Les Européens ont le moral économique à plat

Sombres perspectives de consommation à la veille de Noël : à quelques jours des fêtes de fin d’années, les consommateurs des grands pays de l’Union semblent se figer dans l’attitude qui les caractérise depuis maintenant près de deux ans : défiance économique et attentisme. La dernière vague du baromètre européen Ipsos-Sofinco révèle encore un sentiment de pression financière et des réflexes d’épargne qui se généralisent ; en France, le moral des consommateurs bat des records de pessimisme.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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L'INDICE EUROPEEN DE LA CONSOMMATION SOFINCO-IPSOS
Vague 21 - Novembre 2003

Les Européens ont le moral économique à plat

Sombres perspectives de consommation à la veille de Noël : à quelques jours des fêtes de fin d’années, les consommateurs des grands pays de l’Union semblent se figer dans l’attitude qui les caractérise depuis maintenant près de deux ans : défiance économique et attentisme. La dernière vague du baromètre européen Ipsos-Sofinco révèle encore un sentiment de pression financière et des réflexes d’épargne qui se généralisent ; en France, le moral des consommateurs bat des records de pessimisme.

  • L'analyse
  • L'indice Europeen de la consommation
  • Résultats du baromètre
  • Question complémentaire
  • Les consommateurs europeens et l'euro
  • Méthodologie
  • Un climat économique qui s’installe dans la morosité...

    Depuis mai dernier, l’indicateur global européen de propension à consommer perd 2 points ( indice 102, -2 points), atteignant son plus bas niveau depuis 1997. Cette vague marque ainsi la 6ième baisse consécutive de l’indice, qui peine véritablement à se rétablir depuis la forte chute qui avait marqué la fin de l’année 2002.

    Le moral des consommateurs reste au plus bas : seulement 37% (stable) des européens se déclarent aujourd’hui confiants dans la situation économique de leur pays contre 60% (stable) pessimistes. Ce pessimisme macro-économique touche l’ensemble des catégories de la population, à l’exception des britanniques (57% d’optimistes contre 38% de pessimistes) et les Espagnols (49% d’optimistes contre 43% de pessimistes). A l’inverse, le moral des Français continue de chuter : le tiers d’entre eux (33%, -8 points) seulement se déclare optimiste contre 65% (+8 points) de pessimistes. L’Allemagne reste dans une situation de pessimisme généralisé, même si la confiance regagne un peu de terrain : 22% (+8 points) de ses consommateurs se déclarent aujourd’hui optimistes quand ils pensent à l’évolution de la situation économique de leur pays.

    ...et impacte sensiblement le moral personnel des consommateurs

    Concernant l’appréhension de l’évolution de son propre niveau de vie, on atteint également des niveaux critiques : aujourd’hui, 48% (-3 points) des européens envisagent l’évolution de leur niveau de vie et de leur pouvoir d’achat avec optimisme contre 48% (+3 points) avec pessimisme. Pour la première fois depuis la création du baromètre, le solde d’optimisme est donc nul. Dans le détail, il est même négatif auprès des catégories traditionnellement les plus fragiles : foyers aux revenus modestes (-23) ; 45 ans et plus (-14) . Par ailleurs, on notera un fort décrochage des Italiens lors de cette vague (46% d’optimistes, -11 points) tandis que les Français restent traditionnellement les plus en retrait sur l’indicateur (39% d’optimistes, -2 points).

    Une envie de consommer qui marque le pas, notamment en France

    Manifestement, la défiance économique se répercute directement sur les envies de consommation des Européens, phénomène d’autant plus préoccupant que l’on sait par ailleurs que l’envie de consommer est particulièrement révélatrice des niveaux de consommation à venir en Europe.

    Aujourd’hui, seulement 61% (-1 point par rapport à novembre 2002) des Européens ont envie de dépenser, qu’il en aient ou non les moyens. Ce taux est le plus bas jamais observé sur l’indicateur, qui plus est à la veille de Noël. On notera par ailleurs que le manque d’envie de consommer par rapport aux années précédentes est particulièrement perceptible auprès des hommes (57%, -3 points) et des revenus supérieurs (58%, -5 points). Tout se passe comme si les catégories jusque là les moins touchées par les attitudes de prudence et de restriction de consommation étaient à leur tour gagnées par la frilosité économique ambiante.

    Si l’on aborde l’indicateur pays par pays, on constate que la baisse d’envie de consommer est particulièrement marquée en France (67%, -5 points) et en Grande-Bretagne (54%, -3 points). Dans ces deux pays, l’indicateur atteint son plus bas niveau depuis 1997. Les envies de consommer sont plus stables en Italie (74%, stable) et en Allemagne (58%, -2 points), même si elles restent à des niveaux bas pour la période. Enfin, les Espagnols sont les seuls à suivre une tendance inverse : 44% (+5 points) déclarent en effet avoir envie de consommer.

    Les intentions de consommation, reflets des envies de consommer en berne

    Dans ce contexte peu propice aux intentions de consommation, les différents postes de consommation mesurés dans l’étude tirent plus ou moins bien leur épingle du jeu. L’électroménager (11%, -2 points par rapport à novembre 2002) et la voiture (8%, -1 point) sont les postes les plus en retrait par rapport aux normes saisonnières. A l’inverse, les outils de bricolage/jardinage continuent de progresser (19%, +3 points) tandis que l’immobilier, la Hifi, les équipements informatiques et le mobilier restent stables. Les intentions d’achat baissent tout particulièrement auprès des Européens disposant de hauts revenus, en particulier pour les voyages (24%, -4 points) et la voiture (10%, -2 points).

    En France où, on l’a vu, les envies de consommer sont particulièrement en baisse, on soulignera des intentions d’achat de voyages en fort retrait (10%, -3 points), tandis qu’à l’inverse, l’immobilier résiste particulièrement bien à la frilosité ambiante (8% d’intention d’achat de maison ou d’appartement, +2 points). Par ailleurs, le phénomène « DVD/Home Cinéma » qui avait marqué Noël 2002 pourrait bien se renouveler cette année. En effet 15% (+1 point) des Français déclarent une intention d’achat dans le domaine de la TV/Hifi/Video.

    L’Euro : une opinion négative en voie de généralisation

    L’opinion vis-à-vis de l’Euro continue à se détériorer de manière régulière au fur et à mesure que l’on s’éloigne de sa mise en circulation : 60% des Européens (+4 points) estiment à présent que l’Euro présente plus d’inconvénients que d’avantages pour le consommateur, tandis que 30% (-4 points) défendent encore l’idée inverse.

    Les catégories « défenseuses » de la monnaie unique se font en effet de plus en plus rares. L’opinion à l’égard de la monnaie unique est majoritairement négative au sein de l’ensemble des pays européens, qui, à l’exception de l’Italie (84% d’opinions négatives, +3 points) présentent une belle homogénéité sur la question : 57% d’opinions négatives en France (+6 points), 56% en Allemagne (+7 points) et 57% (+2 points) en Espagne. Tout se passe comme si les pays jusque là soutiens de la monnaie unique se résignaient à rejoindre l’opinion des pays traditionnellement plus réservés sur la question. De même, certaines catégories de populations qui, en mai dernier, restaient encore positives sur la monnaie unique rejoignent la majorité négative : 55% des hommes (+5 points) et 55% (+6 points) des 15-24 ans voient désormais plus d’inconvénients que d’avantages dans la monnaie unique.

    Les revenus supérieurs restent aujourd’hui l’unique bastion de la monnaie unique, même si le clivage s’atténue : au global, 48% des européens disposant de revenus supérieurs voient dans l’Euro plus d’avantages que d’inconvénients contre 45% qui penchent plutôt pour l’opinion inverse. Le lien entre le niveau de revenu et l’opinion sur la monnaie unique est encore particulièrement perceptible en Allemagne où 62% des hauts revenus ont une opinion positive de l’Euro contre seulement 26% de ceux ayant des revenus plus modestes.

    Auteur(s)
    • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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