Les Français ne veulent pas participer à une intervention militaire en Irak
Une majorité de Français, mais aussi d’Italiens ou d’Allemands sont hostiles à une frappe de l’Irak. Seuls les Britanniques l’approuveraient.
Alors que les perspectives d’un règlement pacifique de la crise irakienne se dessinent, tous les sondages montrent que les Français sont très largement hostiles à une intervention américaine militaire en Irak. L’enquête BVA-France 2-Le Figaro (1) montre que si 60% (contre 32%) des personnes interrogées considèrent que " l’Irak constitue une menace importante pour le monde ", le désir majoritaire est de voir la France rester à l’écart d’un éventuel conflit. " Si les négociations échouent et que les Etats-Unis interviennent militairement " (seule hypothèse envisagée par cette enquête), seulement 10% pensent que la France " doive participer aux opérations militaires contres l’Irak ". Pour 27%, il serait alors préférable de " soutenir politiquement les Etats-Unis ". Mais la majorité (55%) estime qu’il conviendrait de " rester totalement neutre ". Cette option est préférée quelque soit la sympathie partisane des sondés.
Une autre enquête, publiée par le Journal du Dimanche et réalisée par l’IFOP (2), indique que 60% des Français désapprouveraient une intervention américaine. A l’inverse, 32% l’approuveraient et 8% se disent sans opinion. Il est à noter que c’est à gauche que l’hostilité envers une éventuelle frappe de l’Irak est la plus répandue : 70% de désapprobation contre 59% parmi les sympathisants de droite. Seuls les proches du Front national se disent, dans cette enquête, majoritairement (56% contre 41%) favorables à une intervention américaine. Dans l’hypothèse où la guerre éclaterait, 45% des personnes interrogées souhaitent que la France n’y participe pas, 35% prônent un " support sans engagement militaire ", 9% une participation des forces navales et aériennes françaises et seulement 7% un engagement de l’ensemble des forces militaires françaises.
Le premier sondage réalisé sur ce sujet avait révélé les mêmes réticences de l’opinion hexagonale à suivre les menaces américaines. Selon l’enquête CSA-Le Parisien-Aujourd’hui (3), 57% des personnes interrogées s’y déclaraient " opposées ", seulement 23% " favorables " tandis que 20% ne se prononçaient pas. Une majorité encore plus nette (65% contre 18% et 17% de sans opinion) refusait une participation de l’armée française à une éventuelle opération militaire contre l’Irak. Les fortes réserves manifestées par la diplomatie française à l’égard de la politique américaine dans le Golfe persique sont pleinement partagées par l’opinion.
Celle-ci est nettement plus opposée aux solutions militaires que ce n’était le cas au moment de la guerre du Golfe de 1991. Dix jours avant son déclenchement, l’institut CSA avait révélé une opinions très partagée : 45% des personnes interrogées se disaient opposées à une intervention américaine contre 43% de favorables. A l’époque, une majorité (53% contre 40%) se prononçait contre une participation française à l’opération " Tempête du désert ". Ce n’est qu’après le déclenchement du conflit que l’opinion française appuya majoritairement l’action militaires des " alliés " contre l’Irak.
L’opinion d’autres pays est également plus que réservée à l’égard d’une hypothétique frappe militaire. En Russie, 57% des personnes désapprouveraient l’usage de la force contre Bagdad, selon un sondage réalisé à Moscou. En Allemagne, seulement une personne interrogée sur trois serait favorable à l’intervention militaire. Le camp des " bellicistes " serait également minoritaire aux Pays-Bas. Les Italiens se montrent très partagés : selon un sondage publié par l’hebdomadaire Espresso, 41% des personnes interrogées estimeraient justifié le recours à la force contre 43% d’opinions inverses.
Finalement, ce n’est qu’en Grande-Bretagne que la menace militaire agitée par les Etats-Unis est nettement soutenue par l’opinion. Selon une enquête Gallup (4), 62% des britanniques approuveraient l’engagement de leurs forces armées dans un éventuel conflit avec l’Irak contre 32% de désapprobation.
- 967 personnes interrogées du 20 au 21 février.
- 941 personnes interrogées les 19 et 20 février.
- 1001 personnes interrogées les 13 et 14 février.
- 1005 personnes interrogées du 11 au 16 février.