Les Européens s'inquiètent pour la paix
La deuxième vague du baromètre "l'Europe et ses moyens de défense" réalisée par Ipsos pour l'European Aeronautic Defense and Space company (EADS), montre que la menace terroriste a ravivé les craintes des Européens concernant la paix sur le vieux continent. Plus encore que l’année dernière, ils souhaitent que se mettent en place des solutions européennes.
1. La perception des menaces pour la paix a progressé en Europe
La perception des menaces pour la paix a progressé et sa hiérarchie s'est modifiée depuis un an. Le terrorisme international est aujourd'hui la menace à laquelle les Européens dans leur ensemble sont les plus sensibles.
Ces derniers continuent de justifier largement l'intervention des forces armées dans des missions à la fois hors et dans les limites du territoire national
2. Un souhait renforcé pour des solutions européennes
Plus encore que l'année dernière, les Européens souhaitent voir se mettre en place des solutions européennes :
- pour la conception et l'achat d'équipements de défense performants et modernes,
- pour que les forces armées européennes disposent de la technologie et de l'équipement les plus modernes possibles,
- pour que l'Europe dispose d'une industrie de défense
performante, - pour disposer d'une capacité d'intervention indépendante des Etats-Unis,
- pour la politique de défense de manière générale.
3. Un accroissement du souhait d'augmentation des dépenses de défense
Les partisans d'une augmentation des dépenses consacrées à ces équipements et technologies de défense au sein de chaque pays gagnent pourtant du terrain pour faire aujourd'hui jeu égal avec ceux qui souhaitent un statu-quo.
1. La perception des menaces pour la paix a progressé en Europe
- La perception des menaces pour la paix a progressé depuis un an.
Consécutivement aux événements du 11 septembre 2001, la sensibilité des Européens aux menaces " pour la paix et la sécurité dans le monde ", déjà importante à la fin de l'année 2000, s'est encore accrue. Le sentiment que le terrorisme international, la montée des extrémismes, mais aussi, la prolifération nucléaire ou bactériologique ou le déséquilibre entre pays riches et pays pauvres pèsent sur la paix et la sécurité est partagé par des proportions encore plus importantes de la population des 5 principaux pays d'Europe. Ce sont aujourd'hui entre 71% (pour le terrorisme international, +14 points par rapport à 2000) et 54% (pour les déséquilibre entre pays riches et pays pauvres, +13) des Européens qui estiment que ces éléments représentent une menace " très importante " pour la paix et la sécurité dans le monde. - Parallèlement à cette progression générale, la hiérarchie de ces préoccupations s'est légèrement modifiée.
Logiquement, le terrorisme international est aujourd'hui la menace à laquelle les Européens dans leur ensemble sont les plus sensibles. C'est cet item qui connaît la progression la plus forte par rapport à décembre 2000. Les problèmes de prolifération nucléaire ou bactériologique dominaient en 2000 et sont aujourd'hui relégués en seconde position. Les motivations annoncées pour les attentats du 11 septembre ont sans doute également rendu moins vifs les souvenirs et les craintes liées aux " conflits pour les ressources naturelles ". Cette menace est aujourd'hui largement devancée par la question du déséquilibre entre pays riches et pays pauvres qui progresse de 13 points par rapport à décembre 2000. Ces mouvements sont respectés dans chacun des pays. La crainte des proliférations continue toutefois - de très peu - à dominer en Grande-Bretagne et en Allemagne. Mais dans ces deux pays, l'item " terrorisme international " est toutefois celui qui progresse le plus d'une année sur l'autre. - La montée des craintes extérieures se conjugue au besoin de sécurité global de plus en plus largement exprimé par les Européens. Ces derniers continuent de justifier largement l'intervention des forces armées dans des missions à la fois hors et dans les limites du territoire national.
Les interventions dans un cadre humanitaire restent les plus largement approuvées (94%), devant la défense du territoire national (91%), le maintien ou le rétablissement de la paix (86%) et la lutte contre le terrorisme. Ce nouvel item obtient dans cette vague d'enquête de 2001 un score de 84% de justification. Au dernier rang de la liste, l'intervention en réponse à une " agression contre un pays de l'Union Européenne ou de l'OTAN " obtient encore l'approbation potentielle de près de 73% des interviewés en Europe. C'est d'ailleurs le motif pour lequel la justification de l'engagement potentiel a le plus progressé par rapport à décembre 2000 (+8 points). Cette progression d'ensemble est essentiellement entraînée par le mouvement positif des opinions espagnoles (+9 points) et italiennes (+20 points). Avec plus de 90% de soutien, la France et la Grande-Bretagne placent même la lutte contre le terrorisme en troisième position de cette hiérarchie. Malgré un progrès net de la justification d'intervention dans le cadre d'un réponse à l'agression contre un pays de l'Union Européenne ou de l'OTAN (55% au lieu de 46% en 2000), les Espagnols restent les plus en retrait sur cet item. Le progrès est encore plus net dans ce domaine précis chez les Italiens (74, soit 20 points de plus qu'il y a un an).
2. Un souhait renforcé pour des solutions européennes
Plus encore que l'année dernière, c'est dans un cadre européen que les personnes interrogées souhaitent voir se développer une politique de défense, que ce soit dans l'équipement ou dans l'intervention.
- 73% des Européens souhaitent qu'en matière de conception et d'achat des technologies et équipements de défense, les pays européens décident d'une politique commune (+5 points par rapport à l'année dernière).
Il est singulier de constater que c'est au sein du Royaume-Uni que les progrès sur cet item sont les plus forts : 63% des Anglais choisissent aujourd'hui la solution européenne alors qu'ils étaient moins d'un sur eux dans ce cas en 2000 (46%). - Les Européens souhaitent, plus encore que l'année dernière, que les forces armées européennes " disposent de la technologie et de l'équipement les plus modernes possibles ".
Ce sont aujourd'hui plus de 7 Européens sur 10 qui partagent ce point de vue (72% au lieu de 63% en 2000). Cette progression d'environ 10 points au niveau global est notée dans chaque pays. Elle est plus sensible encore en Grande-Bretagne (81% de justification, soit 12 points de plus qu'en décembre 2000). - Dans le même ordre d'idée, près de 9 Européens sur 10 estiment qu'il est essentiel (40%) ou important (46%) que l'Europe dispose d'une industrie de défense performante.
Près de la moitié des Français parlent d'un élément " essentiel " comme c'est le cas aujourd'hui de 42% des Allemands alors qu'ils n'étaient que 35% dans ce cas l'année dernière. - Le souhait d'une capacité d'intervention européenne indépendante des Etats-Unis est toujours largement majoritaire (71%).
- C'est dans le cadre européen que la politique de défense doit se situer.
Cela apparaît " essentiel " à 41% des Européens interrogés (soit 8 points de plus par rapport à 2000), les progrès les plus nets étant enregistrés en Allemagne (+13) et au Royaume-Uni (+10) et encore " souhaitable " à 43% d'entre eux.
3. Un accroissement du souhait d'augmentation des dépenses de défense
- Dans une période où les arbitrages économiques semblent plus tendus, les partisans d'une augmentation des dépenses consacrées à ces équipements et technologies de défense au sein de chaque pays gagnent pourtant du terrain pour faire aujourd'hui jeu égal avec ceux qui souhaitent un statu-quo (37%, soit +10 points contre 41% pour le statu-quo). Les situations nationales apparaissent toutefois de manière très contrastées sur cette question. Avec des Allemands, particulièrement " volontaires " (avec une progression de 23 points en faveur de l'augmentation de l'effort), trois pays -Grande Bretagne, Allemagne et Italie - placent aujourd'hui la volonté de croissance des dépenses au dessus du souhait de statu-quo dans ce domaine. Ils s'opposent aux Espagnols chez qui la tentation du statu-quo progresse d'une année sur l'autre.