Les Français et l’avenir

L'étude Ipsos-Téle-cable-satellite hebdo montre que les Français sont fascinés par la recherche scientifique, perçue comme une boite de Pandore d'où peut sortir le bien comme le mal.

Une perception ambivalente de la recherche scientifique et des découvertes qui en résultent : une boîte de Pandore d'où peut sortir le bien comme le mal

Les enquêtes d'opinion ont montré que la recherche scientifique fait depuis déjà longtemps l'objet d'un jugement ambigu de la part des Français. L'image de la recherche scientifique est éminemment ambivalente, elle fait co-exister une bonne opinion de ses effets réels ou potentiels avec une inquiétude très forte sur les accidents qui risquent d'en résulter
La forte médiatisation de l'essor des sciences du vivant et de ses risques a confirmé cette impression. Enfin, les événements de ces derniers mois concernant tant l'actualité alimentaire (conséquences de la crise de la vache folle, recherches sur les OGM et risques de propagation, épidémie de fièvre aphteuse…), que l'actualité santé (bio-terrorisme, scandale Bayer…), n'ont fait que renforcer ces sentiments ambivalents. Ce contexte a également conduit à populariser le principe de précaution, au moins dans sa forme première qui consiste à décider de ne rien faire en l'absence de sécurités.

L'analyse des résultats de l'enquête montre que la recherche scientifique génère certes aujourd'hui plus d'espoirs que de craintes chez les Français. Ainsi, malgré un contexte très défavorable, 28% des répondants estiment que, dans 30 ans, les découvertes scientifiques rendront les hommes plus heureux qu'ils ne le sont aujourd'hui, contre seulement 10% qui sont de l'avis contraire. Il n'en reste pas moins vrai que pour la majorité des Français (59%), les découvertes ne rendront les hommes ni plus, ni moins heureux qu'aujourd'hui. Ces résultats ne seraient-ils pas l'expression de l'attrait et de la méfiance qu'éprouvent à la fois la plupart des personnes interrogées, vis-à-vis de la recherche et des découvertes scientifiques ?

Une recherche scientifique qui puise sa légitimité dans le respect de l'éthique et dans sa nécessaire utilité

Au vu des résultats, les Français ne sont pas prêts à cautionner n'importe quelle " aventure scientifique ". Encore faut-il qu'elle respecte une certaine éthique et que son utilité soit avérée. Ainsi, les résultats de l'enquête IPSOS montrent à quel point ils se montrent majoritairement opposés à certaines choses que la science sera un jour en mesure de leur proposer, parfois dans un futur très proche. Plus qu'un principe de précaution, les Français évoquent alors celui d'une interdiction, surtout lorsque les domaines concernés relèvent de " la manipulation du vivant ". Ainsi, la quasi-totalité d'entre eux estime que si la science le permettait, il faudrait interdire le clonage des êtres humains (93% contre 5% qui pensent qu'il faudrait l'autoriser). De même, alors même qu'une femme de 62 ans vient d'accoucher d'un enfant, 92% d'entre eux considèrent aujourd'hui que même si la science le permettait, elle ne devrait pas permettre à une femme d'avoir des enfants à l'âge de 70 ans (contre 6% qui pensent qu'il faudrait le permettre). Sur ce point particulier, les femmes, qui sont peut-être plus sensibles aux difficultés que génère l'éducation d'un enfant, se montrent d'ailleurs encore plus critiques (97% y sont opposées contre 88% pour les hommes).

De même l'opposition reste très forte en ce qui concerne la création d'intelligences artificielles supérieures en tout point à celle de l'homme (84% estiment qu'il faudrait l'interdire) et dans une moindre mesure à la possibilité de programmer à coup sûr le sexe de son enfant (77% considèrent qu'il faudrait l'interdire contre 21% qui pensent que cela devrait être autorisé).

Si l'opinion des Français est aussi radicalement opposée à ces " expériences interdites ", c'est peut-être aussi parce qu'il leur est difficile aujourd'hui d'en percevoir l'utilité directe. Ces oppositions resteront-elles à des niveaux aussi élevés lorsque ces possibilités seront reliées à une réelle utilité (notamment pour le clonage des êtres humains) ?

Les principales attentes vis-à-vis de la recherche scientifique : résoudre les problèmes de notre monde avant d'aller découvrir de nouveaux univers

Les Français considèrent que la recherche scientifique devrait dans les 30 prochaines années avoir comme priorité de s'attaquer aux problèmes liés à la santé et à la misère. Ils attendent d'abord d'elle qu'elle découvre un vaccin contre toutes les maladies contagieuses (cité par 67% des interviewés) et qu'elle résolve le problème de la faim dans le monde (65%). Dans une moindre mesure, ils souhaiteraient qu'elle trouve une solution aux problèmes d'environnement et de la pollution (42%) ou encore qu'elle apprenne à prévenir les catastrophes naturelles (15%).

Loin derrière, la prise de contact avec des formes de vie extra-terrestre ne constitue une priorité que pour 2% des interviewés. A l'avenir, celle-ci devra d'abord s'attacher à résoudre les grands problèmes planétaires actuels, plutôt que de s'engager dans des aventures interplanétaires. Le souhait d'une " rencontre du troisième type " serait-il mort ? Certainement pas, les Français font tout simplement rimer priorité avec utilité.

La science, un domaine qui ouvre pour certains un univers infini de possibilité

Si les Français semblent avoir une perception pragmatique de la science qui doit évoluer dans un souci d'éthique et d'utilité, il n'en reste pas moins vrai que pour une bonne part d'entre eux, grâce à elle, on pourra faire " presque tout ".
La grande majorité des Français considère que grâce à la science, il sera possible de visiter d'autres galaxies (72%). Plus d'un tiers d'entre eux considère que l'on pourra aussi communiquer par l'esprit avec les autres (34% contre 62% qui pensent le contraire.

Pour le reste, ils se montrent beaucoup plus dubitatifs. La très grande majorité ne pense pas que la science permettra un jour de remonter le temps (79%) bien que près de deux Français sur dix pensent le contraire (18%). De même, " seulement " 13% des Français considèrent qu'un jour il sera possible de communiquer avec les morts (dont 21% chez les jeunes de 15 à 24 ans) et 11% estiment que, grâce à la science, la vie éternelle n'est plus qu'une question de temps…

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