Les Français face à la grippe aviaire
Un faible niveau d'information sur la grippe aviaire
Près de deux Français sur trois s'estiment mal informés sur la grippe aviaire, qu'il s'agisse de la situation actuelle de l'épidémie en Asie (66% se sentent mal informés), des risques de mutation du virus et de contagion d'humain à humain (65%) ou des mesures prises par les autorités de santé internationales et nationales pour empêcher ou limiter tout risque d'épidémie entre humaine (64%).
La grippe aviaire, qui fait pourtant de plus en plus l'objet d'un traitement médiatique important, reste pour une très grande majorité de Français une maladie peu connue aussi bien dans ses caractéristiques actuelles que dans ses risques d'extension potentiels ou les mesures qui ont été prises pour la juguler.
Un niveau d'inquiétude modéré…
Une France inquiète et une France indifférente, telle semble être la configuration actuelle concernant la grippe aviaire. En effet, la moitié des Français se dit inquiète (49%), tandis que l'autre moitié (51%) ne ressent pas de réelle inquiétude à ce sujet. Toutefois, dans un cas comme dans l'autre les Français sont modérés, seuls 9% s'estimant " très inquiets " et 10% " pas du tout inquiets ".
Par ailleurs ce niveau d'inquiétude modéré s'accompagne d'une relative confiance à l'égard des Pouvoirs Publics pour garder la situation en main. En effet, une majorité de Français (57%) exprime sa confiance envers ces derniers pour limiter ou éviter la propagation de l'épidémie en France si le virus devenait contagieux entre humains (contre 41% qui soutiennent l'opinion inverse), même si certaines catégories de population expriment davantage leur défiance, à l'image des parents qui étaient déjà plus inquiets que la moyenne. Eu égard au faible sentiment d'information affiché par les Français, cette confiance reste logiquement à un niveau très modéré (seulement 6% des interviewés ont tout à fait confiance dans les Pouvoirs publics).
…qui n'empêche pas une majorité de Français d'affirmer qu'ils chercheront à se doter immédiatement d'antiviraux si le virus mute et qu'une épidémie se déclenche en Europe
Malgré cette confiance affichée envers les Pouvoirs publics et alors même qu'ils sont peu inquiets et peu informés sur le sujet, l'enquête montre que les Français adoptent d'ores et déjà une attitude extrêmement défensive. Ainsi, en cas d'extension du virus à l'Europe et de contagion entre humains, une majorité de Français n'attendrait pas de tomber malade pour se procurer des médicaments. Même si 45% disent qu'ils attendraient d'être malades et iraient alors se faire soigner à l'hôpital ou chez le médecin, 30% indiquent qu'ils chercheraient à se procurer des médicaments dès le déclenchement effectif de l'épidémie et 23% affirment même qu'ils n'attendraient pas ce déclenchement effectif afin d'anticiper toute rupture de stock éventuelle, soit 53% de Français qui préfèrent se prémunir en amont. La pénurie de médicaments redoutée par les autorités est donc largement fondée dans la mesure où une majorité de Français cherchera à se procurer des médicaments avant même d'être atteint par la maladie.
En d'autres termes, si la grippe aviaire suscite encore une inquiétude modérée sur le sujet, la mutation du virus et sa contagion d'homme à homme pourrait sérieusement modifier l'état d'esprit des Français. Ces derniers, déjà sur la défensive, pourraient alors être gagnés par une peur bien plus démesurée. Toutefois, il semble que dans le cas présent les Pouvoirs Publics aient certainement intérêt à informer le plus possible nos concitoyens dans la mesure où il semble qu'aujourd'hui plus le niveau d'information est élevé, moins le sentiment d'inquiétude est important.
