Les Européens se méfient de l'énergie nucléaire
Si seule une minorité de personnes interrogées par Ipsos pour " L’Express " dans quatre pays européens prône l’abandon total de l’énergie nucléaire, la majorité considère qu’il vaut mieux cesser de la développer.
La méfiance à l’égard de l’énergie d’origine nucléaire se répand en Europe. D’après une enquête effectuée par Ipsos pour L’Express, la majorité de l’opinion publique de quatre pays de l’Union est hostile au développement de ce type d’énergie, même si les réactions diffèrent très sensiblement d’un pays à l’autre.
Comme on pouvait s’y attendre, c’est en France que l’attachement au nucléaire, qui contribue pour 76% à la production d’électricité, est le plus fort. Près d’un cinquième des personnes interrogées sont favorables à ce " qu’on continue de développer l’énergie nucléaire ". La majorité penchant en faveur d’un prudent statu quo, seulement 22% des Français se disent partisans d’un abandon complet du nucléaire. C’est le chiffre le plus bas de tous les pays sondés.
Le pragmatisme des Allemands est plus surprenant dans la mesure où ce pays abrite de longue date une puissante contestation anti-nucléaire. La coalition actuellement au pouvoir en Allemagne est censée, sous la pression des écologistes, s’orienter vers un abandon de ce mode de production énergétique. Or cette option n’est défendue que par 28% des personnes interrogées. Les deux-tiers des Allemands préfèreraient que l’on " continue à faire fonctionner les centrales existantes ", une solution à laquelle pourrait se rallier le très souple Gerhard Schröder.
L’impopularité du nucléaire est plus communément répandue dans deux autres pays. L’opinion est particulièrement partagée au Royaume-Uni qui dépend de l’atome pour le quart de son électricité. Une forte minorité s’affirme clairement anti-nucléaire tandis qu’à l’opposé un quart des Britanniques sont clairement favorables au développement de ce type d’énergie. En Espagne, où le retrait du nucléaire est à l’ordre du jour, une majorité absolue de personnes interrogées accueillent positivement cette perspective.
Les Espagnols sont, au demeurant, ceux qui sont les moins confiants dans la " sécurité " de leurs centrales nucléaires. A l’inverse, Français et même Allemands ne s’inquiètent que très minoritairement à ce sujet. L’épineuse question de la gestion des déchets nucléaires suscite, elle, la méfiance de la majorité des Européens, à quelque pays qu’ils appartiennent. Souvenir de Tchernobyl aidant, " les installations nucléaires dans les pays de l’Est " font assez massivement peur. Cette enquête confirme enfin que le problème de l’utilisation civile de l’énergie nucléaire se prête difficilement au raisonnement argumenté. L’immense majorité des sondés reconnaissent d’ailleurs être " insuffisamment informés " de ces questions éminemment techniques.