Les Français face à leur modèle social

L’Ordre des Experts Comptables et Le Figaro Magazine ont souhaité donner la parole aux Français pour comprendre comment ils perçoivent leur modèle social et mesurer quelles sont les réformes qu’ils souhaitent voir engagées. Même si plus d'un sur deux estiment que le modèle social fonctionne mal,  l'enquête réalisée par Ipsos montre les réticences de l'opinion à accepter une réforme d’envergure, perçue comme une mise en danger des acquis sociaux et du système lui-même.

Auteur(s)
  • Etienne Mercier Directeur Opinion et Santé - Public Affairs
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Un peu plus d'un Français sur deux estiment que le modèle social fonctionne mal (54%, contre 45% d'avis contraire). Cette perception est politiquement clivée, avec une majorité des sympathisants de la droite parlementaire qui pensent que le système fonctionne bien (55%), tandis que les sympathisants de gauche estiment le plus souvent que ce n’est pas le cas (56%). Ici, la proximité de l’élection présidentielle a aussi très probablement un impact important sur les réponses données.

Les Français sont aussi partagés sur la capacité des différents acteurs à œuvrer efficacement à la réforme du système. Un sur deux fait confiance "aux pouvoirs publics pour œuvrer efficacement à la réforme du modèle social"(50% contre 46% qui soutiennent l’opinion inverse). Là encore, les perceptions diffèrent en fonction de la proximité politique : 62% de confiance chez les sympathisants de droite, contre 46% chez ceux de la gauche parlementaire). En moyenne, les jeunes se montrent également plus confiants que les plus âgés (58% contre 46% pour les 35 ans et plus). En ce qui concerne les syndicats, il y a autant de Français qui affichent une confiance dans leur capacité à œuvrer efficacement pour une réforme, que de personnes qui doutent (48%). Pour les organisations patronales, la défiance est majoritaire (61%).
 
L'ampleur de la réforme du modèle social fait également débat. Si 30% des Français considèrent qu’il faut "repenser profondément le modèle social en réalisant de grandes réformes", 45% souhaitent que si réforme il y a, elle doit être "modérée en réalisant certains aménagements pour adapter le modèle social aux difficultés qu’il rencontre aujourd’hui". Pour 23% de nos concitoyens la réforme doit en revanche prioritairement "permettre une consolidation ou un accroissement des acquis sociaux". Globalement, si la refonte approfondie du système n'est pas majoritairement souhaitée, ce n’est certainement pas parce qu’on ne la juge pas nécessaire, mais plutôt parce qu'on en craint les conséquences.

Cette hypothèse se trouve en effet confirmée lorsque l’on aborde les mesures qui pourraient être mises en œuvre. La plupart des réformes testées font l’objet d’un refus majoritaire de la part des personnes interrogées. Certes "l’assouplissement du code du travail par l'introduction d'une plus grande flexibilité dans les relations entre les dirigeants et les salariés" recueille un assentiment très élevé. Plus de huit Français sur dix affirment qu’ils l’accepteraient (83% dont 46% disent même tout à fait). Il n’en demeure pas moins vrai que si l’acceptation est aussi massive, c’est aussi pour une bonne part parce que la mesure reste très générale. Quand les mesures proposées sont plus concrètes, les Français se montrent à nouveau beaucoup plus partagés.

Près de six Français sur dix affirment aujourd’hui qu’ils accepteraient que l’on augmente la durée du temps de travail (57% dont 27% qui l’accepteraient même tout à fait). Si l’assentiment est plus élevé auprès des sympathisants de droite (74%), il est aussi très conséquent auprès de ceux de gauche (48% pour et 48% contre). De même si les salariés du secteur privé y sont le plus souvent favorables (59%), la proportion de salariés du public acceptant aussi la mise en place de cette réforme est assez importante, même si elle n’est pas majoritaire (45% contre 54% qui sont contre). Par ailleurs, on note que les cadres, les professions libérales (63%) mais aussi les ouvriers (62%) et dans une moindre mesure les employés (49%) se montrent plutôt pour la mise en place de cette mesure. Il s’agit très certainement pour une partie d’entre eux de profiter de l’augmentation de la durée de travail pour accroître leur niveau de revenus.

Les autres mesures proposées sont majoritairement refusées même si certaines catégories de la population se montrent favorables à une partie d’entre elles. C’est notamment le cas de la baisse des allocations chômage et du RMI (42% l’accepteraient contre 54% qui la refuseraient). Toutefois, les sympathisants de la droite parlementaire soutiennent majoritairement ce projet (52%) et les salariés du privé se montrent très partagés (49% sont pour et 49% sont contre). On note là encore qu’en terme de catégories socioprofessionnelle,  les ouvriers (52%) et les employés (49%) sont ceux qui acceptent le plus la mise en place de cette réforme.

Le rejet est plus net pour les autres propositions : remise en cause de l’âge actuel du départ à la retraite (63% des Français y sont opposés), baisse des niveaux de remboursement des soins médicaux et des médicaments (75%) ou encore baisse des congés payés (84%).
Auteur(s)
  • Etienne Mercier Directeur Opinion et Santé - Public Affairs

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