Les Français et l'entreprise
L'enquête réalisée par Ipsos pour la CGPME confirme la bonne image des PME et de leur patron dans l'opinion, surtout comparée à celle plus dégradée des grandes entreprises et des multinationales. La CGPME arrive en tête du palmarès des partenaires sociaux, alors qu'en queue de peloton, le Medef est la seule organisation à recueillir une majorité de mauvaises opinions
Les principaux enseignements de l'enquête
Les PME : les entreprises les plus appréciées des Français…
Déjà bonne l'an passé, l'image véhiculée par les PME auprès des Français progresse encore. Les Français sont cette année 80 % à déclarer en avoir une bonne opinion (+7 par rapport à 2004).
En outre, les jugements négatifs à l'égard de ce type d'entreprises sont aujourd'hui marginaux (12 % en ont une mauvaise image contre 23 % il y a un an).
Indépendamment des résultats d'ensemble, ce sont les jeunes et les cadres qui manifestent le plus leur bienveillance à l'égard des PME.
Ces bons résultats prennent un relief particulier quand on les compare à l'image des autres types d'entreprises (grandes entreprises et multinationales). L'image de ces entreprises est en effet beaucoup plus nuancée, voire parfois mauvaise.
Ainsi, seulement 50 % des Français déclarent avoir une bonne image des grandes entreprises (contre presque autant, 43 %, qui en ont une mauvaise image).
Plus préoccupant pour elles, 55 % des Français ont une mauvaise image des entreprises multinationales.
Ainsi, la taille et le degré de proximité vis-à-vis de l'entreprise joue très certainement un rôle majeur pour expliquer cette hiérarchie. Par ailleurs, dans un contexte de forte médiatisation des délocalisations à l'heure où elles enregistrent des bénéfices records, il n'est pas étonnant que l'image des entreprises multinationales reste négative.
… dirigées par des patrons dont l'image est bonne.
L'image très largement positive dont bénéficient les PME rejaillit logiquement sur leurs dirigeants, 78 % des Français déclarant en avoir une bonne image.
Là encore, une hiérarchie très nette s'établit entre les dirigeants des différents types d'entreprises. Seulement 43 % des personnes interrogées ont une bonne image des patrons de grandes entreprises (49 % en ont une mauvaise image). Plus grave, les Français ne sont que 29 % à émettre un jugement positif à l'égard des patrons des multinationales.
A CGPME à nouveau en tête du palmarès des partenaires sociaux.
A l'instar de 2004, les scores obtenus par les organisations patronales diffèrent très largement. C'est à nouveau la CGPME qui enregistre la meilleure image auprès des Français, 54 % la créditant de bonnes opinions (contre seulement 15 % de mauvaises opinions). L'UPA dispose également d'un solde d'opinion positif (49 % d'opinions positives contre 11 % de négatives). Seul bémol pour ces deux organisations, les taux de sans réponse restent élevés, signe d'une notoriété peu affirmée dans certaines catégories de la population.
Mais, du côté des organisations patronales, c'est le MEDEF qui dispose d'une image dégradée (26 % d'opinions positives contre 55 % d'opinions négatives).
Ce mouvement, largement associé aux entreprises de grande taille paye ici l'image très nuancée dont sont créditées les grandes entreprises et leurs dirigeants.
Les différences observées entre les organisations syndicales sont, quant à elles, moins importantes. La CFDT est créditée de 50 % d'opinions positives, devançant FO (45 %) et la CGT (43 %) , la CFTC (41 %) et la CGC (40 %).
Toutefois, la vraie différence entre ces syndicats et le MEDEF d'une part, et la CGPME et l'UPA d'autre part, tient à l'ampleur des opinions négatives : si la CGPME et l'UPA n'en suscitent qu'assez peu (respectivement 15 % et 11 %), ce n'est pas le cas des syndicats qui subissent la réserve, et parfois la franche hostilité, d'une partie non négligeable des Français (46 % d'entre eux ont ainsi une mauvaise image de la CGT, 40 % de FO, 34 % de la CFDT, 33 % de la CGC et de la CFTC). Enfin, c'est le MEDEF qui suscite le plus d'hostilité, 55 % des Français déclarant en avoir une mauvaise image.
Le souhait de faire découvrir le monde de l'entreprise à l'école
La très grande majorité de la population (80 %) considère que la découverte du monde de l'entreprise doit être une vraie mission de l'école. Le seul point de clivage réside dans l'importance qui doit lui être accordée. 39 % des Français considèrent qu'il s'agit d'une mission fondamentale et 41 % d'une mission importante mais pas fondamentale.
Sur ce point et même si toutes les catégories de Français s'accordent sur l'importance de cette mission, ce sont surtout les classes d'âge supérieures à 45 ans, les bas revenus ainsi que les sympathisants de droite qui soulignent le plus qu'il doit s'agir d'une mission fondamentale. En revanche, les moins de 45 ans et les sympathisants de gauche sont plus prompts à considérer que cette mission est importante, sans pour autant être fondamentale.
A l'inverse, les personnes peu convaincues du fait que l'école remplit ce rôle restent très minoritaires (19% considèrent qu'il s'agit d'une mission secondaire).
L'importance que les personnes interrogées accordent à la découverte du monde de l'entreprise est par ailleurs renforcée par le fait que plus de deux Français sur trois (69 %) considèrent que l'école réussit mal à expliquer le monde de l'entreprise aux élèves. A l'inverse, seulement 25 % de l'échantillon estime qu'elle le fait bien.
Parmi les catégories les plus critiques à l'égard du fonctionnement actuel, on retrouve plus particulièrement les hommes, les moins de 35 ans, les cadres supérieurs, les hauts revenus, les diplômés du supérieur, les sympathisants de droite et, de manière plus générale, les actifs.
Sur la question de savoir quelle est la personne la plus qualifiée pour parler de l'entreprise aux enfants, les Français privilégient les chefs d'entreprises (cités par 48 % d'entre eux) et les parents d'élèves travaillant en entreprise (42 %) très loin devant les enseignants (7 %). On retrouve sur cette question les clivages, notamment politiques précédemment observés : les sympathisants de droite pensent plus que les autres qu'il faudrait idéalement confier cette mission aux chefs d'entreprises. A l'inverse, les sympathisants de gauche mais aussi les salariés en général privilégient plus les parents d'élèves travaillant en entreprise.
Des Français majoritairement favorables à un assouplissement des 35 heures, y compris dans la fonction publique
Une assez large majorité de Français se révèle favorable à un assouplissement de 35 heures. Au total, elle suscite l'approbation de 62 % d'entre eux, 35 % manifestant leur opposition à un tel assouplissement.
Ce qui frappe le plus pour cette question, c'est certainement la part de personnes très désireuses que les choses évoluent. Si traditionnellement sur les questions d'opinion, les personnes interrogées se retranchent sur les items intermédiaires (plutôt favorable, plutôt opposés), ce n'est pas le cas dans cette questions où les Français approuvant tout à fait cet assouplissement sont presque aussi nombreuses que celles le souhaitant plutôt (respectivement 30 % et 32 %).
De la même manière, les personnes radicalement opposées à tout assouplissement sont presque aussi nombreuses que celles plutôt opposées.
Mais sur cette question, éminemment politique, d'importants clivages apparaissent : si l'assouplissement fait quasiment l'unanimité à droite, les sympathisants de gauche se partagent en deux parts égales à ce sujet. Parallèlement, les salariés du privé y sont plus favorables que ceux du public.
En outre, toutes les catégories socioprofessionnelles manifestent majoritairement leur souhait d'assouplissement, y compris celles qui manifestent plus que les autres leur réticence à l'égard de cette évolution (les salariés du secteur public, les cadres et les professions intermédiaires).
Autre fait marquant de ce souhait de faire évoluer les choses dans le domaine des 35 heures, cet assouplissement ne doit pas se cantonner au secteur privé. Bien au contraire, 63 % des Français considèrent qu'il devrait être étendu à la fonction publique, 32 % seulement d'entre eux manifestant leur hostilité à l'égard de ce principe. Plus spectaculaire, les personnes le souhaitant tout à fait sont cette fois-ci plus nombreuses que celles le souhaitant plutôt (respectivement 37 % et 26 %).
On retrouve sur cette question les mêmes clivages que sur la précédente, notamment selon la préférence partisane des personnes interrogées ou selon que les actifs travaillent dans le privé ou le public. Mais le signe que les esprit sont murs pour une évolution des 35 heures réside très certainement dans le fait que les salariés du secteur public eux-même sont aujourd'hui presque aussi nombreux à souhaiter cette extension (46 %) qui ceux d'entre eux qui manifestent leur hostilité (50 %).