Les Français tiennent à la Vème République

Une enquête France Soir-Ipsos met en lumière l'attachement des Français au système constitutionnel actuel. Les Français seraient certes favorables à des réformes leur permettant une plus grande prise sur les décisions, mais ils n'en demeurent pas moins partisans d'un équilibre des pouvoirs.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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Bon an, mal an, les Français sont globalement satisfaits du fonctionnement de leurs institutions héritées du général de Gaulle puis adoptées - et adaptées - par François Mitterrand. L'enquête Ipsos-France Soir montre qu'une majorité absolue de personnes interrogées estiment que " la Vème République permet aujourd'hui un bon fonctionnement de la vie politique française ". Révélatrice d'un consensus national, cette opinion est pratiquement également partagée à gauche et à droite de l'électorat. En cohérence avec ce jugement global, seulement un quart des personnes interrogées souhaitent que la loi fondamentale soit "modifiée en profondeur" pour laisser la place à une hypothétique "VIème République".

Au chapitre des réformes souhaitées, le quinquennat - vieux serpent de mer de la chronique constitutionnelle - décroche le pompon. Plus des trois-quarts des sondés s'y déclarent favorables. Poussés à se prononcer sur certaines modifications allant dans le sens d'une plus grande proximité du pouvoir (renforcement de la compétence des régions, élections des sénateurs au suffrage universel, scrutin proportionnel pour les élections législatives, limite de 70 ans pour se présenter aux élections, interdiction du tout cumul des mandats), la majorité des personnes interrogées répondent par l'affirmative.

Mais cela ne signifie nullement que les Français ne restent pas attachés à la notion traditionnelle - héritée de la pensée de Montesquieu - de séparation, ou d'équilibre, des pouvoirs. De manière significative, une très courte majorité approuve l'idée, apparemment de bon sens, de regrouper en un même jour "toutes les élections locales". Seule une minorité, même substantielle, se déclare favorable à "l'instauration d'un système qui permettrait d'éviter la cohabitation". Dans le même esprit, une large majorité de sondés ne pense pas que la France souffre d'un "échelon administratif de trop" - contrairement à une pensée technocratique assez largement partagée. 

Un identique souci de contrôle mutuel des divers pouvoirs à l'oeuvre rend compte de l'approbation d'un renforcement des "pouvoirs des parlementaires" afin qu'ils "contrôlent davantage les actes de l'exécutif". De la même veine ressort le refus d'une suppression du Sénat, en dépit de son mode d'élection éminemment inégalitaire.

Le caractère hybride d'une Vème République radicalement amendée par la réforme constitutionnelle de 1962 peut heurter l'esprit logique des constitutionnalistes et, ce qui est plus ennuyeux, exposer le pays à de réels effets pervers. Il n'empêche qu'il convient à des Français pragmatiquement désireux de ne pas mettre tous leurs oeufs dans le même panier. Une très large majorité de sondés désire conserver la dualité actuelle de l'exécutif. A droite comme à gauche. Un régime présidentiel à l'américaine ne séduit qu'une minorité de Français. Ceux-ci ne manquent assurément pas de préoccupations. Et la règle constitutionnelle est sans doute le cadet de leurs soucis.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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