Les Français s'inquiètent pour leur retraite
Pour une majorité, le financement des retraites est un problème grave
Rares sont les personnes à considérer aujourd'hui que le financement des retraites dans les décennies à venir n'est pas un problème préoccupant (2% des actifs et 5% des retraités). Pour la majorité des interviewés au contraire, la question de ce financement est perçue comme "un problème grave qu'il faut régler d'urgence" (74% des actifs et 68% des retraités) ; ils sont encore une proportion non négligeable, un quart environ dans les deux catégories de population, à penser que "c'est un thème important, même si on a parfois tendance à l'exagérer".
Les solutions au problème de financement des retraites
Dans le cadre d'un scénario vraisemblable où l'augmentation de la proportion des retraités dans la société rendra de plus en plus difficile le financement des retraites, la solution consistant à "payer davantage au cours de la vie active de sorte à pouvoir maintenir l'âge légal de la retraite" est majoritairement préconisée, par les actifs (53%) comme par les retraités (45%). Des différences assez sensibles apparaissent entre retraités et actifs, les retraités étant plus favorables à une solution consistant à "travailler plus longtemps en reculant l'âge de la retraite" (35% contre 19% des actifs), les actifs préférant plus souvent "toucher une retraite plus faible et maintenir l'âge légal de la retraite" (17% contre 5% des retraités).
L'hypothèse d'une "participation des retraités à l'effort national de financement des retraites" est perçue défavorablement par une majorité d'environ deux tiers des interviewés, tandis qu'un tiers environ y est favorable. Notablement, on trouve à peu de choses près autant de personnes favorable à une telle participation chez les retraités que chez les actifs.
Sur la base d'une hypothèse de participation des retraités au financement des futures retraites, 60% des retraités se prononcent en faveur d'un "prélèvement d'une cotisation supplémentaire uniquement sur les pensions supérieures à 1500 euros", rejetant ainsi à une très forte majorité l'idée d'un "impôt de solidarité" payable par tous les retraités.
De leur côté, dans le cadre d'une augmentation des cotisations, les actifs disent préférer à 69% se constituer "une épargne retraite individuelle et facultative durant la vie active" plutôt que de voir "augmenter les cotisations sur leur salaire" (16%), ou d'accepter "l'instauration d'un impôt de solidarité" (9% seulement à en retenir l'idée).
Les modalités d'une éventuelle prolongation du temps de travail
Dans l'hypothèse où le financement de la retraite rendrait nécessaire une augmentation de la durée de travail au cours de la vie, la population opterait très majoritairement aujourd'hui pour une solution consistant à "renoncer aux 35 heures" : cette solution serait alors choisie par 67% des interviewés, largement devant "le recul de l'âge de la retraite" (17%) ou le fait de "renoncer à une partie de leurs congés" (7%). C'est le sacrifice du dernier avantage social obtenu, et donc sans doute le moins ancré dans les esprits qui apparaît assez comme le plus "acceptable".
La lecture des données recueillies met toutefois en évidence des lignes de clivage socio-professionnel assez nettes. Les hommes sont plus nombreux que les femmes à opter dans cette hypothèse pour un recul de l'âge de la retraite (21% contre 11%). On constate encore que plus le niveau d'étude est élevé, plus on préférerait reculer l'âge de la retraite plutôt que renoncer aux 35 heures ; à l'inverse on est moins attaché aux 35 heures parmi les niveaux d'étude moins élevés et les revenus les plus bas.
On relève enfin que 7 actifs sur 10 se déclarent prêts à renoncer à certains avantages liés aux 35 heures pour assurer un meilleur financement de leur retraite.
La retraite au cœur des préoccupations
On relève en premier lieu que toutes les affirmations concernant les retraites citées par Ipsos font l'objet de préoccupations essentielles ou importantes de la part d'une large majorité des actifs comme des retraités interrogés.
En ce qui concerne les actifs, deux préoccupations se dégagent quelque peu dans la hiérarchie observée : le souhait de "toucher une retraite équivalente à au moins deux tiers du dernier salaire" (perçu comme "essentiel" par 66%) , et celui de voir "le conjoint conserver les droits sur la retraite si l'on venait à décéder" (essentiel pour 64%). Mais les autres préoccupations citées ne sont pas loin, et "la volonté de transmettre son patrimoine à ses descendants dans de bonnes conditions", "le fait de tenir compte de la situation familiale dans le calcul de la retraite", comme "la possibilité de prendre sa retraite à 60 ans", sont également perçus comme essentiels par la moitié au moins des personnes interrogées.
Les retraités rejoignent les actifs sur toutes ces questions. Simplement la hiérarchie de ces préoccupations se trouve légèrement modifiée : la première des exigences est de conserver au dernier conjoint survivant des droits sur la retraite de son conjoint (91%), avant même d'être garanti d'une retraite équivalente à au moins deux tiers du dernier salaire (89%), ou de pouvoir transmettre un patrimoine dans des conditions financières acceptables (78%).