Les Français et la confiance alimentaire

Les crises alimentaires se succèdent et ne sont pas passées inaperçues auprès du grand public, qui a perdu confiance dans la sécurité des aliments depuis déjà un certain nombre d’années. Résultat : près de 8 Français sur 10 disent être inquiets de connaître une nouvelle crise alimentaire.

Auteur(s)
  • Emilie Rey-Coquais
Get in touch

Inquiétude structurelle

Ces derniers scandales n’ont pas seulement engendré une très forte anxiété des consommateurs face aux menaces de malbouffe et de risques sanitaires. Ils semblent aussi être en train de modifier profondément l’analyse qu’ils font de ces crises alimentaires et leurs attentes changent. Les comportements pour se réassurer face aux risques semblent évoluer. Crise économique oblige, depuis ces 5 dernières années, le prix est le critère auquel une majorité de Français déclare faire plus attention lorsqu’ils achètent un produit alimentaire (71%). Mais les crises alimentaires ont désormais un impact aussi fort que la crise économique car 7 consommateurs sur 10 déclarent aussi accorder plus d’attention qu’avant aux informations concernant les ingrédients (71% - au même niveau que le prix), le lieu de fabrication (71%) ou encore à l’origine des ingrédients (69%).

 

L’ensemble des acteurs du secteur et de repères habituels sont en train de perdre en capacité de réassurance tandis que d’autres gagnent en crédibilité

L’enquête montre que l’attention des consommateurs se focalise de plus en plus sur la composition des produits et des ingrédients, sur l’origine, le lieu de fabrication et la traçabilité. Ils y accordent autant d’importance qu’au prix. L’ensemble des acteurs du secteur et des repères habituels sont en train de perdre en capacité de réassurance tandis que d’autres gagnent en crédibilité.  Les labels sont des critères qui arrivent derrière. Si une courte majorité de consommateurs déclare prêter plus attention qu’avant au label de qualité (55%), seule une minorité accorde plus d’importance qu’il y a 5 ans au label bio (40%), au label écologique (39%) ou au label équitable (30%).

Les consommateurs qui cherchent désormais en priorité les informations relatives à la composition et à l’origine des produits avouent, dans le même temps, éprouver de réelles difficultés à les identifier et à les comprendre. Face aux manques d’information, les consommateurs plébiscitent aujourd’hui le « made in » local ou national. Les critères les plus à même de les rassurer sur la qualité des produits alimentaires sont d’abord la connaissance de l’origine des ingrédients (90% dont 36% disent que cela les rassure tout à fait) et la mise en place d’une démarche de suivi de la qualité et de traçabilité du produit (90% dont 33% de tout à fait).

Face à ce paradoxe, ils développent de plus en plus des attitudes de contournement en recherchant ces informations « directement » auprès d’acteurs comme les associations de défense des consommateurs et, surtout, les producteurs et les agriculteurs, notamment par Internet.

 

Les agriculteurs, gages de proximité et de réassurance

Dans un contexte de conjonction de crise économique, de crise sanitaire et de crise de confiance, les tendances au repli s’accentuent. Seul l’agriculteur (local ou national) est aujourd’hui perçu comme encore capable de tenir une promesse vis-à-vis du consommateur « en faisant des efforts » pour le respect des saveurs, de la santé et de l’environnement. Les agriculteurs sont ceux qui aux yeux des consommateurs en font le plus en faveur du goût et de la saveur des produits (52% contre seulement 28% pour les industriels de l’agroalimentaire et 16% pour les grandes surfaces).

La notion d'ingrédient ressort fortement de cette enquête. En effet, les derniers scandales ont mis à mal la notion de circuits ainsi que la question de la composition des produits. 59% des personnes interrogées avouent se poser « souvent » des questions sur les ingrédients que contiennent les produits alimentaires qu’ils consomment régulièrement. 1 Français sur 4 se pose même « très souvent » cette question.

Pour les informer sur la qualité des produits alimentaires, les Français plébiscitent les associations de consommateurs (90% ont confiance en eux) et les agriculteurs (80%). Ils expriment, là encore, un très fort besoin de proximité.


 


Fiche technique :

L’étude a été réalisée par Ipsos pour Respect In, du 30 septembre au 7 octobre 2013 auprès d’un échantillon représentatif de 1005 Français âgés de 15 ans et plus (méthode des quotas INSEE : sexe, âge, profession de la personne de référence du ménage, région et catégorie d’agglomération).

Auteur(s)
  • Emilie Rey-Coquais

Société