Les Français jugent sévèrement la politique économique et sociale du gouvernement
L’actualité politique française a été riche depuis le dernier baromètre de l’action politique Ipsos-Le Point : manifestations de lycéens, manifestation et grève du 10 mars, revendications sociales, ou encore « affaire Gaymard », qui s’est soldée par la démission du ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie, mis en cause pour son appartement de fonction. Elle a aussi été marquée par l’annonce d’un taux de chômage en hausse, à 10%. De fait, la politique économique et sociale du gouvernement se voit sanctionnée dans la vague de mars du baromètre : le Premier ministre n’est plus crédité que de 32% de bonnes opinions et les cotes de popularité des ministres testés baissent, à l’exclusion de celles de Jean-Louis Borloo et de Philippe Douste-Blazy.
La popularité de Jean-Pierre Raffarin est au plus bas depuis sa nomination à Matignon
Le mois écoulé a été marqué par le scandale provoqué par la révélation du prix de l'appartement de fonction occupé par Hervé Gaymard, mais également par les mouvements sociaux et lycéens. C'est l'ensemble du gouvernement, à l'exception des membres détenteurs de portefeuilles à caractère social, qui subit le contrecoup de cette grogne des Français, déjà perceptible dans le dernier baromètre. Le Premier ministre est crédité de 32% de bonnes opinions, contre 63% d'avis défavorables, soit un solde d'opinion de -31 points (contre 36% de bonnes opinions et un solde de -22 points en février). Il convient cependant de noter que le terrain d'enquête a été réalisé les 11 et 12 mars, soit au lendemain de la grève interprofessionnelle du 10 mars, et avant l'intervention du chef du gouvernement sur Radio J qui annonçait une prise en compte des revendications des grévistes. Néanmoins, la cote de Jean-Pierre Raffarin atteint son plus bas niveau depuis sa nomination à Matignon en mai 2002, et son solde d'opinion est négatif depuis juin 2003. La popularité du Premier ministre est plus particulièrement orientée à la baisse chez les plus faibles revenus (-10 points pour les personnes dont le foyer dispose d'un revenu net mensuel de moins de 1 000 euros). De plus, il n'est plus soutenu que par 61% des personnes proches de la Droite (-6 points), soit moins des deux tiers d'entre eux, loin de son record de novembre et décembre 2002 (92% de bonnes opinions).
Seuls Jean-Louis Borloo et Philippe Douste-Blazy progressent
Au sein de l'équipe gouvernementale, seuls les ministres en charge de portefeuilles sociaux sont épargnés par la critique de la politique économique et sociale : il s'agit d'une part du ministre de l'Emploi, du Travail et de la Cohésion sociale Jean-Louis Borloo (51% de bonnes opinions, +3 points). Cette cote n'avait jamais passé le cap des 50% d'opinions favorables depuis qu'elle est testée. D'autre part, la popularité de Philippe Douste-Blazy, ministre des Solidarités, de la Santé et de la Famille est également en légère progression (46% de bonnes opinions, +1 point).
Les cotes de popularité des autres membres du gouvernement connaissent toutes une baisse. Michèle Alliot-Marie perd un point d'opinions favorables (50%). Les plus fortes diminutions concernent Dominique de Villepin (48%, -5 points), mais aussi Michel Barnier (39% d'opinions favorables, -6 points), et Dominique Perben (31%, -6 points). Les avis défavorables à l'égard de Jean-François Copé, ministre délégué au Budget, progressent de 6 points (34%), dans le sillage de sa mise en cause par le Canard Enchaîné pour l'appartement de fonction qu'il occupe. Enfin, la popularité de François Fillon, le ministre de l'Education nationale, continue à s'éroder au fur et à mesure que les manifestations étudiantes se poursuivent (33% d'opinions favorables, -3 points par rapport à février, et une progression de 16 points des mauvaises opinions depuis le mois de janvier).
53% des Français ne sont pas en mesure d'évaluer l'action de Thierry Breton
Entré dans le classement pour la première fois, Thierry Breton est crédité de 29% d'opinions favorables, contre 18% de mauvaises opinions (soit un solde d'opinion de +11 points). Mais ce score est aussi à rapprocher des 53% de personnes déclarant ne pas se prononcer sur le nouveau titulaire de Bercy.
Le chef de l'Etat est épargné
De son côté, Jacques Chirac est épargné par cette vague de baisses (49% d'opinions favorables, stable), mais il est vrai que sa cote de popularité avait déjà baissé de 4 points au mois de février. Cette stabilité est sans doute aussi en partie liée à son soutien en faveur du choix de Paris pour l'accueil des Jeux Olympiques de 2012, lors de la venue de la Commission d'évaluation du Comité International Olympique dans la capitale, du 10 au 13 mars. Il avait en effet souligné " l'engagement total de la France et des Français " devant les représentants du CIO invités à l'Elysée. De la même manière, le soin apporté par le maire de Paris, Bertrand Delanoë, aux manifestations entourant la venue des membres du CIO, n'est sans doute pas étranger à la hausse de sa popularité : 62% d'opinions favorables, +5 points (une hausse de 8 points auprès des sympathisants de droite, et de 4 points auprès des sympathisants de Gauche). En ce qui concerne les autres personnalités de gauche, le débat autour du référendum sur la Constitution européenne affecte peu les cotes de popularité des tenants du oui et du non.
Nicolas Sarkozy progresse chez les sympathisants de droite mais perd du terrain chez les sympathisants de gauche
Enfin, la cote de popularité de Nicolas Sarkozy enregistre une baisse de 2 points, à 56% d'avis favorables. Cette baisse est due à une perte de 9 points auprès des personnes se déclarant proches de la Gauche, qui ne sont plus à présent que 31% à avoir une bonne opinion de son action. A l'inverse d'entre eux, 66% la jugent défavorablement. Il s'agit là d'une lente érosion, puisqu'ils n'étaient que 53% en octobre 2004, juste avant son élection à la présidence de l'UMP. A l'inverse, Nicolas Sarkozy progresse de 4 points chez les sympathisants de Droite, auprès desquels il reste très populaire (87% d'opinions favorables).
Fiche technique :
Popularité de l'exécutif
Palmarès des leaders politiques
Palmarès des partis politiques