer. Ces faibles taux masquent néanmoins de réelles disparités entre les pays concernés par l'étude. En Grande-Bretagne, le pays européen où le marché de l'Internet semble être de loin le plus mature, la moitié des personnes interrogées dispose d'un accès à la fois sur leur lieu de travail et au foyer. Les leaders allemands sont à peine moins bien équipés, avec 49% de personnes connectées au travail (contre 51% de non-connectées), et un tiers de personnes équipées à la maison. En revanche, la France, l'Italie et l'Espagne sont plus à la traîne. Seulement un tiers des leaders est connecté sur son lieu de travail, et moins d'une personne sur quatre dispose d'un accès Internet au foyer.

Pourtant, parmi les personnes disposants d'au moins un accès Internet (bureau ou foyer), six sur dix l'utilisent professionnellement de façon intensive, à savoir plusieurs fois par semaine. Trois "internautes" sur dix vont jusqu'à "surfer" pour leur travail plusieurs fois par jour. Parmi ceux qui en ont la possibilité, rares sont ceux qui n'utilisent jamais le réseau (14%). Les utilisateurs les plus assidus de l'Internet "professionnel" sont les Italiens et les Espagnols, alors que les Français s'en servent moins souvent. Les différences entre les pays sont encore plus significatives en ce qui concerne Internet à la maison. Largement en tête, 70% des leaders britanniques et espagnols qui en ont la possibilité se connectent plusieurs fois par semaine. Les leaders français, allemands et Italiens se connectent un peu plus rarement.

Les internautes au travail utilisent principalement le réseau mondial pour rechercher des informations (94%) ou échanger des e-mails (93%). Plus de trois personnes sur quatre passent également par Internet pour échanger des fichiers. Parallèlement, l'usage professionnel du commerce électronique intéresse déjà un tiers des personnes connectées. Cette hiérarchie d'utilisation est la même lorsqu'il s'agit d'un usage personnel, bien que d'un emploi légèrement moins intensif. A la maison aussi, le tiers des sondés surfe à la recherche de produits ou de services.
Cette étude permet d'identifier un certain nombre de freins au développement du commerce via Internet. L'entreprise qui propose ses produits se heurte aux "problèmes de sécurité dans les transactions" (pour 20% des sondés). Le manque d'équipement des foyers est un problème soulevé par 16% des interviewés, principalement en Espagne et en Italie. Le prix du téléphone (12%) ou encore la méconnaissance de l'offre (10%) sont les autres obstacles les plus souvent cités par les leaders européens.

Le consommateur rechigne lui aussi à envoyer son numéro de carte bleue sur le réseau, et craint "l'insécurité des transactions" (selon 22% des réponses). Les décideurs identifient aussi une préjudiciable "absence de contact avec le vendeur" (15%), ou encore les craintes concernant le SAV (13%) ou la livraison des produits (10%).

Malgré ces freins, les " euroleaders " sont résolument optimistes sur le potentiel de développement du commerce électronique. Ils y voient des avantages pour l'entreprise, comme pour le consommateur. Pour l'entreprise, l'intérêt principal réside, pour plus d'une personne sur quatre, dans sa nouvelle capacité à toucher un public "mondial". Une personne sur cinq loue la rapidité des transactions, alors que d'autres jugent appréciable la suppression d'intermédiaires entre l'entreprise et son client (12%). De plus, le fait de proposer et de vendre des biens et services sur Internet a selon 76% des leaders un impact positif sur l'image de l'entreprise, un impact positif également sur son chiffre d'affaires, (pour 70% des personnes interrogées), ses relations avec ses clients (70%), ou même ses distributeurs (58%).

Le consommateur devrait quant à lui apprécier le service "à domicile" (23% des réponses) et le gain de temps (19%). En bons connaisseurs d'Internet, les leaders-internautes vantent aussi la possibilité pour le consommateur de pouvoir facilement comparer les prix (16%) - certains sites se chargent d'ailleurs de le faire pour vous - et donc d'avoir accès à des produits meilleur marché (11%).

Le commerce électronique devrait, selon les euroleaders, se développer dans un premier temps dans le secteur des banques et des assurances (22% des réponses). Il est vrai qu'avec l'essor de la bourse en ligne, une large part des instituts financiers proposent déjà leurs services sur Internet, où le client peut de chez lui gérer son portefeuille d'actions, consulter ses comptes ou effectuer des transactions. Le deuxième secteur le plus prometteur, d'après les personnes interrogées, est celui du tourisme (20% des réponses). On pense aussi aux produits informatiques (15%), au domaine de la culture et du loisir (14%), à la grande distribution (9%) et même à l'automobile (6%).

Une offre en somme particulièrement large et variée, pour un e-trade qu'il faudra suivre de près : les euroleaders croient tellement au développement du commerce électronique que 48% d'entre eux estiment qu'il sera tout simplement majoritaire par rapport au commerce traditionnel d'ici dix ans (contre 41% d'avis contraire). Si tel est le cas, malheur aux entreprises qui n'y auront pas cru. Actuellement, 61% des euroleaders salariés travaillent dans une entreprise qui dispose déjà d'un site Internet et 55% côtoient au travail une personne directement responsable d'Internet pour son entreprise. Quel que soit leur secteur d'activité, la majorité des entreprises semble donc prendre le commerce électronique très au sérieux, et semblent décidées à se donner les moyens d'une entrée réussie sur le réseau mondial.

(*) dix questions posées à un échantillon représentatif de la population de chaque pays ont permis d'isoler 130 "leaders" par pays, parmi lesquels on distingue encore les écoleaders (position dominante sur des critères plutôt économiques) et les opileaders (position influente en terme d'opinion). Les leaders possèdent plusieurs des caractéristiques énumérées suivantes : catégories socioprofessionnelles supérieures et/ou journalistes ; mandat politique, syndical ou à la tête d'une association de plus de 100 membres ; fréquence importante de lecture d'un quotidien ; fréquence des voyages aériens ; encadrement de personnes au sein de l'entreprise ; responsabilité d'un budget au sein de l'entreprise ; interviewé au cours des douze derniers mois ; a écrit un article au cours des douze derniers mois ; a été consulté sur l'actualité économique et politique ; capacité à s'appuyer sur un réseau de relations professionnelles.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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