Les Français fatalistes sur la canicule, moins sur ses conséquences
Pour la majorité des Français interrogés par Ipsos pour Le Figaro, la vague de chaleur de l'été 2003 fait partie de ces catastrophes qu'il est difficile de prévenir et de maîtriser. Peu réceptifs aux critiques de l'opposition, ils pensent tout de même qu'une réaction plus rapide du gouvernement aurait limité le nombre de décès chez les personnes âgées.
A l'instar de la sécheresse de 1976 ou de la tempête de 1999, la canicule de l'été 2003 restera gravée dans les esprits. Après la vague de chaleur du mois d'août, "la prévention des conséquences de la canicule sur la santé" est devenue pour la majorité des Français la mission prioritaire du gouvernement en matière de prévention (43% citent cet item en premier), loin devant "la prévention des incendies de forêt" (24%) ou "des risques de pénurie d'eau" (22%).
Les interviewés sont pourtant très partagés sur l'efficacité des mesures qui pourraient être prises. Si la moitié d'entre eux pensent "qu'un gouvernement, quelle que soit sa tendance politique, a les moyens de lutter contre les effets des changements climatiques sur l'environnement et la santé des personnes", une proportion équivalente pense le contraire. Par ailleurs, plus de six personnes sur dix estiment que des évènements climatiques aussi exceptionnels que la canicule sont une fatalité, et que le gouvernement n'a pas vraiment les moyens d'agir contre ce type de catastrophes ; le tiers des interviewés préfère tout de même penser qu'il a les capacités d'en maîtriser les conséquences.
Comme la notion de fatalité l'emporte, les critiques de l'opposition sur l'action gouvernementales paraissent injustifiées à 60% de l'échantillon (42% chez sympathisants de gauche), contre 32% d'avis contraire. Deux Français sur trois estiment d'ailleurs avoir été "bien informés sur les mesures et précautions à prendre pour lutter contre la canicule" (contre un tiers de jugements opposés), soit un sentiment certes majoritaire, mais nettement en deçà du niveau d'information relatif aux incendies de forêts (87% s'estimant bien informés sur ce thème). Interrogés plus directement sur les raisons du nombre de décès de personnes âgées dus à la canicule, les Français citent le plus souvent "le manque d'effectifs liés aux 35 heures dans les services de soin" (41%), "l'isolement des personnes âgées" (38%), voire "le manque de solidarité entre les générations" (32%). Les reproches qui ont pu être émis quant à "une prise de décisions trop tardive du Ministère de la Santé" ne semblent partager que par un peu plus d'une personne sur cinq (22% de citations). Pourtant au final, près de 60% des Français jugent tout de même que "si le gouvernement avait réagi plus tôt, le nombre de morts dus à la canicule aurait été un peu (39%), voire beaucoup (19%) moins important", contre 40% qui pensent que "cela n'aurait pas changé grand-chose".