Les Français adhèrent à nouveau plus à la construction européenne
La précédente vague du baromètre Ipsos-Ministère des Affaires Européennes Les Français et l''Europe avait été réalisée dans un contexte assez tendu - chute de l''euro, crise de la vache folle, naufrage de l''Erika - qui s''était ressenti sur les résultats de l''étude. Aujourd''hui, la dynamique créée par l''arrivée prochaine de l''euro compense le pessimisme relevé l''an dernier, pour une adhésion croissante des Français à la construction européenne.
Lorsqu'on demande aux Français ce que leur évoque la construction européenne, les aspects positifs l'emportent à nouveau largement sur les évocations négatives. Les trois-quarts des interviewés considèrent à présent que l'Europe est "plutôt une bonne chose pour eux" (+5 points par rapport à 2000) et pour la France (+7 points). La confiance progresse particulièrement dans les secteurs qui avaient été les plus directement affectés par les événements de l'année 2000, sécurité alimentaire ou environnement. La moitié des interviewés estime aujourd'hui que l'Europe représente actuellement une bonne chose pour la "qualité des produits alimentaires" (+15 points) et la "protection des consommateurs" (+9). Parallèlement, les deux tiers pensent que l'Europe est "une bonne chose pour la préservation de l'environnement et de la nature" (+10 points).
Ce regain d'optimisme touche bien d'autres domaines. Notamment, on estime dans une très large majorité que l'Europe est plutôt une bonne chose pour "le progrès technologique et la recherche scientifique" (84%, +3), ou "la défense de nos intérêts commerciaux dans le monde" (64%, +4). Six personnes sur dix pensent encore que la construction européenne favorisera la croissance économique (+3), et l'influence de la France dans le monde (58%, +2). En revanche sur l'agriculture, l'un des secteurs où l'intégration européenne est la plus aboutie (PAC), les Français sont plus partagés : 39% pensent que l'Europe est une bonne chose pour l'agriculture, mais 38% pensent le contraire, et 19% estime que ce n'est "ni une bonne ni une mauvaise chose".
L'orientation à la hausse du baromètre s'explique peut-être également par le contexte de crise internationale faisant suite aux attentats du 11 septembre. Les Français ont fait part de leur volonté de voir l'Europe unie et solidaire face au terrorisme. Ainsi, tous les secteurs se rapportant de près ou de loin à cette question connaissent une évolution positive.
Plus de huit Français sur dix estiment que l'Europe est plutôt une bonne chose "pour le maintien de la paix en Europe" (+2), les deux tiers considèrent aussi que c'est "une bonne chose pour la lutte contre la grande criminalité internationale "(+11). Enfin, mesure testée pour la première fois dans ce baromètre, 70% des Français pensent que l'Europe représente actuellement "une bonne chose pour la lutte contre le terrorisme", tandis que 71% regrettent que l'Europe n'intervienne pas plus dans cette lutte. Entre autres regrets, les Français voudraient également une politique européenne plus interventionniste en ce qui concerne "le maintien de la paix dans le monde" (62%), "l'aide humanitaire" (55%) et "l'aide au développement" (54%).
De toutes les facettes de l'intégration européenne, l'Europe monétaire est la plus attendue (79% des sondés favorables à la monnaie unique). Mais les trois-quarts des Français se montrent également favorables à un système judiciaire commun (+15 points), 71% se prononcent en faveur d'une armée et d'une police européenne.
On est en revanche plus circonspect concernant l'intégration politique proprement dite. Alors qu'en 2000, les trois quarts des Français se prononçaient en faveur d'une politique étrangère commune pour toute l'Europe, ils ne sont plus que 64% cette année. L'opinion se montre toujours partagée dès qu'il s'agit de mettre en œuvre des mesures qui supposent de toucher aux institutions. Ainsi, si 46% des Français se déclarent favorables à un chef d'Etat élu par tous les Européens (- 3 points par rapport à 2000), 49% y sont opposés (+3). Le rapport de force sur cette question, bien que toujours très serré, s'est inversé. Les Français se montrent plus sceptiques quant à la possibilité de voir un jour un chef d'Etat élu par tous les Européens : 47% y croient, contre 52% en 1999 et 2000. Ils se montrent encore divisés sur la question d'un gouvernement central européen, dans les mêmes proportions qu'en 2000, avec 53% d'avis favorables tandis que 42% s'y déclarent opposés.