Les Français tournent la page DSK
Si Dominique Strauss-Kahn enregistre comme on pouvait s'y attendre une forte baisse de popularité, son affaire ne discrédite pas la classe politique dans son ensemble. Clairement orienté à la baisse le mois dernier, le baromètre de l'action politique Ipsos-Le Point est même marqué pour cette nouvelle vague par un rebond quasi généralisé des cotes de popularité.
Voir l'analyse vidéo de Jean-François Doridot
A l'instar de ce que nous mesurions sur le rapport de force électoral, l’affaire DSK ne semble donc pas avoir éclaboussé la classe politique en général. Après la tendance baissière observée le mois dernier, le baromètre Ipsos Le Point est marqué par une rebond généralisé des cotes de popularité : on y mesure 29 hausses contre seulement 3 baisses (et 4 personnalités stables). La plus forte baisse concerne sans surprise Dominique Strauss Kahn qui perd 12 points de jugements favorables (23 points sur deux mois). A noter que les avis se dégradent de manière relativement homogène sur l'ensemble de la population. La baisse des bonnes opinions n'est notamment pas plus forte chez les femmes que chez les hommes. Il perd presque autant de soutien à gauche (-15 points chez les sympathisants socialistes, 54%) qu’à droite (-17 points, 36%), et recule dans toutes les catégories de population, avec une perte maximale de 20 points chez les plus de soixante ans.
L’ancien directeur du FMI reste malgré tout 11ème du classement général avec 40% de jugements favorables contre 49% d’avis critiques, mais les Français semblent tourner la page. En hausse de 2 points, ce n'est pas Marine Le Pen qui "profite" le plus politiquement parlant de l’affaire DSK, même si elle parvient néanmoins à consolider un niveau de popularité assez élevé, 30% d'avis favorables, notamment chez les ouvriers, 44%. Les deux principaux "bénéficiaires" sont incontestablement François Hollande et Martine Aubry, qui se hissent en effet respectivement à la deuxième et à la troisième place du palmarès des personnalités politiques préférées des Français, juste derrière un autre socialiste, Bertrand Delanoë (1er du classement avec 54% de jugements positifs, +4 points). En progression de 4 points par rapport à avril (53% d’avis favorables contre 36% d’opinions négatives), François Hollande cumule une hausse de 18 points depuis l’été dernier et obtient son meilleur score depuis son entrée dans ce baromètre en janvier 1998. Même dynamique positive pour Martine Aubry qui gagne 6 points en un mois et enregistre 53% d’avis favorables (contre 40% d’opinions négatives), son meilleur résultat en dix ans. La Maire de Lille domine aujourd'hui le palmarès des personnalités préférées des sympathisants socialistes (81%, +4 points), suivie de près par son prédécesseur au poste de Premier secrétaire (78%, +6 points) mais très loin devant ses autres adversaires potentiels pour la primaire socialiste. Ségolène Royal peine en effet toujours à convaincre (seulement 31% d’avis favorables chez l’ensemble des Français malgré une hausse de 3 points), y compris dans son propre camp (48% de jugements positifs contre 47% d’opinions négatives chez les proches du PS, stable). De même, Laurent Fabius n’apparaît pas en mesure de rassembler en 2012 : à peine un Français sur trois porte un jugement favorable sur son action, contre 48% d’avis contraire.
A droite, la progression des bonnes opinions à l'égard de Christine Lagarde (51% d'avis favorables, +9 points) peut s'analyser comme un soutien de l'opinion à sa candidature à la direction du FMI, en remplacement de DSK, comme si les Français voulaient là encore passer à autre chose. La ministre de l’Economie gagne 3 points chez les proches de l'UMP (75% de bonne image, juste derrière Alain Juppé, le leader du classement à 79%) mais progresse surtout chez les sympathisants socialistes (48%, +19 points en un mois). A noter aussi à droite le départ réussi de l’UMP pour Jean-Louis Borloo : avec 52% d’opinions positives, le président du Parti radical progresse de 4 points par rapport au mois dernier. C'est presque un coup double puisque ce changement de parti lui vaut d'intégrer à la fois le TOP 5 des personnalités préférées des proches de l'UMP (63% d'avis favorables, en 4ème position) et le TOP 5 établi par les proches du PS (54%, 5ème place). Un consensus que pourrait lui envier Nicolas Sarkozy, toujours largement impopulaire, malgré un rebond auprès de ses soutiens traditionnels (43% d'avis favorables chez les retraités, +7 points et 71% auprès des sympathisants UMP, +4). Mais au final les deux tiers des Français (66%, -2 points) portent toujours un jugement défavorable sur l'action du Président de la République, contre seulement 31% de bonnes opinions (+2 points).
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Fiche technique :
Sondage effectué pour : Le Point
Dates du terrain : Les 20 et 21 mai 2011
Echantillon : 964 personnes constituant un échantillon national représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
Méthode : Etude réalisée par téléphone.
Quotas : sexe, âge, profession du chef de famille, catégorie d'agglomération, région.
Comme pour toute enquête quantitative, cette étude présente des résultats soumisaux marges d'erreur inhérentes aux lois statistiques.