Les femmes ministres premières de la classe
Le premier "bulletin de notes trimestriel" établi par Ipsos pour France Soir donne les deux premières places ministérielles à Elisabeth Guigou et Martine Aubry. A la tête de l’exécutif, Jacques Chirac et Lionel Jospin sont à égalité.
Le bulletin de notes de l'exécutif France Soir-Ipsos, c'est une sorte de contrôle continu. Chacun sait qu'il comporte une part d'arbitraire et que l'examen final viendra un iour, en l'an 2OO2. Malgré la tentation logique des partisans et adversaires du Président et des membres du gouvernement d'être partiaux dans leur système de notation, il y a d'abord, dans ce premier bulletin, la reconnaissance du partage des rôles entre Jacques Chirac et Lionel Jospin, induit par la pratique de la cohabitation.Sur les 27 notes que les Français interrogés par Ipsos ont eu à délivrer, c'est Jacques Chirac qui obtient la meilleure: 7 sur 10 dans sa capacité à "représenter la France et défendre ses intérêts sur le plan international". Près de 50 % des Français lui accordent même une note égale ou supérieure à 8 et la note moyenne obtenue parmi les proches du PS est élevée: 6,9. Limité par les circonstances institutionnelles, mais probablement aussi parce qu'une part de l'opinion garde un souvenir frustré de la première partie du septennat, Jacques Chirac doit pourtant compter avec une réelle faiblesse, celle qui touche à l'action intérieure susceptible d'améliorer la vie des Français au quotidien.
A l'inverse, c'est aujourd'hui l'atout du premier ministre, celui qui lui permettra le jour venu de défendre une action, un bilan, privilégiant sa capacité à "changer le quotidien" des Français. A travers cette hiérarchie, on cerne bien ce que seront les contours des affrontements futurs. Fort de son expérience internationale et dans une société de plus en plus ouverte sur le monde, le président de la République s'appuiera sur ce réflexe naturel des Français à reconnaître sa capacité à être le premier porte-parole et défenseur de leur pays. Convaincu que la réussite politique dépend d'abord de l'obtention de résultats concrets, notamment dans le domaine économique, le chef du gouvernement mettra en avant l'efficacité et le "professionnalisme" de son action.
Il pourra compter pour cela sur les "poids lourds du gouvernement". Les notes obtenues par les principaux ministres de "l'équipe Jospin" sont méritoires. D'ordinaire et quelle que soit la couleur politique du gouvernement en place, les Français se montrent en effet souvent méfiants à l'égard de l'action concrète des ministres et de leur capacité à obtenir des résultats, notamment dans les secteurs réputés les plus sensibles touchant à la sphère économique et sociale. Incontestablement, la ministre de la Justice fait figure aujourd'hui d'élève la plus régulière de la "promotion Jospin". Les Français reconnaissent ses mérites dans toutes les matières. Le garde des Sceaux est par ailleurs là seule à obtenir une note supérieure à la moyenne auprès des sympathisants de droite dans les trois rubriques testées.
Le jury note en revanche de manière plus sévère Claude Allègre dans sa capacité à obtenir des résultats dans les réformes engagées. L'électorat de gauche attribue sa meilleure note à Martine Aubry quand on évoque son action pour changer le quotidien des Français, alors que Dominique Strauss-Kahn (1) apparaît comme le plus efficace pour "obtenir des résultats". Claude Allègre est crédité d'un bilan inférieur à la moyenne à gauche, plus favorable à droite. Le ministre de l'Education, à l'image de ses collègues mais aussi comme Jacques Chirac et Lionel Jospin, est plus sévèrement jugé quand il s'agit d'expliquer son action.
C'est enfin dans le chapitre consacré à la pédagogie et à la communication que la célèbre appréciation "Peut mieux faire" s'impose le plus pour l'ensemble des personnalités de ce nouveau baromètre. Entre un quart et un tiers de Français attribuent fréquemment des notes inférieures à 4 dans un domaine aujourd'hui décisif lorsqu'il s'agit d'expliquer aux français les transformations que connaît notre société et de les convaincre du bien-fondé des réformes et des actions que ces changements imposent.
(1) Ce baromètre a été réalisé juste avant les récents rebondissements dans "l'affaire de la MNEF".'