Les Français veulent aider les réfugiés
L'enquête Ipsos/Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) montre que le récent conflit au Kosovo et la forte médiatisation du drame des personnes déplacées semblent avoir eu un impact sur l'opinion publique française. Les trois quarts des personnes interrogées sont aujourd'hui favorables à l'accueil des réfugiés en France, même s'ils estiment que l'action prioritaire pour leur venir en aide est de favoriser le retour dans leur pays d'origine.
La très médiatisée guerre des Balkans et les nombreuses images de colonnes de réfugiés marchant vers les camps ont laissé des traces dans l'esprit des Français. Les trois quarts des personnes interrogées estiment que "la France doit accueillir les réfugiés qui lui demandent asile parce qu'ils sont persécutés dans leur pays". Peu après le début de l'intervention militaire des forces de l'Otan, début avril, les Français n'étaient que 58% à être favorables "à ce que la France accueille sur son sol des réfugiés albanais du Kosovo", alors que 36% y étaient opposés (1). Aujourd'hui, 74% des Français sont favorables au droit d'asile. Dans le même temps, 70% pensent que les réfugiés sont en général plutôt bien accueillis en France.
La compassion à l'égard des réfugiés est telle que 59% des personnes interrogées se déclarent prêtes à "donner du temps pour participer à des actions d'aide". Plus de la moitié des Français sont prêts à faire des dons au HCR, et un tiers se dit même prêt à "accueillir chez lui pour une période donnée un ou des réfugiés". Cela étant, il apparaît quand même prioritaire pour 47% des interviewés de "favoriser, quand cela est possible, le retour des réfugiés dans leur pays d'origine".
La situation des Albanais du Kosovo a fait prendre conscience aux Français du drame des réfugiés à travers le monde. Quatre personnes sur dix reconnaissent l'influence qu'a exercée la guerre sur leur perception de cette tragédie, estimant aujourd'hui être "plus sensibilisées qu'avant". Les personnes sondées déclarent très majoritairement éprouver de la sympathie pour les réfugiés originaires du Kosovo (79%), mais également pour les réfugiés originaires d'Amérique Centrale ou d'Amérique du Sud (75%), d'Asie (74%), d'Afrique (72%) ou d'Europe de l'Est (71%). De plus, l’idée de "guerre humanitaire" a semble-t-il marqué des points, puisque plus de huit personnes sur dix se déclarent aujourd'hui favorables au droit d'ingérence.
En revanche, l'enquête révèle dans le même temps un manque d'informations précises sur le statut de réfugié. Interrogés sur sa définition, les réponses spontanées mettent d'abord en avant la situation (58%) ou les conditions de vie (39%), et moins les persécutions, qui font pourtant la spécificité de ce statut. Le réfugié est ainsi souvent vu comme une personne touchée par la misère ou la pauvreté. Cette confusion est notamment perceptible lorsque l'on demande qui sont les réfugiés qui demandent asile en France : 52% répondent qu'il s'agit "de personnes persécutées dans leur pays", mais 41% pensent plutôt que ce sont "des personnes qui connaissent des difficultés économiques". Gageons que le HCR, au rôle plutôt controversé pendant le conflit, pourrait à présent mettre à profit l’évolution de l'opinion publique pour mieux faire connaître le sort des personnes déplacées.
(1) Sondage CSA : Le Parisien. 1003 personnes interrogées les 6 et 7 avril 1999 selon la méthode des quotas.