Les Européens ne souhaitent pas la construction d'une Europe à plusieurs vitesses
L'enquête réalisée par Ipsos pour le Ministère des Affaires Européennes dans cinq pays de l'Union (France, Grande-Bretagne, Allemagne, Espagne et Italie) montre que les Européens souhaitent majoritairement que la construction européenne se fasse au rythme de l'ensemble des Etats Membres et non au rythme de quelques Etats "pionniers".
L'Europe politique et l'Europe monétaire restent les déterminants majeurs d'une possible identité européenne. 34% des Européens interrogés estiment ainsi qu'ils se sentiront citoyens européens le jour où il y aura un chef d'Etat élu par tous les Européens et 31% le jour où circulera la monnaie unique. En revanche, la constitution d'une armée européenne semble peu susceptible de développer un véritable sentiment d'appartenance (12%). On relèvera également que 15% des Européens estiment que rien ne pourra leur donner le sentiment d'être citoyen européen. Les Français placent l'Europe politique et l'Europe monétaire à égalité de citations (39%) alors qu'ils plaçaient l'an dernier l'Europe monétaire (46%) avant l'Europe politique (34%). Les Allemands et les Italiens placent l'Europe politique en premier alors que les Espagnols se distinguent en faisant de l'Europe monétaire (40%) une étape plus décisive que l'Europe politique (22%). Quant aux Anglais, une minorité non négligeable (36% pour, par comparaison, 12% en France) reste réfractaire à toute idée de citoyenneté européenne.
Les Européens paraissent s'accorder sur la nécessité pour l'Europe de continuer à aller de l'avant. 42% souhaitent que le rythme de la construction européenne s'accélère, 37% préférant qu'il reste le même qu'aujourd'hui et seulement 13% souhaitant qu'il se ralentisse. On observe un clivage assez net entre pays latins et pays anglo-saxons : alors qu'une majorité des Français, des Italiens et des Espagnols se prononcent pour une accélération de la construction de l'Europe, une majorité d'Allemands et d'Anglais optent pour un rythme inchangé.
Surtout, les Européens expriment majoritairement leur refus d'une construction européenne à deux vitesses, signe probablement d'une forme de méfiance à l'égard d'une Europe qui serait moins homogène et encore moins unie. 54% estiment qu'il faut adapter le rythme de la construction européenne à celui de l'ensemble des Etats membres quitte à ce qu'il aille moins vite, 35% considérant à l'inverse qu'il faut désormais l'accélérer quitte à ce que cela ne concerne dans un premier temps que les pays qui le souhaitent. Les Français et les Italiens (respectivement 41% et 39%) sont les plus nombreux à envisager favorablement une construction européenne à deux ou plusieurs vitesses.
L'élargissement de l'Union à d'autres pays fait plutôt consensus au sein des habitants de l'Union. 61% des Européens interrogés y sont favorables, 32% y étant en revanche opposés. La résistance à l'ouverture est un peu plus forte en France (40%) que dans les autres pays.
Enfin, si, on l'a vu, les Européens souhaitent dans leur majorité une poursuite du processus d'unification, ils estiment également dans leur majorité que la construction de l'Europe ne doit pas se faire au prix de l'abandon de la souveraineté nationale. 52% des Européens interrogés estiment qu'il faut maintenir la souveraineté de leur pays même si cela doit conduire à limiter les pouvoirs en Europe alors que 37% jugent qu'il faut renforcer les pouvoirs de décision de l'Europe même si cela doit conduire à réduire la souveraineté de leur pays. L'attachement à la souveraineté est en hausse de 4 points par rapport à juin 1999. Sans surprise, les Anglais se montrent les plus " souverainistes " (67%) alors que les Italiens le sont le moins (36%). On remarquera également que le sentiment souverainiste progresse de 8 points en Allemagne (56%) alors qu'il reste stable en France (53%).