Les Français : ce qui les rassemble et ce qui les divise

Dans le cadre de la 24ème Journée du Livre Politique, Ipsos a réalisé une enquête pour Lire la Société et Le Monde que Brice Teinturier (Directeur Général Délégué, Ipsos France) et Gérard Courtois (Editorialiste, Le Monde) présenteront le 7 février 2015.

Auteur(s)
  • Brice Teinturier Directeur Général Délégué France, Ipsos (@BriceTeinturier)
  • Vincent Dusseaux Directeur d'études, Ipsos Loyalty
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Comment est perçue l’union au sein de la société française deux semaines après la mobilisation historique du 11 janvier ?

Le sentiment de désunion recule mais ne disparait pas totalement. Certes une majorité de sondés estime que collectivement les Français sont unis (54%), mais 46% d’entre eux continuent de penser que les Français sont désunis. De même, pour 46%, ce qui rassemble les Français est plus fort que ce qui les sépare.
Les sympathisants FN se distinguent en soulignant davantage sur les divisions : 58% d’entre eux pensent que les Français sont désunis, 61% que ce qui séparent les Français est plus fort que ce qui les rassemble.

Qu’est-ce qui rassemble et divise les Français aujourd’hui ?

Pour les Français, les facteurs de division sont nombreux au sein de la société française et en premier lieu d’ordre économique (et donc indépendant de l’actualité récente). Les inégalités sociales et économiques jouent un rôle important dans ce qui divisent pour 90% des sondés. D’autres facteurs de division non directement liés aux attentats sont mis en avant, notamment l’individualisme (85%).
Autre élément qui alimente la désunion : pour 81% des Français, les minorités qui cherchent à se dissocier jouent un rôle important dans ce qui divise les Français aujourd’hui, signe que la société française a de plus en plus de mal à se représenter comme unie et se sent menacée par le communautarisme.
A noter que la forme du débat public français alimente également la désunion. Pour les Français, les médias qui favorisent les polémiques jouent un rôle important dans ce qui divise (84%), de même que les propositions politiques extrémistes (77%).
A l’opposé, qu’est-ce qui rassemble les Français ? Quelques semaines après les attaques, la lutte contre les attentats joue un rôle incontestable (92%), de même que la liberté de la presse (88%).
Les valeurs de la devise républicaine sont également un point de rassemblement important (86%), tout comme les grandes institutions françaises : l’école (87%), la sécurité sociale (86%), mais aussi la police (85%).
En comparaison, certains marqueurs sont jugés un peu moins importants : le drapeau tricolore (74%), la Marseillaise (71%) ou la fête nationale et le défilé du 14 juillet (63%).
Les attaques ont fait bouger les lignes. Pour les Français, les éléments de rassemblement qui se renforcent aujourd’hui sont : la lutte contre les attentats (76%), la police qui assure la sécurité et la protection des Français (59%) et la liberté de la presse (52%).
Les Français sont plus partagés sur les valeurs républicaines – liberté, égalité, fraternité. 41% considèrent qu’elles s’affaiblissent (59% au FN), contre 39% pour qui elles se renforcent (45% au FG, 46% au PS et 44% à l’UMP). De même pour la laïcité : 43% pensent que sa capacité à rassembler s’affaiblit (51% à l’UMP, 55% au FN), contre 36% qu’elle se renforce (45% des 60 ans et plus, 46% au FG et 47% au PS).

Quelles sont les consequences des attaques sur la société française ?

Pour la majorité des Français, les événements vont à la fois renforcer l’union (notamment parce que cela redonne du sens aux valeurs fondamentales – 85% ou parce que la mobilisation renforce d’unité – 81%). Mais ils vont aussi renforcer les tensions (notamment parce que cela dresse les communautés les unes contre les autres – 79% ou parce que cela produit de la peur et du repli 76%).
Au final, pour une majorité de Français (57%), ces attaques devraient plutôt renforcer les tensions au sein de la société (61% chez les femmes, 61% à l’UMP, 66% au FN). A l’opposé, 43% pensent qu’elles vont renforcer l’union (51% au FG, 59% au PS, 50% des 18-24 ans, 50% des cadres).
Les attaques renforcent aussi l’attachement des Français à la liberté d’expression. 82% pensent qu’on doit avoir le droit de tout dire en démocratie : +1 par rapport à février 2014, dont 43% (+13) qui sont tout à fait d’accord avec cette affirmation. Les caricatures ne constituent pas une limite à la liberté d’expression pour les Français : 80% d’entre eux estiment qu’on a le droit de tout dire, y compris de caricaturer les religions.

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Auteur(s)
  • Brice Teinturier Directeur Général Délégué France, Ipsos (@BriceTeinturier)
  • Vincent Dusseaux Directeur d'études, Ipsos Loyalty

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