Les Français acceptent sans enthousiasme la cohabitation
La troisième expérience de cohabitation est plutôt bien accueillie par l’opinion, selon l'enquête Ipsos-le Point, même si elle en voit les inconvénients.
A la troisième expérience du genre, les Français demeurent favorables à la cohabitation. L’enquête Ipsos-le Point montre que cette formule institutionnelle originale est acceptée avec un certain fatalisme.Une nette majorité de personnes interrogées souhaitent que " la cohabitation entre Jacques Chirac et Lionel Jospin aille jusqu'à son terme normal ". Seuls les sympathisants du Front national et du RPR - au demeurant très partagés - espèrent en finir avec ce partage du pouvoir exécutif avant 2002. Le sentiment dominant est pourtant que la cohabitation profite plutôt au premier ministre socialiste qu’à son ancien vainqueur de l’élection présidentielle de 1995. Jusque dans l’électorat de droite s’infiltre l’idée que Chirac sort affaibli des événements qui se sont déroulés " ces derniers mois ". C’est dire que la politique des petites phrases et des piques lancées, ici et là, contre le gouvernement ne fait guère illusion. Aux yeux de l’opinion, le chef de l’Etat n’a pas encore retrouvé une forte crédibilité politique.
Pour autant, elle ne lui reproche nullement de critiquer le pouvoir socialiste. La majorité des personnes interrogées pense que Chirac est " dans son rôle " quand il s’en prend à " certains aspects de la politique gouvernementale ". Telle est même l’opinion de la moitié des sympathisants socialistes ! Il n’est pas certain, cependant, que la cohabitation soit aussi populaire aujourd’hui qu’elle ne l’était dans la période 1986-88 ou même 1993-95. Une forte minorité de personnes interrogées craignent que la double couleur de l’exécutif affaiblisse la France " vis à vis de ses partenaires européens ". Plus nettement, une majorité relative pense que les réformes sont plus difficiles à mettre en œuvre sous le régime de la cohabitation. Mais ces réserves ne conduisent pas les Français à appeler de leurs vœux un chambardement institutionnel. Ils ne sont pas plus d’un gros tiers à souhaiter qu’une réforme de la loi fondamentale empêche toute situation de cohabitation. La thèse de Pierre Joxe, président de la Cour des Comptes, qui vient de s’élever avec véhémence contre la dualité de l’exécutif français, est minoritaire dans l’opinion.