Les Français se prononcent pour le droit des couples homosexuels de se marier civilement
L'enquête Ipsos/TETU confirme que la majorité des Français est favorable au droit des homosexuels de se marier ; ils sont en revanche plus réticents sur la question de l'adoption. Par ailleurs, ils ont encore une image assez floue des positions de la plupart des personnalités politiques et attribuent globalement aux leaders de gauche un discours favorable, aux responsables de droite un discours hostile.
Le mariage homosexuel est majoritairement approuvé…
Les dernières enquêtes menées pour Ipsos en 2004 montraient déjà une évolution des Français dans leur approbation du mariage homosexuel. Cette évolution est confirmée par cette enquête : six Français sur dix (61%) sont favorables au mariage homosexuel, soit 4 points de plus qu'en mai 2004 et 13 points par rapport à septembre 2000. Un quart d'entre eux se dit même " très favorable " à cette légalisation (24% ; +2 points). Seul un Français sur trois (37% ; -1 point) y est toujours hostile, dont 19% (-2 points) qui le sont de manière définitive.
Dans le détail, les jeunes de moins de 35 ans (79%), les femmes (65%) y sont encore plus favorables. Politiquement, le soutien des sympathisants de gauche est toujours plus fort qu'à droite, même si on enregistre une nette progression des avis favorables chez les sympathisants de droite. Alors qu'ils étaient très majoritairement hostiles à cette idée en 2004 (58%), ils y sont désormais majoritairement favorables (50% ; +11 points).
… mais la possibilité d'adopter des enfants suscite encore une résistance majoritaire
Concernant la possibilité d'adopter, on observe une évolution similaire vers une plus grande acceptation de cette mesure (44% y sont favorables ; +4 points). Toutefois, l'hostilité est encore majoritaire sur ce sujet (55% ; -1 point). On retrouve les mêmes clivages, les jeunes étant majoritairement pour (61% ; +5 points y sont favorables), tout comme les sympathisants de gauche (58% ; +8 points), tandis qu'à l'inverse les plus de 35 ans (63% ; +1 point) et les sympathisants de droite (69% ; stable) y sont majoritairement hostiles. Contrairement au mariage homosexuel, l'approbation progresse surtout au sein des catégories d'ores et déjà plus " gay friendly ", et évolue moins chez les catégories plus réfractaires. Il existe encore au sein de la population une réelle réticence sur ce sujet. Ainsi, 33% des personnes qui sont favorables au mariage homosexuel sont hostiles à l'adoption.
En définitive, 40% des Français sont favorables et au mariage et à l'adoption, parmi lesquelles les femmes et les jeunes de moins de 35 ans sont surreprésentés. A l'opposé, un tiers des Français sont hostiles et au mariage et à l'adoption, parmi lesquelles on trouve plus d'hommes et de personnes âgées. Le clivage politique est également réel sur ce sujet. Par conséquent, la société française parait encore divisée sur les droits à accorder aux homosexuels. Le combat pour " l'indifférence " n'est donc pas encore gagné au sein de l'opinion.
La gauche, perçue comme plus favorable aux droits des homosexuels
Globalement la gauche est perçue comme plus favorable que la droite à la promotion des droits des homosexuels (51% contre 2% à la droite, 41% estimant qu'il n'y a pas de différence).
Cette impression d'ensemble est confirmée par la perception détaillée du positionnement de plusieurs personnalités politiques sur ces questions. Toutes les personnalités de gauche sont jugées majoritairement favorables à une plus grande égalité entre homosexuels et hétérosexuels, tandis que toutes les personnalités de droite sont jugées plutôt hostiles. Au sein des personnalités de gauche, si toutes sont jugées majoritairement favorables, une seule se dégage véritablement comme étant véritablement "gay friendly" : Jack Lang, crédité d'un positionnement plutôt favorable aux droits des homosexuels par 78% des personnes interrogées, contre 10% qui pensent qu'il y est plutôt hostile. En revanche, les personnalités de droite sont jugées majoritairement hostiles à une plus grande égalité entre homosexuels et hétérosexuels. Ainsi, les convictions de Nicolas Sarkozy sont perçues comme plutôt hostiles sur ces questions (56% des Français le pensent), contre 30% qui lui attribuent des opinions plutôt favorables, 14% ne se prononçant pas.
Un jugement plus mitigé des personnes ayant répondu à la consultation sur Internet
En parallèle au sondage, une consultation a été mise en ligne sur le site de TETU. Les répondants, dont 97% se déclarent homosexuels, émettent un avis sensiblement différent, particulièrement sur Ségolène Royal.
Si comme pour l'échantillon représentatif des Français, Jack Lang est la personnalité jugée la plus favorable à la promotion de l'égalité entre homosexuels et hétérosexuels , Ségolène Royal est en revanche la personnalité de gauche testée jugée la moins favorable à ces questions, alors qu'elle arrivait juste derrière Jack Lang parmi les Français. Ces derniers ont sans doute l'image d'une femme de gauche moderne, donc a priori plus ouverte sur ces questions, tandis que les répondants gardent peut-être davantage à l'esprit ses propos sur la famille traditionnelle.
Ségolène Royal, une présidente qui légaliserait le mariage et l'adoption pour les couples homosexuels ?
Pour deux Français sur trois, il ne fait aucun doute qu'entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, c'est Ségolène Royal qui serait la plus à même d'instaurer concrètement des mesures en faveur des couples homosexuels si elle était élue à la présidence de la république, qu'il s'agisse de légaliser le mariage homosexuel (65% des Français estiment qu'elle en serait le plus capable contre 10% qui citent Nicolas Sarkozy) ou le droit d'adopter des enfants (63% citent la présidente de la région Poitou-Charentes contre 10% qui citent le président de l'UMP).
Un constat sur lequel s'accordent la plupart des personnes interrogées, quelles que soient leurs sympathies partisanes… mais que ne partagent nullement les personnes qui ont répondu à la consultation via Internet. Une majorité de ces dernières (48%) estiment que Ségolène Royal n'est pas plus capable que Nicolas Sarkozy d'instaurer de telles mesures et qu'en définitive, aucun des deux n'est susceptible de le faire.
Quoi qu'il en soit, en 2007 ces sujets potentiels de campagne n'auraient apparemment qu'un faible impact sur le vote des Français. Ainsi, dans l'hypothèse où l'un des deux candidats au deuxième tour se prononcerait clairement pour le mariage homosexuel, les Français seraient dans l'ensemble (48%) assez indifférents à cette prise de position, du moins cela ne les pousserait pas particulièrement à voter pour ce candidat. Si un quart d'entre eux (28%) indiquent que cela leur donnerait plus envie de voter pour cette personnalité, un autre quart (22%) serait à l'inverse moins enclin à lui donner sa voix.
Fiche technique :
Suite de l'enquête